Plus de 110 000 morts, plus de 6 millions de personnes déracinées et un pays en ruine. En deux ans et demi, la révolte en Syrie contre le régime de Bachar Al Assad, écrasée dans le sang, s'est muée en une guerre civile destructrice. - Réfugiés-déplacés Plus de 6 millions de personnes ont été déracinées par le conflit, soit plus du quart des 22 millions d'habitants de la Syrie. Le nombre de réfugiés dépasse désormais les 2 millions, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). 4,25 millions de Syriens sont déplacés dans leur propre pays. «Ce qui est frappant c'est que le premier million a fui en deux ans, le second million en six mois», a déclaré hier à Genève le Haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres. «La Syrie est devenue la grande tragédie de ce siècle (...) avec des souffrances et des déplacements de population sans équivalent dans l'histoire récente», a-t-il ajouté. A la fin août, la population réfugiée, dont environ 52% sont des enfants âgés de 17 ans ou moins, s'élevait à 110 000 en Egypte, 168 000 en Irak, 515 000 en Jordanie, 716 000 au Liban et 460 000 en Turquie, selon le HCR. En outre, les pays voisins de la Syrie se préparent à un nouvel afflux de réfugiés en cas de frappe étrangère contre le régime de Damas, accusé d'une attaque meurtrière aux armes chimiques. - Victimes Selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), rendu public le 1er septembre, au moins 110 371 personnes ont été tuées depuis mi-mars 2011. Les Nations unies estimaient fin juillet à plus de 100 000 morts le bilan des violences. Le nouveau bilan de l'OSDH (qui se base sur un large réseau de militants et de sources médicales et militaires à travers le pays) comprend 40146 civils, 21 850 combattants rebelles et 45 478 membres de forces gouvernementales, dont les milices pro-régime. Parmi les civils figurent 3905 femmes et 5833 enfants de moins de 16 ans. L'ONG affirme que le sort d'environ 9000 détenus et celui de 3500 soldats capturés par les rebelles reste inconnu. - Dégâts matériels et conséquences économiques Le conflit a dévasté le pays, appauvri la majorité des Syriens et plongé l'économie dans une grave crise. Selon les experts, la guerre a engendré une inflation record qui pourrait dépasser les 200%. Les investissements, le tourisme et le commerce extérieur sont proches de zéro. La production pétrolière, importante source de devises, a chuté de 95%. L'économie a connu une dollarisation croissante en raison de la chute de la monnaie nationale : la livre syrienne (SYP) a perdu les trois-quarts de sa valeur par rapport au dollar. Selon une étude publiée hier par le quotidien syrien Al Watan, proche du pouvoir, les bombardements, les combats et les sabotages ont entraîné la destruction totale ou partielle 1,5 million d'habitations. Et les infrastructures ont également été sérieusement touchées. Le coût de la reconstruction s'élèverait à 73 milliards de dollars si elle commençait dès maintenant, selon l'étude.