L'Iran a exclu par avance de suspendre son enrichissement d'uranium, rejetant implicitement une offre à venir des Européens pour une telle suspension en échange d'une aide au développement de son secteur nucléaire civil. « Toute demande de suspension ou de pause (de l'enrichissement d'uranium) est illogique et inacceptable et sera sans aucun doute rejetée », a déclaré lundi soir le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki. Au même moment à Bruxelles, le haut représentant pour la politique extérieure de l'Union européenne, Javier Solana, expliquait que les Européens allaient proposer un programme de coopération dans le nucléaire civil à Téhéran, à condition qu'il suspende son enrichissement d'uranium. Le ministre iranien a sévèrement critiqué cette offre, qui devrait, selon lui, « reconnaître le droit absolu de l'Iran de maîtriser la technologie nucléaire et les moyens de le réaliser ». Il a accusé les Européens de n'être « pas sincères, lorsqu'ils affirment vouloir arriver à une solution pacifique ». Par ailleurs, les chefs de la diplomatie de l'UE ont réitéré leurs « profonds regrets » face à l'intransigeance iranienne et appelé Téhéran à « ne pas refuser cette offre », présentée comme celle de la dernière chance. Les Occidentaux demandent la suspension de l'enrichissement d'uranium, car ils craignent que l'Iran n'utilise ce procédé à des fins militaires. En poursuivant l'enrichissement à un haut degré de concentration, Téhéran pourrait parvenir à se doter de l'arme atomique. L'offre européenne comporte des « éléments modernes de technologie nucléaire sans risque de prolifération (...), des éléments économiques et politiques », a indiqué la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik. La Chine a dit hier apprécier « le geste important de l'UE pour résoudre la question nucléaire iranienne par le dialogue ». Mais elle a aussi estimé « qu'au stade actuel, les parties concernées doivent faire davantage d'efforts pour de nouvelles discussions et répondre positivement à des propositions favorisant une solution diplomatique ». Les premiers éléments de l'offre européenne devraient être présentés vendredi aux négociateurs des cinq pays membres du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne), lors d'une réunion à Londres. Ces derniers devraient y reprendre la discussion sur un projet de résolution de l'Onu contraignante pour l'Iran, ouvrant la porte à de possibles sanctions et éventuellement à une solution militaire. Les Etats-Unis, avec la France et la Grande-Bretagne, veulent un texte en ce sens, grâce à une référence au chapitre VII de la charte des Nations unies, alors que la Chine et la Russie y sont opposés. La perspective de l'usage de la force pour faire plier Téhéran a été évoquée hier par le chef d'état-major de l'armée russe, le général Iouri Balouïevski, qui a relevé qu'« une opération militaire américaine est possible, mais ce serait une très grande erreur politique et diplomatique de la part des Etats-Unis ». Pour sa part, la chef de la diplomatie américaine, Condoleeza Rice, a espéré lundi que l'Iran suive l'exemple de la Libye, qui avait annoncé en décembre 2003 sa décision de renoncer à toute arme de destruction massive.