L'élection de Amar Saadani au poste de secrétaire général du FLN, jeudi dernier, n'est pas synonyme d'accalmie dans la maison de l'ex-parti unique. Bien au contraire, le pourrissement est envisagé. Pour preuve, le camp de Abderrahmane Belayat, coordonnateur du parti depuis l'éjection de Abdelaziz Belkhadem en janvier dernier, ne compte pas se laisser faire. Comme première riposte. «Deux correspondances ont été envoyées aux ministres de la Justice et de l'Intérieur pour rappeler la primauté du droit», nous affirme Belayat, joint hier par téléphone. Dans un communiqué rendu public, le camp Belayat appelle le président d'honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika, «à travailler dans le cadre de ses prérogatives pour assurer la stabilité dans le parti». Belayat affirme sur le même point «ne pas reconnaître les résultats et les élections ayant eu lieu à El Aurassi, puisqu'elles sont illégales et hors la loi». Il promet de poursuivre une bataille juridique. «Un recours sera introduit par 15 membres du comité central (CC), dont des sénateurs et des moudjahidine, pour s'opposer à la décision du tribunal de Bir Mourad Raïs», a-t-il ajouté. Et de poursuivre : «Par des manœuvres illégales, ils se sont permis de tenir la réunion du CC tout en contrecarrant la décision du Conseil d'Etat.» «Ce tribunal vient contredire et entraver la décision d'une instance suprême», estime-t-il. Pour rappel, dans la matinée de jeudi dernier, le tribunal de Bir Mourad Raïs avait autorisé le camp d'Ahmed Boumehdi à tenir une réunion du CC à l'hôtel El Aurassi, à Alger. La veille, mercredi après-midi, le Conseil d'Etat avait accepté le recours introduit par le camp Belayat pour l'annuler. Mais le camp adverse est allé jusqu'au bout. Prévue initialement pour deux jours (jeudi et vendredi), la réunion d'El Aurassi n'a finalement duré qu'une journée. Même l'élection de Amar Saadani, considérée comme un «plébiscite», a été expéditive. Quelques minutes ont suffit pour que le groupe de Boumehdi impose son poulain. Une fois élu, Saadani a appelé à «l'union entre les militants». En revanche, il ne peut à l'heure actuelle siéger au bureau du SG du FLN, dans le quartier général de Hydra. Belayat ne voulant pas quitter les lieux. «Nous attendrons les réponses du ministre de la Justice et de celui de l'Intérieur, ainsi que la réponse qui en découlera du recours», explique-t-il, sans détailler. A moins que ce ne soit un scénario bien étudié, ou une manipulation pour tromper l'opinion à la veille du rendez-vous présidentiel de 2014, il s'avère que la fissure au sein du FLN se creuse. Salah Goudjil et Abdelkrim Abada, rangés aux côtés de Belayat, ont été les principaux instigateurs de la destitution de Belkhadem en 2012. Cette fois-ci, pourront-ils renverser la vapeur, notamment lorsqu'on sait que Saadani est présenté comme le pion de Saïd Bouteflika ? Des analyses sur cette lutte fratricide ont un dénominateur commun, du moins des interrogations principales sont abordées. Saïd Bouteflika voudrait-il protéger ses arrières ou cherche-t-il à maintenir une influence au sein des rouages de l'Etat, une fois que «son frère président» aura quitté le palais d'El Mouradia ?