L'invité de l'association des activités de jeunes Idles profitera de ce retour au bercail pour insister sur l'importance des contes et comptines tant pour la promotion de Tamazight que pour l'équilibre psychique des enfants. Il était une fois Sheshonq, prince berbère, et Mira, une bergère orpheline, deux jeunes qui s'aimaient éperdument jusqu'au jour où une sorcière jalouse, trouvant la relation inadmissible, leur jeta un mauvais sort. Une ancienne légende que Youcef Allioui conte dans son dernier ouvrage intitulé «Histoire d'amour de Sheshonq 1er. Roi berbère, pharaon d'Egypte», paru aux éditions l'Harmattan. «Je livre dans ce 13e ouvrage un conte, dédié aussi à la littérature orale berbère de Kabylie, que j'ai recueilli auprès des miens. Les conséquences fâcheuses et révoltantes ayant suivi la rencontre footballistique Egypte-Algérie ont été à l'origine de l'écriture de cette histoire mettant en avant un Berbère fondateur de la 22e dynastie pharaonique», a avoué, vendredi dernier, l'auteur lors d'une conférence qu'il a animée à la bibliothèque communale d'Ouzellaguen. L'invité de l'association des activités de jeunes Idles profitera de ce retour au bercail pour insister sur l'importance des contes et comptines tant pour la promotion de Tamazight que pour l'équilibre psychique des enfants. En sa qualité de militant impénitent de l'amazighité, il citera comme exemple un érudit breton, le Comte de La Villemarqué en l'occurrence, qui, pour éviter à la langue bretonne de tomber dans l'oubli, se mit à recueillir tout ce qui constitue sa littérature orale. «Près d'un siècle après, les travaux du Comte de La Villemarqué sont réédités pour être enseignés aux élèves bretons», dira le tribun qui n'omettra pas de souligner, au passage, la richesse exceptionnelle de Tamazight en citant ses mythes izran, ses proverbes et maximes inzan, lemtul, ses énigmes timsaâraq et ses joutes oratoires izlan. Psychologue sociolinguiste, il affirmera à l'assistance nombreuse que ces contes et comptines constituent aussi une source de sécurité psychique pour les enfants. Né à Ibouziden, sur les hauteurs de la commune d'Ouzellaguen (Béjaïa), Youcef Allioui quitte le pays après son service militaire pour poursuivre ses études en France où il a fini par devenir professeur d'économie et cadre financier. Fonctions qu'il occupera pendant près de vingt ans. Docteur en sociologie et en psychologie du travail, il consacrera par la suite une partie de son temps aux enfants en difficulté d'insertion scolaire et socioprofessionnelle au sein de la Ligue française de l'enseignement. Youcef Allioui a été également enseignant de langue amazighe à l'Université Paris 8 Vincennes et a travaillé au sein des groupes d'étude et de recherches berbères à l'Université Paris V Sorbonne. Il a notamment participé à la création de Radio Tamazight sur les ondes desquelles il animera de 1982 à 1986 une émission intitulée La langue berbère. Sociolinguiste, écrivain et poète bilingue, il vouera un culte pour la langue et littérature berbères sur lesquelles il publiera plusieurs ouvrages dans les deux langues française et amazighe chez L'Harmattan. Nous citerons, entres autres, Timsal, Contes kabyles, Enigmes et joutes oratoires de Kabylie, Les Archs, l'ogresse et l'abeille, La sagesse des oiseaux, Les chasseurs de lumière et Un grain sur le toit. À paraître, Slimane Azem ou le combat d'un juste, le Congrès de la Soummam et Mythes et pensée chez les Imazighen de Kabylie. Pour Arezki Bakhouche, président de l'association Idles, cette rencontre avec l'auteur Youcef Allioui était un objectif, longtemps espéré, aujourd'hui atteint. «Les recherches entreprises par le conférencier en faveur de la culture amazighe méritent d'être portées à la connaissance du large public car elles constituent un complément au travail entrepris par Mouloud Mammeri», estime, pour sa part, Samir Aït Braham, Directeur de la Bibliothèque communale.