Après leurs longues paralysie interne et défaillance externe, les institutions de l'Etat connaissent une réanimation sporadique à la faveur d'un réaménagement du personnel politique sans remettre en cause la nature policière du régime ni réussir à masquer le bilan catastrophique du long règne de Bouteflika. Avec la complaisance des Etats démocratiques, heureux bénéficiaires du bradage des intérêts nationaux, le régime s'apprête à imposer son modèle dynastique à une échéance présidentielle censée être une instance de souveraineté populaire et un gage d'alternance. Alors que les citoyens attendaient des actes contre des scandales de corruption honteusement abandonnés aux juridictions étrangères, le pouvoir est obsédé par la survie du régime de Bouteflika et du système rentier de prédation. Une nouvelle fois, la Constitution est appelée à être bricolée par un Parlement au service des contraintes personnelles du Président pour se désigner un vice- Président et proroger son mandat sans adversaire ni campagne électorale ou propulser avec les moyens de l'Etat un dauphin qui garantisse la continuité du système de prédation et d'impunité. Ce putsch programmé contre la République survient à un moment très difficile de l'histoire de notre pays. Le blocage organisé de mécanismes institutionnels par la privatisation de l'Etat, le verrouillage répressif de la vie publique, la désagrégation-neutralisation de la classe politique et de la société civile, le chantage sécuritaire interne et externe, la désaffection des citoyens à l'encontre de la chose politique, l'intox, les propagandes et manipulations policières ont tétanisé une opposition minée par ses luttes de leadership et affaiblie par son désencadrement massif et ses divisions multiples. A six mois d'une élection présidentielle décisive, les candidats crédibles ne se bousculent pas. Et, surtout, personne ne semble pouvoir ranimer l'enthousiasme populaire et mobiliser une détermination citoyenne à même d'imposer l'alternative démocratique. Un sursaut patriotique rassembleur est impératif pour mobiliser nos concitoyens et reconstruire l'espoir. Aucun citoyen ne peut tolérer indéfiniment la ligature des affaires de tout un Etat et du sort de toute une nation aux aléas – tout à fait naturels et déplorables par ailleurs – de l'état de santé d'un homme, quand bien même il serait le plus prestigieux de notre histoire ! Même en régime monarchique, le peuple est déjà – au chevet du monarque – affranchi sur ses destinées à venir. Chose publique par définition, la République ne saurait, sans disparaître, tolérer la gouvernance de la manigance. L'heure est aux états généraux de la République ! Les défis sont aussi clairs que décisifs : - Comme proclamé déjà le 3 juin dernier dans la déclaration constitutive du Mouvement citoyen pour les libertés et le développement (MCLD), la révision constitutionnelle projetée n'est d'aucune utilité, bien au contraire, pour la cause démocratique et citoyenne. La refuser est un impératif de salut national ! L'empêcher dépend de notre mobilisation à tous. Nous réitérons notre appel et notre disponibilité pour contribuer à confédérer les énergies militantes et patriotiques en vue de faire barrage à toute forme de révision constitutionnelle. - La régularité temporelle des échéances institutionnelles est le dernier acquis d'un Etat confisqué à ses légitimes citoyens. L'élection présidentielle d'avril 2014 doit avoir lieu à son terme constitutionnel. Mais cela, seul, ne suffit pas. Les patriotes et démocrates sont interpellés à unir, sans tarder, leurs forces pour imposer l'ouverture et la transparence du scrutin loin de toute main mise des appareils politiques et sécuritaires du régime. - Enfin, pour peu que les forces démocratiques et patriotiques unissent leurs efforts, la prochaine mandature présidentielle peut être le moyen du retour au processus démocratique pour l'instauration d'un Etat civil moderne consacré par un Etat de droit garantissant l'intégralité des libertés et des droits de l'homme. Jamais l'Etat algérien n'a atteint un tel seuil de délabrement. Jamais corruption n'a saigné autant nos ressources nationales et hypothéqué l'avenir de nos enfants. Jamais le ciment du vivre-ensemble légué par les martyrs et le sang de la Libération nationale n'a été aussi menacé. Il y va du destin de notre pays. Unissons nos forces pour sortir notre Etat du naufrage d'une non-gouvernance aussi irresponsable que dangereuse. Le porte-parole provisoire du MCLD Ali Brahimi