Le scandale du carburant pollué n'est pas près de voir le bout du tunnel. Si, au départ, la crise ne concernait que la wilaya d'Oran, voilà qu'à présent, elle s'est étendue à toute la région Ouest. Les pompes de tout l'Ouest du pays, hormis celles de Chlef, sont victimes, depuis jeudi dernier, de ravitaillement en essence pollué. Les automobilistes sont au bord de la crise de nerf. «J'ai dû aller chez le mécanicien pour me remplacer ma pompe à essence. Elle m'a coûté 8 000 DA, et encore, cela parce qu'il n'a remplacé que la pompe à essence, sans remplacer tout le nécessaire, sinon cela m'aurait coûté 12 000 DA !», nous témoignera un automobiliste. L'on apprendra aussi qu'un vendeur de pièces détachées a vendu, en une journée à peine, plus d'une centaine de pompes à essence. C'est dire si cette crise fait pester plus d'un automobiliste. Le président de l'Union nationale des investisseurs, propriétaires et exploitants des relais et stations-service (UNIPREST), M Mohamed Boukhari, nous a déclaré qu'une opération de dépollution est en cours par Naftal, mais qu'elle est loin d'en voir le bout. N'y allant pas avec des pincettes, ce dernier nous a déclaré, en outre, que son union compte ester en justice l'entreprise publique si cette dernière ne satisfait pas deux de leurs exigences. «On demandera à Naftal des réparations, mais encore des dédommagements ! Oui, des dédommagements pour les jours où les stations-service n'ont pu travailler à cause de cette crise ! Quant aux réparations, elles concerneront non seulement les volucompteurs endommagés mais encore les pompes à essence des voitures de nos clients qui, elles aussi, ont été esquintées !». Ces deux demandes seront formulées explicitement, au plus tard dimanche prochain, lors d'une réunion devant regrouper l'Uniprest, Naftal ainsi que le président des consommateurs. Faut dire que c'est une crise sans précédent qui touche à présent toutes les wilayas dont l'essence est fournie à partir d'Oran. Les automobilistes, dépités, se voient obligés de débourser de l'argent pour réparer leurs pompes à essence ou leurs carburateurs. «Comme si, avec cette vie chère, on avait besoin de débourser 10 000 DA pour réparer nos voitures», nous diront beaucoup d'entre eux. Même topo au niveau des stations : dans celle se situant près du lycée Lotfi, en plein centre-ville d'Oran, le gérant nous expliquera que le carburant pollué a «brûlé» le variateur dont le prix s'élève au moins à 48 millions de centimes. «J'ose espérer que l'assurance me remboursera les frais» ; nous dira-t-il, amer. Du côté de Naftal, le silence radio est toujours de mise. Toutefois, les opérations de réparations se poursuivent mais à un rythme, hélas ! trop lent. Ainsi, dans la journée d'hier, bon nombre de stations-service ont été ravitaillées en «sans-plomb» jugé potable…sauf que ce dernier a été dès lors pris d'assaut par les automobilistes, ce qui n'a pas manqué de susciter sa pénurie.