Dans un entretien accordé à l'APS, Karim Djoudi a affirmé que le prix actuel du pétrole suffit largement à couvrir les dépenses budgétaires de l'Etat, de même qu'il réfute l'idée d'une baisse des dépenses d'équipement. Une dizaine de jours sont à peine passés depuis le remaniement ministériel, porteur d'enjeux électoraux certains et vivement critiqué pour son caractère conjoncturel et pour la rupture qu'il induit en matière de gestion des affaires économiques. Il n'en fallait pas plus pour que l'opération com. reprenne de plus belle. Et le premier à ouvrir le bal n'est autre que le ministre des Finances qui hérite de la mission de rassurer «la plèbe». Le message distillé peut se résumer ainsi : les caisses de l'Etat sont pleines et rien n'empêche, pour l'heure, les pouvoirs publics de poursuivre leurs investissements et leurs projets. Aussi les autorités feront tout pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens. C'est ainsi que le premier argentier du pays a tenu, dans un entretien qu'il a accordé à l'agence de presse publique APS, à faire deux annonces qui vont à contre-courant des constats admis jusqu'à aujourd'hui concernant l'évolution des équilibres budgétaires et de l'état des finances publiques. Karim Djoudi a affirmé que le prix actuel du pétrole suffit largement à couvrir les dépenses budgétaires de l'Etat, de même qu'il réfute l'idée d'une baisse des dépenses d'équipement. Le ministre des Finances a estimé qu'un baril de pétrole à 71 dollars suffirait à «assurer l'équilibre du Trésor en 2013», allant à contre-courant des prévisions du FMI qui évoquaient un baril à 121 dollars ou encore de l'OPEP qui estime qu'un baril à 125 dollars est nécessaire pour assurer l'équilibre budgétaire en Algérie. Pour cela, M. Djoudi s'appuie sur l'argumentaire selon lequel «le déficit en prévision de clôture pour 2013 enregistre un repli substantiel par rapport à 2012 pour s'établir à 1138 milliards de dinars pour un prix d'équilibre situé à 71 dollars le baril». Avant d'ajouter que ce prix d'équilibre reflète le niveau des cours du pétrole qui permet aux ressources budgétaires de couvrir, non pas les dépenses prévisionnelles, mais toutes les dépenses budgétaires «réelles» de l'année. Or, explique-t-il encore, les dépenses réelles sont, «pour diverses raisons», généralement inférieures aux dépenses prévisionnelles inscrites dans la loi de finances. Difficile reniement pour ce membre du gouvernement qui reconnaît à demi-mot l'indigence d'une économie qui peine à absorber le programme d'investissement public. Le même reniement qui pousse ce membre du gouvernement qui criait, il y a quelques mois à peine, à la nécessité de préserver les équilibres budgétaires vulnérables au retournement du marché pétrolier, via une rationalisation des dépenses, à balayer aujourd'hui d'un revers de la main toute possibilité de voir à l'heure actuelle, l'Algérie recourir à une réduction des dépenses d'équipement. Le premier argentier a ainsi indiqué qu'en «l'état actuel de notre économie, une réduction de nos dépenses d'équipement impacterait immédiatement et de manière négative la croissance, particulièrement dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, détruirait l'emploi et réduirait le pouvoir d'achat des citoyens». Abjuration qui n'empêche pourtant pas Karim Djoudi de garder à l'esprit le fardeau que constituent les dépenses de fonctionnement, dépenses au caractère incompressible. Bien que la sortie du ministre des Finances s'inscrit dans une démarche ouvertement politique, celui-ci a fini par avouer que la hausse vertigineuse des dépenses publiques résulte de «décisions éminemment politiques». Avant de tenter un «il faut garantir les équilibres budgétaires en contenant les dépenses de fonctionnement de l'Etat». Or, entre le discours et l'action, le fossé semble infranchissable.