Reporté à plusieurs reprises à cause de l'incapacité du président Bouteflika, le Conseil des ministres a pu enfin se tenir hier. C'est le premier depuis le début de l'année en cours. Reporté à plusieurs reprises à cause de l'incapacité du président Bouteflika, le Conseil des ministres a pu enfin se tenir hier. In extremis. Un soupir de soulagement pour le pouvoir ? Diktat de calendrier, le projet de loi de finances pour 2014 – c'est le point capital de cette réunion – est ainsi sauvé à la veille de l'expiration du délai légal pour l'adoption de ce texte, fixé au 30 septembre. Le Conseil des ministres l'a adopté, ainsi que six autres projets, y compris celui sur l'ouverture du secteur de l'audiovisuel au privé. Mais cette réunion a, en tout cas, un double enjeu pour le président Bouteflika et son gouvernement. Il s'agit de mettre les formes en respectant d'abord la Constitution quant au processus d'adoption des lois. Le président Bouteflika, montré par la télévision assis sur une chaise au milieu du staff gouvernemental, était contraint de se «sacrifier» à cette obligation constitutionnelle. Car sans la tenue d'un Conseil des ministres, le blocage institutionnel serait total. Un cas flagrant d'incapacité du chef de l'Etat à assumer ses missions présidentielles. Ensuite, il fallait libérer ce projet de loi de finances qui fixe les budgets de fonctionnement et d'équipement de l'Etat. S'il avait eu le choix de surseoir à la loi de finances complémentaire (LFC 2013), Abdelaziz Bouteflika n'a eu aucune autre option en ce qui concerne le projet de loi de finances 2014, quitte à faire une mise en scène comme celle diffusée hier dans les journaux télévisés de l'ENTV. Une mise en scène qui vise aussi et surtout à faire taire les rumeurs évoquant une nouvelle dégradation de l'état de santé du président Bouteflika qui reviennent avec insistance, notamment depuis le dernier report de la réunion annoncée du Conseil des ministres, mercredi dernier. Mais l'objectif semble raté. Les images de la Télévision nationale ne rassurent pas pour autant sur l'état de santé de Abdelaziz Bouteflika. La photo de famille prise avec tout le staff gouvernemental montre un homme très affaibli, le regard perdu. Sa tentative de se mettre debout en s'appuyant sur sa chaise a été un exercice difficile. D'ailleurs, la scène a été censurée, privant du coup le téléspectateur de l'image qui montre le Président debout. La deuxième image montrée est celle de la réunion du Conseil. Là aussi, Abdelaziz Bouteflika ne faisait que des gestes lourds de la main droite.
Quelles échéances politiques ? A l'issue de la réunion qui n'a visiblement pas duré longtemps, le président Bouteflika, indique un communiqué de la Présidence, a donné des instructions à son gouvernement. Parmi celles-ci, il y en a une qui suscite des interrogations. Il s'agit de sa demande concernant la préparation «des échéances politiques». «Le président de la République a rappelé l'importance de prendre, d'ores et déjà, toutes les mesures et dispositions nécessaires afin de permettre à notre pays d'aborder, dans les meilleures conditions, les prochaines échéances politiques», précise le communiqué. «Notre ambition est grande, mais elle est à la mesure de l'Algérie et des aspirations de ses enfants. J'attends de chacun d'entre vous du travail, de l'engagement et de l'abnégation», a-t-il lancé aux membres du gouvernement. Outre la présidentielle prévue théoriquement en avril 2014, y aura-t-il, comme le laissent entendre certaines spéculations, une révision de la Constitution ? Il s'agit en effet de savoir quelles sont les intentions secrètes du pouvoir sur la manière d'organiser la prochaine élection présidentielle. Bouteflika, faut-il le rappeler, semble être le maître du jeu en ce sens que tout le monde reste suspendu à sa volonté, non encore exprimée, de briguer ou pas un nouveau mandat. Tout comme il n'est pas précisé, par lui-même ou son entourage, s'il s'agit de proroger de deux années son mandat actuel en vue de lui épargner l'effort physique de la campagne électorale, dont il ne serait pas capable au vu de sa santé extrêmement fragile. Pour toutes ces raisons, le rendez-vous électoral de la présidentielle reste à ce jour un secret bien gardé. Tandis que les commentaires et les spéculations continuent de rythmer une vie politique plus que jamais plombée.