L'APC de Ben Aknoun connaît toujours des remous. Après la mise sous mandat de dépôt de l'ancien maire FLN, Hired Noureddine, et trois de ses collègues, pour, entre autres, détournement de deniers publics et abus d'autorité, l'APC n'est pas sortie de l'ornière en raison de conflits partisans. Le FLN, qui a remporté 7 sièges, n'arrive pas à réunir autour de lui les autres élus, du RCD principalement. L'opposition communale reproche à l'actuel maire, désigné après l'arrestation de l'ancien tête de liste, qui allait briguer un troisième mandat, sa gestion «personnelle et opaque» des affaires communales. Deux plaintes avaient été déposées contre le P/APC, Kamel Bouaraba, pour fausses délibérations et désignation illégale d'un délégué spécial. La brigade économique de la sûreté de wilaya d'Alger (SWA) aurait convoqué, sur ordre du procureur général de la cour d'Alger, toutes les parties. L'enquête suit son cours, nous informe-t-on. Selon l'opposition, la loi sur la commune du 22 juin 2011 et le décret exécutif n°13-105 du 17 mars 2013 portant règlement intérieur-type de l'Assemblée populaire communale sont «bafoués». «Le président actuel gère l'APC comme une propriété privée. Il abuse des bons de commande. Le code des marchés publics sur les consultations n'est jamais respecté. Des travaux d'urgence sont engagés sans que l'Assemblée soit informée. Les élus sont écartés de la gestion des affaires de notre APC. Les sessions ne se tiennent pas dans les délais prévus par la loi. L'assemblée doit se réunir en session ordinaire (art.16) tous les deux mois. Il y a plus de trois mois que les élus n'ont pas été réunis. Et quand ils sont convoqués, ils ne sont pas destinataires, comme l'exige la loi, des documents nécessaires. C'est le secrétaire général qui gère tout», s'indignent les opposants au maire (quatre du RCD et un du FLN). Les protestataires estiment que les décisions prises lors des réunions de l'APC ne sont pas conformes à la loi. «Bouaraba a désigné lors de l'assemblée du 25 décembre 2012 quatre vice-présidents et deux délégués, alors que la loi ne l'y autorise pas. Il n'a pas aussi respecté l'ordre du jour de la délibération en changeant la qualité du délégué communal. Notre APC n'en a pas besoin vu qu'elle ne dispose que d'une antenne. Les articles 134 et 138 du code communal n'ont pas été respectés», soulignent les élus qui affirment que la délibération du 25 décembre a été «annulée» lors d'une séance tenue en février dernier, mais le président d'APC n'en aurait pas tenu compte. Le mis en cause aurait également refusé de remettre les PV minute à ses collègues et aurait refusé de tenir le registre des délibérations. «Le maire refuse de donner aux autres élus les PV de séance. Ces PV auxquels on a pu par la suite avoir accès ne sont pas conformes aux extraits des délibérations envoyés à la tutelle pour approbation. Les articles du décret exécutif du Premier ministre Sellal sur les PV minute ne sont pas respectés (art.27 et suite). Plus grave encore, le registre des délibérations ad hoc prévu dans l'article 55 de la loi communale n'existe même pas. Les élus ne l'ont jamais vu et ne l'ont jamais signé», s'indigne Lemdani, élu RCD, «désigné», assure-t-il, par ses collègues pour «mener la fronde». Les élus s'étonnent de «l'indifférence» de la wilaya déléguée qui n'a pas répondu à leurs sollicitations. «Le wali délégué de Bouzaréah, sollicité par écrit, soutient mordicus le président d'APC. Malgré les correspondances envoyées, il n'a jamais voulu nous répondre. Le SG de la wilaya déléguée nous a demandé de laisser nos numéros de téléphone, mais personne ne nous a contactés», s'étonne Lemdani. L'actuel président, M. Bouaraba, réfute les allégations de ses opposants. «Ces gens font du chahut et s'en vont avant la fin des sessions. Le jour de mon installation par le wali délégué (28 novembre), ils ont préféré quitter la salle. Les PV minute qui leur sont remis sont conformes aux extraits envoyés à la tutelle qui les a approuvés. Les délibérations sur la nomination des vice-présidents et du délégué sont légales. Je ne vais pas jouer au chat et à la souris avec ma hiérarchie en les annulant juste pour plaire à ces élus», estime-t-il. Il réfute les allégations de ses opposants sur l'utilisation «abusive» des bons. «Ces élus ont bloqué l'APC pendant 6 mois. J'étais, entre-temps, obligé d'engager de menus travaux d'étanchéité dans une école primaire. J'ai aussi fait installer des niches sur les grands axes et j'ai fait réparer une partie des trottoirs. Les services techniques étaient au courant de ces opérations et des sommes qui leur sont allouées», indique-t-il.