Les prix du mouton ne devraient pas prendre ''l'ascenseur'' cette année par rapport aux saisons précédentes grâce à une offre abondante sur le marché, selon les professionnels de la filière ovine qui dénoncent les comportements spéculatifs à l'approche de l'Aïd El Adha. "Les prix du mouton ne vont pas augmenter cette année par rapport à l'an dernier, car l'offre sur le marché est importante et va jouer contre la spéculation'', a déclaré à l'APS le président de la Fédération nationale des éleveurs et de l'Elevage, Djillali Azzaoui. Les marchés à bestiaux des zones de production sont bien approvisionnés pour répondre à la demande en prévision de la fête de l'Aïd, rassure le même responsable qui avance des prix allant de 20.000 à 40.000 DA chez l'éleveur. L'abondance de l'offre est due, selon les professionnels, à une bonne production renforcée par une baisse de la contrebande au niveau des frontières. "Je ne pense pas que les prix vont flamber cette année parce que le mouton est disponible, et il y a de moins en moins de contrebande de cheptels aux frontières", affirme de son côté Brahim Amrani, président d'une association d'éleveurs à Ouled Djellal. En 2013, au moins deux importantes opérations de fuite de cheptel ont été interceptées par les services de sécurité aux frontières notamment à l'ouest du pays, selon le directeur des Services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, M. Boughanem. Le cheptel ovin national est estimé à 25 millions de têtes, selon les chiffres officiels du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. En outre, afin de renforcer l'offre, les trois filiales de la société de gestion des participations de l'Etat Productions animales, SGP-Proda mettront sur le marché plus de 10.000 têtes à un prix oscillant entre 30 à 50.000 DA, a-t-on appris auprès du ministère. Pour autant, cette abondance ne dissuade en aucun cas les spéculateurs qui débarquent sur les marchés de gros pour faire pression sur les éleveurs et acheter à des prix bas afin d'amplifier leurs gains. "Jugeant les prix élevés, les maquignons se sont abstenus d'acheter des bêtes lundi au niveau du marché de gros de Djelfa, une façon de faire pression sur les éleveurs qui sont appelés à liquider leur production arrivant à maturité", a indiqué Djillali, un habitant de la région. Au niveau des centres urbains, les premiers troupeaux de bêtes destinées à l'Aïd Al Adha, ont fait leur apparition il y a plus d'une semaine, mais les acheteurs s'abstiennent pour le moment, alors que certains préfèrent acheter plutôt avant que les prix ne s'emballent. Les prix s'affichent dans certains points de vente de la capitale entre une moyenne de 36.000 et 70.000 DA, selon le gabarit. Trouver une solution durable à la spéculation "Les intermédiaires profitent du comportement des consommateurs, qui veulent anticiper l'achat du mouton, pour mettre la barre très haut", affirme M. Azzaoui qui suggère d'acheter la bête durant les derniers jours avant la fête de l'Aïd lorsque les prix commencent à fléchir. De leur côté, les professionnels de la filière viandes rouges misent sur les futurs complexes d'abattage pour enrayer les effets spéculatifs sur les prix des viandes notamment ovine. "Il y a trop d'intermédiaires. La solution serait d'instaurer un système de régulation durable", estime M. Amrani qui compte sur les abattoirs industriels qui devraient être réceptionnés en 2014 à El Bayadh, Djelfa et Oum El Bouaghi pour permettre aux éleveurs d'écouler leur production sur le marché sans passer par des intermédiaires. "Dans ces abattoirs, l'éleveur pourra vendre son cheptel au kilogramme, ce qui lui permettra d'avoir un revenu stable et durable", explique ce professionnel. Selon le président du directoire de PRODA, Kamel Chadi, le taux de réalisation des trois complexes d'abattage est à un stade avancé dont celui de Hassi Bahbah à 75% et d'Ain M'lila à 68%. Ces derniers devraient être réceptionnés en avril 2014, alors que les travaux du centre de Bouktoub ont démarré en juin dernier. Le coût d'investissement de ces trois projets dont la capacité atteindrait 50.000 tonnes est estimé à 7,5 milliards DA. Le groupe public compte aussi réceptionner l'abattoir d'Annaba après sa réhabilitation. "Pour améliorer l'offre en viandes rouges, il faut aller vers l'industrialisation de la filière à travers un élevage intensif et un développement des cultures fourragères", suggère M. Chadi soulignant la nécessité d'organiser la filière afin de mettre fin aux fluctuations des prix des viandes. En amont, les pouvoirs publics accompagnent les éleveurs par des mesures incitatives comme le développement de la filière fourragère à travers des soutiens à la production des céréales notamment le maïs et l'orge, des programmes de mise en défense des parcours steppiques et l'extension des superficies consacrées aux plantations pastorales dans ces zones abritant plus de 18 millions de têtes ovines.