A Beau Fraisier, dans la commune de Bouzaréah, des centaines de familles vivent avec la crainte d'un hiver meurtrier. Les quelques opérations effectuées par les autorités locales pour remédier au risque des inondations sont loin de rassurer les habitants. Au lieudit Bouchachi Hocine, les pluies sont synonymes de cauchemar pour les résidants qui voient leurs foyers submergés par les eaux et les ruelles parsemées de mares et de boue. La grande angoisse, indiquent des habitants, est la crue de l'oued qui traverse cette cité précaire. «Faute de collecte des ordures par les services de la mairie, les habitants jettent leurs détritus dans ce cours d'eau. Dès les premières pluies, ces ordures sont charriées par les flots d'eau. Le cumul des déchets risque toutefois de provoquer une véritable catastrophe», nous dira un habitant pour qui cette cité perchée sur une pente est continuellement menacée par les aléas de la nature. «Des renforcements en gabion ont été réalisés par les autorités publiques, mais sans parvenir à mettre un terme au risque des inondations», ajoute notre interlocuteur. La situation est quasiment la même dans une autre cité située à quelques mètres plus loin. Il s'agit du bidonville Grand Tournant. Un site inhabitable qui a déjà subi des dégâts suite à de fortes précipitations. «Les services de la commune avaient promis de régler le problème en procédant à des travaux de fortification ; hélas, à ce jour, rien n'a été fait», raconte un jeune rencontré sur place. «Les responsables de la commune refusent de nous octroyer des autorisations pour que l'on puisse construire en dur, et refusent de procéder à notre relogement», s'exclame notre interlocuteur, précisant ne rien comprendre à la démarche des autorités locales. «Ils font semblant d'ignorer. Par leur laxisme, ils mettent nos vies en danger de mort», souligne-t-il. «C'est devenu systématique, à chaque fois qu'il commence à pleuvoir, nous sortons dans la rue de peur de voir nos foyers s'écrouler sur nos têtes», affirme un autre citoyen. Les bidonvilles de Beau Fraisier, dont certains dépendent de la municipalité de Bouzaréah, alors que d'autres sont situés sur le territoire de la commune de Oued Koriche sont loin d'être sécurisants. Malgré la réalisation du collecteur des eaux pluviales de oued M'ksel pour ne plus revivre la catastrophe de Bab El Oued, les cités bidonvilles et anarchiques réalisées sur les hauteurs de Bouzaréah, Oued Koriche et Bologhine restent vulnérables. D'ailleurs, plusieurs victimes y ont été enregistrées ces dernières années suite aux fortes chutes de pluie. Des incidents dus principalement au glissement de terrain, à l'effondrement de baraques et à l'absence de tout plan de protection des milliers de citoyens qui occupent ces endroits à hauts risques.