La capitale américaine est en alerte orange. Face aux menaces terroristes, la Maison-Blanche ne veut pas être prise de nouveau au dépourvu. Et Bush doit se défendre face à son concurrent démocrate, John Kerry, avant le scrutin de novembre 2004. Kerry critique durement la conduite des questions sécuritaires par Bush. Autrefois chasse gardée des républicains, le thème de la défense du territoire américain est devenu un axe majeur dans la campagne du candidat démocrate. Les deux challengers s'écharpent par discours interposés. Ne pouvant ignorer l'avis de la commission d'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001, G.W. Bush a annoncé, avant-hier, deux mesures phares lors d'une allocution à la Maison-Blanche. Il a décidé de la création d'un poste de superpatron de la lutte contre le terrorisme : « Aujourd'hui, je demande au Congrès de créer le poste d'un directeur national du renseignement ». Il serait « nommé par le Président avec l'avis et l'accord du Sénat » et conseillerait directement le chef de l'exécutif pour les questions liées aux renseignements et au terrorisme. M. Bush a également déclaré qu'il allait créer un centre national chargé de coordonner le travail de la quinzaine d'agences différentes responsables actuellement de la collecte et de l'analyse des renseignements. Contrairement à ce que préconisait la commission, ce centre ne serait pas installé à la Maison-Blanche. « Cela doit être un groupe détaché pour mieux coordonner, en particulier entre les renseignements venant de l'étranger et ceux recueillis dans le pays », a-t-il dit. Ce poste va nécessiter une modification des textes qui avaient créé en 1947 le Conseil de sécurité nationale (NSC), actuellement dirigé par Condoleezza Rice, qui répond directement au Président. Peu après le discours du Président, John Kerry a annoncé qu'il approuvait cette initiative mais qu'il regrettait qu'« il ait fallu presque trois ans (depuis les attentats) pour que ces recommandations soient adoptées ». Puis, il a incité M. Bush à convoquer une session extraordinaire du Congrès. En effet, pour que les mesures antiterroristes annoncées soient suivies de résultats concrets, il faut que le Congrès entérine la décision du Président. Or, les représentants et les sénateurs sont actuellement en vacances. Il faudrait donc attendre la rentrée de septembre. John Kerry, sénateur de l'Etat du Massachusetts, a ajouté qu'il serait prêt à suspendre sa campagne pour se rendre à Washington. « Quand il sera nécessaire d'aller voter, je le ferai », a-t-il dit aux journalistes. Et la campagne continue de plus belle. Les conseillers de M. Bush ont décidé de faire passer M. Kerry pour un amateur à traiter comme un politicien peu sérieux. Le colistier de Kerry, John Edwards, n'aurait pour atout que sa tête de beau gosse, selon les républicains. Le camp démocrate ne se laisse pas faire. La convention du parti, qui s'est tenue la semaine dernière à Boston, a donné une solide carrure à Kerry. Combatif et sérieux, il serait, aux yeux de ses partisans, plus apte que G. W. Bush à gérer la question de la sécurité intérieure. « Je crois que je peux mieux combattre le terrorisme que George W. Bush », a assuré Kerry pendant sa tournée dans le Midwest, région stratégique. Il distribuait avant-hier un livre cosigné avec Edwards ; le titre accrocheur annonce Notre projet pour l'Amérique : plus forts à l'intérieur, respectés dans le monde. La compétition s'annonce dure. Bush a promis que la reprise économique était « au coin de la rue ». Kerry, lui, veut emmener l'Amérique « au sommet »