Le Trésor public a procédé récemment à la cotation d'obligations assimilables (OAT) pour un montant de 149 milliards de dinars. Ces titres qui portent à 14 le nombre d'OAT introduits, redonnent de l'activité à la Bourse d'Alger en attendant l'hypothétique vague de privatisations d'entreprises publiques qui doit fournir à la Bourse ces produits. Cette bouffée d'oxygène, fait du volontarisme de l'Etat, a fait dire, hier, à M. Ali Sadmi, président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations en Bourse (Cosob) que la Bourse d'Alger "a mangé son pain noir" et que le plus dur est "derrière nous". Cependant, comme l'a expliqué M. Sadmi, la Bourse est d'abord un marché d'actions, et sur ce chapitre la bourse d'Alger n'a vu aucune introduction d'action durant ces huit dernières années. Selon M. Sadmi, le marché algérien naissant n'est pas alimenté. En effet, en dehors de quelques obligations, l'institution financière n'a pu attirer de nouveaux titres. Le marché boursier national ne compte, aujourd'hui, que deux titres de capital (action) cotés, à savoir ceux de l'entreprise de gestion hôtelière El Aurassi et du groupe pharmaceutique Saidal. L'action Eriad-Sétif, pour rappel, avait fait en décembre 2006 l'objet d'une offre publique de retrait (OPR), suite aux difficultés financières connues par l'entreprise émettrice. Dans un exposé très détaillé sur la Bourse d'Alger, M. Sadmi a saisi l'occasion de son passage au forum du quotidien El Moudjahid pour souligner qu'il n'y a aucun dossier d'ouverture de capital d'entreprise publique au niveau de la Cosob. Pour étoffer ce portefeuille, rappelons que les pouvoirs publics ont dégagé une liste de 12 entreprises publiques à privatiser via la Bourse. Ce programme de privatisation n'a pas encore été appliqué malgré sa validation par le Conseil des participations de l'Etat et malgré l'obstination de la Cosob. La privatisation qui devait fournir à la Bourse ses produits n'est pas au rendez-vous. Pourtant la Bourse reste, selon M. Sadmi, le moyen indiqué pour mener à bien cette privatisation. Par ailleurs, l'invité d'El Moudjahid a déploré que l'initiative privée soit quasiment absente alors qu'elle est censé prendre le relais. Dans un constat sans concession, il affirme que "le privé a tourné le dos à la Bourse". Certains spécialistes estiment que le faible niveau de cotation à la Bourse d'Alger est dû à la méfiance des investisseurs, notamment les privés. La création de la Bourse d'Alger a été le fait du volontarisme des pouvoirs publics qui ont mis en place les conditions favorables au démarrage d'une Bourse mobilière, a indiqué M. Sadmi. Cette création, récente, a été faite dans une Algérie en pleine mutation et, conjugué au marque de tradition, comparé à nos voisins (Tunisie, Maroc), son aboutissement est une œuvre de longue haleine qui exige une vision claire, une grande mobilisation et la détermination de tous les acteurs directs ou indirects. Optimiste, M. Sadmi croit au développement de cette structure financière. A ce titre, il a annoncé un ambitieux programme de modernisation allant de la dotation en équipements de haute technologie à la formation. Cependant, il finira par dire qu'"on ne modernise pas pour traiter 2 titres". Pour cela, a-t-il ajouté "il faut préparer des entreprises".