La crise, qui secoue la LADDH depuis la publication le 5 août 2013 d'une déclaration d'opposants au président Noureddine Benissad, ne s'estompe pas. Les contestataires à l'actuelle direction se sont réunis le 16 août. La crise qui secoue la LADDH depuis la publication d'une déclaration d'opposants au président Noureddine Benissad, publiée le 5 août dernier, ne s'estompe pas. Les contestataires à l'actuelle direction se sont réunis vendredi 16 août. Ils ont fixé comme «premier objectif l'organisation d'un congrès de conformité». Ils sont membres du comité directeur, du conseil national, présidents section ou des militants de base de différentes wilayas (Alger, Médéa, Tipasa, Oran, Tizi Ouzou, Skikda, Tlemcen et Ghardaïa), selon un communiqué rendu public. Kaddour Chouiha, membre du comité directeur, a été désigné comme coordinateur entre les sections. Le communiqué indique plus loin : «Considérant le silence de l'actuel président, M. Benissad, face à la lettre ouverte écrite par le président d'honneur de la LADDH, M. Ali Yahia ; considérant son mutisme complet face aux multiples atteintes aux droits de l'homme qui se déroulent dans notre pays ; considérant sa fuite en avant avec la participation de ceux qui veulent faire de la LADDH leur bien, les militants présents ont décidé de maintenir la nécessité d'une passation de consignes claire entre l'ancienne et la nouvelle direction.» Sur ce point, il est à rappeler que Mostefa Bouchachi, ancien président de la LADDH, avait affirmé dans un entretien accordé à El Watan, qu'il est prêt à présenter le bilan moral et financier. Le groupe de contestataires compte par ailleurs contacter tous les donateurs et les bailleurs de fonds, à l'échelle nationale et internationale, pour demander le bilan, s'il existe. Ils disent dans le même sillage «refuser d'être complices d'une gestion financière qui reste jusqu'à présent secrète». Pour justifier leur démarche, ils expliquent dans le communiqué que «tout militant a le droit de demander des comptes dans le cadre du respect des statuts et du règlement intérieur. Les militants de la LADDH ou d'une autre organisation des droits de l'homme ne peuvent prendre position dans la lutte contre la corruption et autres détournements s'ils n'acceptent pas d'appliquer à eux-mêmes le minimum de transparence que l'on est en droit d'exiger et d'attendre». Quant à la question de savoir pour quelle raison demander la passation de consignes et la présentation d'un bilan moral et financier à la veille du congrès de conformité, Kaddour Chouiha explique à El Watan : «Nous avons tenté à plusieurs reprises de régler cette question au sein de la Ligue (les PV de réunion des cinq rencontres du comité directeur en font foi)». En outre, il rappelle que «le congrès de 2007 s'est déroulé dans l'urgence, car Noureddine Zehouane demandait publiquement au ministre de l'Intérieur de l'époque d'interdire sa tenue». Il ajoute que «ces contraintes ont pesé de tout leur poids, car il n'y a pas eu un débat sur les statuts qui ont donné de très larges prérogatives au président de la LADDH. Je suis intervenu lors du congrès pour dire que nous devons refuser cela». Mais la manière optée par les dissidents ne plaît pas à l'ensemble des militants de la LADDH, du moins l'autre camp. Selon Adel Boucherguine, membre de la LADDH de la section Béjaïa et pro-Benissad, il faut donner une autre lecture au mouvement de contestation qui perdure depuis quelques mois au sein de la LADDH. Il observe que «pendant que les citoyens sont confrontés à un pouvoir politique qui empêche l'émergence de la société civile, qui depuis toujours a été un contre-pouvoir, une organisation connue (il ne cite pas laquelle, ndlr) utilise le nom du militant incontestable et doyen de toutes les causes justes et des droits de l'homme, maître Ali Yahia Abdennour, pour diviser une ONG qui a toujours joué un rôle incontournable dans le défense des opprimés et la promotion des droits de l'homme». Dans la foulée, M. Boucherguine affirme que «les pratiques de clonage ont de tout temps été utilisées par le pouvoir politique algérien, accusé historiquement de corrompu et de destructeur de toutes les forces agissantes dans la société. Malheureusement, il y a ceux qui s'inscrivent aujourd'hui dans cette logique de clonage et de division pour empêcher l'émergence d'une société civile combative. Le comble, c'est que cette organisation qui prétend défendre les causes nobles, sans complexe, a mobilisé ses agitateurs sur le Net pour parler de la transparence financière avant de la demander à qui de droit». Sous le couvert de l'anonymat, d'autres militants de la LADDH pointent du doigt le président du Snapap, Rachid Malaoui. Ils l'accusent de vouloir récupérer les structures de la LADDH à son profit. Le prochain congrès pour régler tout désaccord Rachid Malaoui a réfuté les accusations. «Premièrement, les problèmes de la LADDH sont internes. Je ne peux interférer», nous a-t-il affirmé. Il explique que «le Snapap a toujours aidé la LADDH». Et de poursuivre : «Lorsque en 2007, la loi exigeait des associations d'être présentes dans au moins 25 wilayas, nous avons demandé à nos militants du Snapap d'adhérer à la LADDH pour lui assurer une présence sur une bonne partie du territoire national. Cette entente a eu lieu avec le président de l'époque, Ali Yahia Abdennour. La LADDH n'a trouvé que les militants du Snapap, habitués aux luttes sur le terrain et qui maintiennent une contestation continue pour pouvoir tenir le congrès. De plus, pour prouver que le Snapap et moi-même ne voulons que le bien de la LADDH, nous avons ouvert toutes les portes de la Maison des syndicats pour que le congrès puisse avoir lieu. D'ailleurs, tous nos locaux dans les wilayas accueillent les sections de la LADDH. Nous voulons son renforcement, pas sa destruction.» L'ex-secrétaire de la LADDH, Moumen Khelil, explique pour sa part que «sa rémunération au sein de l'organisation répondait à son statut de directeur de projets, et ce, sous les présidences de Ali Yahia Abdennour, Noureddine Zehouane, Mostefa Bouchachi et aujourd'hui Noureddine Benissad». «Depuis 2000, la LADDH a opté pour la professionnalisation, c'est-à-dire avoir des permanents en appui au travail de bénévolat. La société civile moderne ne fonctionne plus uniquement sur le bénévolat», argumente-t-il. Moumen Khelil explique que «son rôle était de fournir les moyens d'organisation pour que la LADDH puisse développer ses actions de terrain et donner un prolongement institutionnel aux militants de la LADDH par la formation et l'élaboration d'études et de rapports. Notre objectif est d'associer l'action à la réflexion. Durant une décennie, nous avons réussi à construire une organisation qui n'appartiendrait pas au chef, mais à ses membres et aux instances». Pour lui, «les mésententes au sein de la LADDH seront réglées lors du prochain congrès». «Ce sera l'occasion pour discuter sereinement entre militants pour poursuivre la construction de l'organisation. Les solutions ne seront trouvées qu'au sein des instances de la LADDH», espère-t-il. Enfin, le président de la LADDH, Noureddine Benissad, nous a affirmé qu'il ne voudrait pas polémiquer. «Tout sera débattu lors du prochain congrès», souligne-t-il. Au-delà de la crise, il est utile de souligner que les militants de la LADDH ne sont pas satisfaits de la situation actuelle que traverse l'ONG. Ils espèrent l'extinction de tout conflit. La LADDH reste en effet le principal foyer de défense des droits humains en Algérie.