Après l'offre publique de retrait (OPR) décidée par l'Etat - actionnaire majoritaire - sur les actions de l'Eriad-Sétif détenues par les petits épargnants, le parquet de la Bourse d'Alger ne compte plus que deux titres d'entreprises cotées et se voit ainsi plus appauvrit qu'avant. Alors que l'on s'attendait pour 2006 à une relance de l'activité boursière sur le marché des capitaux d'Alger, les pouvoirs publics ont au contraire décidé le lancement d'une OPR sur les titres de l'Eriad-Sétif, induisant ainsi le retrait de cette entreprise de la Bourse. Ainsi, au moment où l'on escomptait l'avènement de nouvelles opérations publiques de vente (OPV), ou encore l'introduction à la cote des nouveaux titres de créance (obligations) émis ces derniers mois à l'adresse du grand public par Sonelgaz et Air Algérie, le marché boursier d'Alger - déjà très faiblement alimenté en titres - se retrouve amputé de l'une des trois valeurs mobilières qu'il compte. Ce faisant, après quelque sept ans d'existence, la Bourse des valeurs mobilières d'Alger, censée favoriser à la fois l'émergence d'un marché des capitaux efficient en Algérie et une mise en œuvre avantageuse d'opérations de privatisations partielles d'entreprises bien portantes, ne compte au final que deux actions cotées soit les titres Saidal et El Aurassi. Au yeux du premier responsable de l'autorité boursière, en l'occurrence le président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB), Ali Sadmi, “s'il est effectivement vrai que le retrait du titre Eriad appauvrit encore davantage la cote, qui ne compte ainsi que deux titres négociables, il est d'autant vrai que mieux vaut avoir deux titres sains à coter que plusieurs titres malades ", dès lors que l'Eriad-Sétif n'est plus cette entreprise arborant une bonne santé financière. L'OPR sur les titres Eriad, dont la liquidité n'est plus ce qu'elle était au départ de l'admission de cette entreprise en bourse, aura surtout permis de trouver " un moyen d'extirper le mal ", estime en définitive le président de la COSOB. Et de préciser à ce propos que " le recours à l'offre publique de retrait est un mécanisme prévu à travers la réglementation boursière et qu'il ne devra pas y avoir de problème pour le rachat des titres détenus par les petites porteurs, dès lors le marché est déjà vendeur ". Pour veiller au mieux à l'intérêt des petits épargnants, souligne-t-il , " nous avons eu des discussions avec les autorités compétentes ainsi que les responsables de la Société de gestion des participations (SGP) dont relève l'Eriad et nous avons demandé à ce que le prix à offrir pour la rachat des actions détenues par les petits porteurs, combiné aux montants des dividendes cumulés, puisse permettre aux actionnaires de ne pas perdre, c'est-à-dire de rentrer dans leurs frais par rapport au prix d'émission des actions en 1998, soit 2300 DA le titre ". Abondant dans le même sens, Makhlouf Rahni, directeur général de la Société de gestion des valeurs de bourse (SGVB) - instance en charge de la gestion du marché boursier - soutient que " l'OPR sur les titres Eriad vise avant tout à préserver l'intérêt des petits porteurs, d'autant plus que l'entreprise concernée est déjà en train d'être privatisée par compartiment ". " L'OPR, a-t-il noté, est une opération de marché prévue par la réglementation régissant la bourse pour les cas d'entreprises cotées qui ne distribuent plus de dividendes ou celles dont les titres ne sont plus liquides sur le marché à l'image de l'Eriad ". L'option ayant été prise pour le lancement d'une opération de retrait, l'entreprise Eriad a donc été d'emblée éliminée de la cotation à la bourse, indique M. Rahni en précisant qu'au moment de son retrait de la cote, l'action Eriad était cotée à peine 1000 DA. Et de relever cependant que l'offre publique de retrait, comme son nom l'indique, est d'abord une offre lancée à l'adresse des petits actionnaires de l'Eriad - particuliers et institutionnels détenteurs des actions composant les 20 % du capital de cette entreprise cédés en bourse - ce qui revient à dire que ces derniers ont tout à fait le droit de garder leurs actions s'ils le souhaitent. Marché obligataire Pour devenir un tant soit peu efficiente, la Bourse d'Alger doit, aux dires d'experts, compter au moins une vingtaine de valeurs mobilières (actions et obligations) régulièrement négociables sur le marché. Or, sur les huit émissions d'emprunts obligataires lancées ces derniers mois par huit entreprises différentes (Sonatrach, SRH, Sonelgaz, Air Algérie, Algérie Télécom, ENTP, ENAFOR et Cevital), seules deux tranches ont été émises à l'adresse du grand public, tandis que le gros des titres a été placé auprès des épargnants institutionnels que sont les banques et les compagnies d'assurances. Qui plus est, alors qu'elles devaient être introduites en bourse, les obligations cédées en public attendent toujours d'être cotées pour être librement négociables sur le marché. A ce propos, relève Ali Sadmi, " le marché obligataire est bien animé, mais il est nécessaire aujourd'hui de favoriser les emprunts auprès du grand public car avec les emprunts institutionnel, l'on commence à atteindre certaines limites vu que les banques sont tenues au respect des ratios prudentiels ". Dans ce même ordre d'idées, M. Rahni affirmera pour sa part que " des discussions ont été engagées avec les responsables de Sonelgaz en vue de procéder à la cotation en bourse des obligations placées par cette entreprise auprès du grand public ". Et d'annoncer par ailleurs que la même entreprise prévoit de lancer prochainement une deuxième émission d'obligations grand public devant être, selon lui, cotées dès le départ en bourse. Tout en admettant que le volume des transactions et le niveau d'activité de la Bourse d'Alger restent encore très faibles, voire négligeables, M. Rahni soutient cependant que le marché a cessé ces derniers temps d'être vendeur - forte tendance à la vente des titres par leurs détenteurs - et commence même à redevenir acheteur. Par conséquent, a-t-il souligné, " au cours de ces quelques dernières semaines, les cours des deux titres cotés à la bourse commencent sensiblement à grimper. L'action El Aurassi a même atteint un cours de 365 DA, se rapprochant ainsi de son premier cours d'introduction en bourse, qui est de 400 DA le titre " . Cependant, à la question de savoir s'il est prévu à court terme l'introduction de nouvelles entreprises en bourse pour réactiver le marché, le même responsable nous a indiqué qu'aucune démarche concrète n'a encore été amorcée en ce sens, y compris pour les cas des onze entreprises publiques listées l'année dernière par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) pour procéder à des opérations d'ouvertures de capital par le biais de la bourse. La seule démarche favorable annoncée en ce sens, a-t-il avancé, “est celles prévoyant l'introduction en bourse des parties non cédées du capital des grandes entreprises publiques inscrites actuellement au programme des privatisations”. En attendant, la Bourse d'Alger continuera à être ce petit marché à deux titres où il n'est guère opportun pour les petits porteurs d'aller miser sa petite épargne.