Pas de viande, rarement du poulet et nullement du poisson. Souvent des légumes secs et parfois des repas froids avec un manque d'hygiène et en présence d'un personnel non qualifié. Les parents d'élèves dénoncent la qualité des repas servis dans les cantines scolaires. De son côté, le ministère de l'Education se défend. Etat des lieux. 11h30, le réfectoire ouvre les portes. Bruit assourdissant, les écoliers courent dans tous les sens. A peine à moitié-installés, parfois mal assis, on commence à leur servir les repas. Ils s'occupent plutôt de bavarder que de leurs assiettes. Pas de mot d'ordre. Pas facile d'instaurer une discipline, lorsqu'on sait qu'un nombre d'élèves dépassant largement les 300 est encadré par cinq adjoints de l'éducation seulement. Le plus important pour eux est que les repas soient servis à temps. Pas de temps pour s'occuper du rôle pédagogique et éducatif de la cantine scolaire. «Dans mon école, j'ai 320 élèves en demi-pension et j'ai uniquement 5 encadreurs pour les prendre en charge. Je me trouve alors obligé de les aider et même de servir avec eux», témoigne un directeur d'une école primaire à la périphérie d'Alger. Les encadreurs ? C'est le problème majeur des cantines. Ils ne sont pas qualifiés pour cette mission. Ils travaillent tous dans le cadre du filet social ou du pré-emploi. Pas de serveurs qualifiés ni d'aides-cuisiniers encore moins des cuisiniers. On a appris que dans certaines écoles, c'est la même personne qui fait le ménage et prépare la marmite. «Parfois, je suis au four et au moulin. Je dois servir les enfants, je donne auparavant un coup de main pour préparer les repas et après je fais la vaisselle… pour le même salaire», témoigne Samira, payée dans le cadre du pré-emploi. «Même les inspecteurs des cantines sont nommés sans condition préalable. Il suffit de connaître le directeur», dénonce un ancien inspecteur des finances. Il témoigne que pendant son exercice, plusieurs PV avaient été établis sur le trafic et la surfacturation. La réglementation est bafouée en l'absence de contrôle et les cantines continuent à être gérées selon le décret 65-70. A qui incombe la responsabilité ? Les APC évitent de constituer des conseils d'administration pour désigner les fournisseurs, toujours selon notre source qui affirme que les transactions se font alors, dans certains cas, sans soumission et les gestionnaires cherchent le plus bas prix sans se soucier de la qualité des produits. Si le ministère affirme que des efforts considérables sont fournis pour mieux gérer les cantines, il affirme en même temps qu'il ne peut pas être présent devant chaque marmite. Statistiquement, 82% des écoliers du primaire en bénéficient. A Alger, les parents parlent de problèmes : «C'est insensé de faire sortir les enfants à 11h15 alors que l'on sait à l'école que les parents travaillent. Il faut qu'ils soient pris en charge à 12h, quitte à leur donner des repas froids», nous explique une maman à Bir Mourad Raïs. Cantine pour tous Pour plusieurs établissements, le ministère ainsi que les collectivités locales n'arrivent pas à trouver de locaux ni même d'assiette foncière pour ouvrir des cantines à Alger. Actuellement, le ministère réfléchit à la possibilité de construire des cantines collectives qui regrouperont plusieurs établissements. «Cela fait déjà deux ans que j'ai introduit une demande auprès de notre APC pour construite une cantine. Mais sans suite», dénonce la directrice d'une école à Mohammadia. En attendant, certaines écoles privées à proximité des écoles publiques proposent (astuce) leur offre. Pour un prix de 4000 DA par mois, les enfants seront pris en charge (déplacement et repas). Les parents, qui ne contribuent toujours pas à l'école publique à ce repas, dénoncent la mauvaise gestion et la mauvaise qualité des repas. «Il y a trop de chorba et de yaourt dans leur menu. Il n'est pas varié et la viande est quasiment inexistante», témoigne une maman à Khraïssia. «Avec la participation de la wilaya et de notre APC et le budget alloué par le ministère, je n'arrive toujours pas à faire bénéficier les écoliers de petites parts de viande. La seule chose que j'ai trouvée pour le moment, c'est de mélanger quelques bouts de viande hachée fraîche dans la sauce pour le goût et la vitamine. Après, c'est aux parents d'équilibrer le soir. Ils doivent être conscients», témoigne un directeur d'école à Jijel. «On néglige sérieusement le lavage de la vaisselle et d'autres équipements. On ne se casse pas la tête pour tout désinfecter. Parfois, en l'absence de contrôle, on n'utilise même pas le liquide vaisselle», indique une femme de ménage dont le contrat n'a pas été renouvelé.