Le mercure ne cesse de monter à la salle Ibn Zeydoun, et pour cause, les artistes entretiennent et attisent une chaleur humaine. Et le départ de feu n'est autre que le rythme des musiques du monde et d'Algérie. Parmi ces «pyromanes» du rythme, l'on peut citer quelqu'un qui porte bien et beau son nom : Mohktar Samba ! Avec un tel nom, on ne peut écouter que de la bonne musique. Et, contrairement à ce qu'on croit, Mokhtar ne fait pas exclusivement dans la musique brésilienne. C'est un enfant terrible du beat maghrébin et africain. Il a ça dans le sang, pour ne pas dire dans son ADN. Mokhtar Samba est un batteur et percussionniste d'origine marocaine par sa mère et sénégalaise par son père. Arrivé à 12 ans en France, Mokhtar cultive sa passion pour la musique en apprenant la batterie en autodidacte, puis s'inscrit au conservatoire de Fontenay-Sous-Bois et suit les cours de Guy Lefèbvre qui lui enseigne «la magie des marabouts blancs», théorie musicale et solfège. Il est le cofondateur, avec Etienne M. Bappé, Mario Canonge et Nguyên Lê du groupe de fusion Ultramarine, qu'il a quitté par la suite. Il fonde plus tard le groupe Mossan. Son pedigree ? Il a officié aux côtés de Salif Keita, Carlinhos Brown, Youssou n'Dour, Jean-Luc Ponty, Alpha Blondy, Richard Bona, Manu Dibango, Carlos Santana ou Joe Zawinul. «On est ravis de jouer ici à Alger » Ce grand instrumentiste et batteur qui n'est plus à présenter, figure parmi les guest-stars du Festival culturel international du diwan, à Alger, qui se déroule du 27 septembre au 3 octobre à la salle Ibn Zeydoun. Sa nouvelle formation est éponyme : Mokhtar Samba Band. Un line-up comptant d'excellents musiciens, le jeune prodige de 19 ans, Romain (clavier), Laurent (saxophone et clavier), Gérard (percussions), Henry (basse), Nenad Gajin, lead-guitar. Une bande… originale, où Mokhtar Samba est le pivot et surtout le chef d'orchestre. Et c'est du bon jazz énergique qui est servi au menu du programme. Avec des morceaux de bravoure, comme Claudia, Bidaya, Dounia, Rabia, Suite For Africa, Fleuve Niger ou encore Emattéo mêlant des sonorités africaines, maghébines, du pays des cariocas, de la bossa nova, jazzy, des steels de Tobago et Trinidad. L'on découvrira aussi un titre inédit devant figurer sur le nouvel album de Mokhtar Samba, Band, Fenel. Mokhtar Samba a invité sur scène un sister soul, la chanteuse Valérie Belinga et le Woz Kaly, un griot à la voix et autre phrasé proche de Youssou N'dour, l'illustre claviériste malien, cheikh Tidiane Seck, et la troupe Diwan Ammi Brahim venue de Béchar. Un grand moment festif. «Ce projet, le Mokhtar samba Band, est un voyage à travers les cultures. Et nous jouons avec ces gens-là (Diwan Ammi Brahim), c'est un héritage culturel. J'apprends beaucoup d'eux, beaucoup plus que le conservatoire. C'est grâce à des gens comme cela que j'ai commencé et appris la musique… Cheikh Tidiane Seck est un professeur pour moi. C'est lui qui m'a réconcilié avec mes origines. On a joué fort ce soir. On est ravis de jouer ici à Alger. On ne peut pas faire de la musique sans vous. C'est vous qui nous donnez cette énergie… Merci, et longue vie au Festival du diwan…», confiera Mokhtar Samba au public toute ouïe. Surnommé le griot de Ménilmontant, Djeli Moussa Condé, un joueur de kora (instrument traditionnel) et chanteur d'origine guinéenne, ayant travaillé avec Manu Dibango, Salif Keïta, Mory Kanté, Richard Bona, Alpha Blondy, Cesária Evora, Hank Jones, Cheick Tidiane Seck, Janice DeRosa, se produit dans un univers électro, acoustique et électronique puisque usitant le dub, drum'n' bass (jungle), reggae… Le titre Dounia est une ballade hispanique, Ménilmontant parle des SDF, des mal logés ou encore Oumama (salut, bonjour). Les lyrics (paroles) de Djéli évoquent un texte anti-guerre, contre l'esclavage moderne. C'est sûr, Djeli est un «ambianceur» utile mais pas futile. Le passage du groupe mythique de Sidi Bel Abbès, Raïna Raï, n'est pas passé inaperçu. Un autre grand moment de ce festival, Raïna Raï a embrasé la salle Ibn Zeynoun. D'autres pompiers-pyromanes» ! C'est une formation relookée alignant 10 musiciens. Hachemi Djellouli (batterie), Dahmane Dendène (saxophone) et Kada (chant), sont les anciens avec de nouvelles recrues comme Miguel Yamba, le bassiste angolais, le jeune et talentueux guitariste et la doublure en batterie, Mouataz Dhehane. un Raïna Raï ayant revisité son répertoire sous les auspices et la direction du doué composteur, arrangeur et producteur, Amine Déhane. Zina, Hagda, Masralna, en hommage au défunt Djillali Amarna, Lala Fatima, Ana Goulouli, Til Taïla, Chômage, un titre inédit, ont été bien habillés avec de l'afro-beat, diwan-electro, steady rock aux cordes basses comme Hagda. Le finish a été un bœuf avec Mokhtar Samba. Un roulement de batterie à quatre mains avec Hachemi Djellouli.