La crise qui secoue la maison FLN est doublement ressentie à Souk Ahras, où les tiraillements et joutes oratoires entre chapelles claniques remontent à l'année 2006. Au lieu d'un mouvement de redressement, la wilaya en a connu plusieurs : les kasmas des 26 communes en sont à trois pôles et la mouhafadha est fermée à double tour pour éviter les affrontements entre groupes antagonistes. Dans un communiqué rendu public hier, les redresseurs, aile Abdelkrim Abada, réitèrent leur soutien aux membres du comité central du FLN qui s'inscrivent dans la ligne du renouveau et de la rupture avec les pratiques du passé. «Nous restons fidèles à la ligne du parti tout en militant pour instaurer des structures fiables qui rendraient caduque toute tentative d'instrumentalisation de notre formation et son utilisation à des fins strictement personnelles», est-il écrit dans ledit communiqué, où l'on fustige les opportunistes, les arrivistes et l'ensemble des milieux qui ont dévoyé le parti de ses principes fondamentaux. L'avenir du FLN, estime la coordination locale du mouvement du redressement, est tributaire du plébiscite de cadres militants qui ont fait preuve de probité, de fidélité à la ligne du parti et d'un engagement qui viendrait le sortir de sa torpeur qui n'a que trop duré. Le communiqué, signé par Mohamed Hafsi, n'a pas ménagé Belkhadem et ses partisans pour le tort causé au FLN qui vit actuellement une brisure qui aura de graves répercussions sur la stabilité politique du pays. L'échec cuisant subi par le FLN, au lendemain de l'annonce des résultats des élections locales, conforte la thèse d'un parti boudé par la population qui a placé un parti méconnu, en l'occurrence le Front national des libertés (FNL) à la tête de l'APW après des décennies de monopole de cette instance élue par le vieux parti. Parti en phase de sénilité, vote sanction ou encore population qui se rebiffe contre les symboles du monolithisme, du népotisme, de l'affairisme et de la hogra… toutes les approches ont été évoquées au sujet d'une formation en mal de consensus au sein même de ses propres structures. «Toutes les kasmas ont au moins une structure parallèle et la mouhafadha est au cœur d'un brasier qui donnera ses flammes dans les prochains mois», estime un militant de la base et opposant de longue date. Ali Boulaâres, un autre militant, s'insurge contre cette situation dans laquelle patauge le FLN : «Ces dernières années ont été celles du clientélisme partisan et de l'incohérence avec les idéaux de notre parti (…). Nous tenons pour responsables de cette situation chaotique tous ceux qui en ont fait une propriété privée tant à l'échelle locale que nationale.» C'est un FLN en factions rivales – du moins à Souk Ahras – que recevra le successeur de Belkhadem.