Quelle date officielle pour la fin de la guerre d'Algérie ? En Bretagne, il a fallu une décision du tribunal administratif pour trancher. Lyon De notre correspondant Tant qu'il y aura des témoins de la guerre d'Algérie, il y aura des drôles de conflits en France. C'est le cas de la petite commune de Le Quillio, dans le département des Côtes d'Armor, en Bretagne. Là, le litige révélé par le quotidien Ouest France ne concerne pas, comme souvent, des nostalgiques de l'Algérie française, mais fait intervenir des avis différents au sein même des adhérents de la Fédération nationale des anciens combattants en Afrique du Nord (Fnaca), la plus pondérée des associations patriotiques. Au départ, dans les années 2000, l'association, en liaison avec la mairie, a décidé l'instauration d'une plaque portant la mention «Fin de la guerre d'Algérie : 19 mars 1962». En règle générale, en France, les rues, places ou squares qui portent cette mention avancent seulement la date du cessez-le-feu, sans apporter d'ajouts relatifs à la fin d'une guerre qui, bien évidemment, prend fin officiellement en juillet avec l'indépendance de l'ancienne colonie française. C'est sur ce point qu'un membre de la Fnaca a saisi le tribunal administratif pour que cette plaque soit retirée. Il gagne. La plaque doit être enlevée, ce que fait le maire, en la déplaçant sur une autre stèle. Le tribunal administratif est de nouveau saisi pour un enlèvement complet. L'instance donne raison au plaignant. Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo) que nous avons sollicité pour apporter son point de vue, reste circonspect : «Le débat sémantique sur la signification du 19 Mars me paraît personnellement légitime : le19 Mars 1962 marque la date de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie, au lendemain de la signature des Accords d'Evian ; en aucun cas la fin de la guerre d'Algérie. C'est, en effet, le 2 juillet 1962 qui constitue la date officielle de référence (juridique et administrative) à cet égard : elle détermine, par exemple, les droits au bénéfice de la carte du combattant pour les appelés en Algérie.» Malgré tout, il marque son étonnement : «Ce qui peut choquer dans ce dossier, c'est que des juridictions administratives françaises puissent être appelées à statuer sur un tel sujet : tel a été le cas par deux fois en l'occurrence, et à l'initiative (surprenante) du membres (dissidents, il est vrai !) d'une association d'anciens combattants telle la Fnaca. Dommage. D'une part, parce que la justice a sans doute mieux à faire et, d'autre part, en raison de l'inutilité de toute cette procédure qui n'aboutit qu'à un constat d'évidence : la nécessité d'une concertation sur le sujet entre la Fnaca, le requérant et le maire !»