Une offre abondante d'ovins sur le marché devrait permettre de stabiliser les prix des moutons en prévision de l'Aïd El Adha, mais les spéculateurs ne l'entendent pas de cette oreille. Alors que les professionnels du secteur avancent 20 000 à 40 000 DA chez l'éleveur, les prix s'affichent déjà en certains points de vente de la capitale entre 36 000 et 70 000 DA. Les professionnels de la filière ovine, interviewés par l'APS, dénoncent les comportements spéculatifs à l'approche de l'Aïd El Adha. «Les intermédiaires profitent du comportement des consommateurs, qui veulent anticiper l'achat du mouton, pour mettre la barre très haut», affirme le président de la Fédération nationale des éleveurs et de l'élevage, Djillali Azzaoui, qui suggère d'acheter durant les quelques jours précédant la fête de l'Aïd, lorsque les prix commenceront à fléchir. Le cheptel ovin national est estimé à 25 millions de têtes, selon les chiffres officiels du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. En outre, afin de renforcer l'offre, les trois filiales de la société de gestion des participations de l'Etat productions animales (SGP-Proda) mettront sur le marché plus de 10 000 têtes à un prix oscillant entre 30 000 et 50 000 DA, selon le ministère cité par l'APS. Pour autant, cette abondance ne dissuade en aucun cas les spéculateurs qui investissent les marchés de gros pour faire pression sur les éleveurs et acheter à prix bas afin d'amplifier leurs gains. «Jugeant les prix élevés, les maquignons se sont abstenus d'acheter des bêtes lundi dernier au niveau du marché de gros de Djelfa, une façon de faire pression sur les éleveurs qui sont appelés à liquider leur production arrivant à maturité», raconte Djillali, un habitant de la région. Face à cette situation, les professionnels de la filière viandes rouges misent sur les futurs complexes d'abattage pour enrayer les effets spéculatifs sur les prix des viandes, notamment ovine. «Il y a trop d'intermédiaires. La solution serait d'instaurer un système de régulation durable», estime Brahim Amrani, président d'une association d'éleveurs à Ouled Djellal. Ce dernier compte sur les abattoirs industriels qui devraient être réceptionnés en 2014 à El Bayadh, Djelfa et Oum El Bouaghi pour permettre aux éleveurs d'écouler leur production sur le marché sans passer par des intermédiaires. Dans ces abattoirs, l'éleveur pourrait vendre son cheptel au kilo. Selon le président du directoire de Proda, Kamel Chadi, le taux de réalisation des trois complexes d'abattage est à un stade avancé : celui de Hassi Bahbah à 75% et Aïn M'lila à 68%. Ces derniers devraient être réceptionnés en avril 2014, alors que les travaux du centre de Bouktoub ont démarré en juin dernier. Le coût d'investissement de ces trois projets, dont la capacité atteindra 50 000 tonnes, est estimé à 7,5 milliards de dinars. Le groupe public compte aussi réceptionner l'abattoir de Annaba après sa réhabilitation. «Pour améliorer l'offre en viandes rouges, il faut aller vers l'industrialisation de la filière à travers un élevage intensif et un développement des cultures fourragères», suggère M. Chadi, soulignant la nécessité d'organiser la filière afin de mettre fin aux fluctuations des prix des viandes. En amont, les pouvoirs publics accompagnent les éleveurs par des mesures incitatives comme le développement de la filière fourragère à travers des soutiens à la production de céréales (notamment le maïs et l'orge), des programmes de mise en défens des parcours steppiques et l'extension des superficies consacrées aux plantations pastorales dans ces zones abritant plus de 18 millions de têtes ovines.