Des stations à sec et colère des automobilistes. Au 5ème jour de la crise, le carburant a fait courir du monde hier à Oran et ses environs. De longues files d'attente se sont poursuivies devant les stations d'essence après leur approvisionnement par des camions mais cette fois-ci, avec un carburant «non pollué», selon certains gérants des stations. La quantité livrée dans l'après-midi de dimanche a été insuffisante pour répondre à la demande croissante. Même le gasoil qui était disponible durant les jours de crise, a vu son stock épuisé hier. Ce qui a rendu la situation plus complexe. Au niveau de la station de Bir El Djir, les pompes étaient à sec avant midi. Le gérant nous a expliqué que sa station a été approvisionnée la veille par deux camions de 27.000 m3 et 16.000 m3 avec un carburant conforme mais au lendemain tout le stock était épuisé. Une autre station à Dar El Beïda était totalement vide du fait que la livraison reçue n'a pas suffi pour couvrir la demande habituelle. «J'attends, d'un moment à l'autre, le camion pour remplir les cuves», nous dira le gérant. Sur le problème du carburant pollué, il a souligné que «nous ignorons l'origine du produit qui a causé cette pollution. Nous attendons que les analyses effectuées par Naftal révèlent la cause». Interrogé sur le devenir du carburant pollué qui a ravitaillé les stations, il a souligné que ces réservoirs ont été vidés et le produit remplacé par un carburant conforme». Selon le représentant de l'Union nationale des investisseurs, propriétaires et exploitants des relais et stations-service (UNIPREST) à l'ouest, des perturbations dans la distribution des carburants ont été relevées également à Relizane et à Tissemsilt. Un état de fait qui est expliqué par le déficit en matière de moyens de transport. Dans la wilaya de Aïn Témouchent, si les hallabas sont de moins en moins présents dans les stations-service de la ville de Béni-saf, cela n'a pas empêché l'observateur de voir revenir les scènes vécues il y a quelques semaines dans les stations-service. Ainsi, dimanche, en milieu de journée, de nombreux automobilistes faisaient la chaîne pour s'approvisionner en carburant, au niveau de la station du centre-ville. Un automobiliste, à l'intérieur, attendant que la file avance, affirme qu'il patiente depuis plus de 30 minutes et qu'il ne savait toujours pas s'il allait être servi avant épuisement des stocks. «Sinon, j'ai deux solutions, rester sur la file et attendre jusqu'au prochain arrivage du camion, et ça personne n'est capable de vous en dire plus, soit quitter la file et revenir plus tard». Le même scénario est observé dans les autres stations-service. Interrogé sur les raisons de cette nouvelle perturbation, un pompiste nous a affirmé que cela est dû à un problème d'approvisionnement. «En temps normal, dira-t-il, nous sommes ravitaillés régulièrement et en fonction de nos besoins exprimés. Là, et depuis 3 jours, nous sommes confrontés à un problème de retard sur les livraisons de carburant. On a entendu dire que le problème se situe à l'amont, c'est-à-dire à Arzew», conclura-t-il, sans plus de précisions. Qui payera ? Reste, cependant, le problème des automobilistes qui ont subi des dégâts dans leurs véhicules suite à l'injection d'un carburant pollué. Nombreux ont été les conducteurs de voitures qui se sont plaints des dommages causés, notamment à la pompe à essence, et qui ont été contraints de remplacer la pièce chez le mécanicien. Pour avoir des explications sur ces dommages causés au consommateur suite à la commercialisation d'un produit non conforme, nous avons contacté le président de la fédération de protection des consommateurs, M. Hariz. Ce dernier a déclaré que «jusqu'à présent un seul automobiliste s'est adressé à l'association pour déposer une plainte au sujet des dégâts causés à son véhicule après injection d'un carburant pollué». «L'association devra, suite à cette plainte, entreprendre des démarches pour se constituer partie civile et demander dommages et intérêts pour le plaignant. Une procédure qui ne sera entamée qu'après contact de la direction de Naftal pour confirmer par des preuves tangibles et analyses du laboratoire que le carburant commercialisé était pollué». Pour la fédération des consommateurs, cette procédure peut donner des résultats si plusieurs cas sont recensés au niveau de cette association.