La diplomatie algérienne, qui contemple du balcon, la restructuration des relations internationales et les alliances géopolitiques se faire et se défaire sans elle, et parfois contre ses intérêts stratégiques, est réduite à subir les événements. Même ceux qui se déroulent à ses frontières. Dernier exemple en date : la crise malienne où les autorités algériennes n'ont même pas eu le courage politique d'assumer publiquement la décision d'autoriser le survol du territoire algérien par les avions de chasse français en opération au Mali. De l'avis des observateurs, la gestion de la crise malienne par la diplomatie algérienne et de manière globale la position de l'Algérie face à ce conflit qui nous concerne de près, car se déroulant à notre frontière, n'auront pas été à la hauteur de la stature de puissance régionale qui est celle de l'Algérie et de sa diplomatie active connue et reconnue par le passé. Notre pays, qui aurait pu et dû être la vedette naturelle et l'invité d'honneur à l'occasion des festivités officielles organisées le 19 septembre à Bamako, dans le cadre de la cérémonie d'investiture du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, n'a eu droit qu'à un strapontin. On pourrait à la limite comprendre l'accueil enthousiaste fait au président français Francois Hollande et, accessoirement, au chef de l'Etat tchadien Idris Deby Itno, reçus par les autorités et le peuple maliens en héros et en libérateurs pour leur engagement militaire sur le terrain ! Mais qu'un pays comme le Maroc, qui n'a été mêlé ni de près ni de loin à l'effort de reconquête de la souveraineté malienne et de la reconstruction de l'Etat malien – bien au contraire Rabat a tout fait pour exploiter la crise malienne pour assener des coups à l'Algérie – trône et se fasse inviter à la table des hôtes de marque du gouvernement malien, c'est la diplomatie algérienne qui est interpellée et coiffée au poteau. Alors que l'Algérie n'était représentée à Bamako que par le Premier ministre, M. Sellal, qui a suppléé au forfait du président Bouteflika que la maladie et la convalescence prolongée ont éloigné des grands rendez-vous politiques régionaux et internationaux depuis de longs mois déjà, la délégation marocaine avait été conduite par le roi Mohammed VI. Profitant de l'absence de Bouteflika et de la présence à Bamako du président français et d'une vingtaine de chefs d'Etat africains, le souverain marocain, bien inspiré, a fait l'événement et la une de l'actualité malienne en couplant sa participation aux festivités officielles d'investiture d'IBK avec une visite d'Etat de trois jours au Mali, entamée jeudi et qui a pris fin hier. A la faveur de cette visite, le roi s'est engagé à former dans le royaume 500 imams maliens. Connaissant les habitudes protocolaires de Mohammed VI qui ne passe pas particulièrement pour un monarque féru de ce genre d'événements, il apparaît clairement que le timing de cette escale malienne obéit à des considérations de politique intérieure en relation avec l'évolution du dossier du conflit du Sahara occidental. Le Maroc est de plus en plus isolé et mis à l'index pour ses violations des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. La quête de nouveaux soutiens africains aura été incontestablement au cœur de son voyage malien. La diplomatie marocaine tente de reprendre la main et de peser sur les événements dans la région, pendant que l'Algérie cherche son Président.