Le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville vient de signer un protocole d'accord avec l'Agence turque de coopération et de coordination portant restauration de la moquée Ketchaoua d'Alger. D'habitude, c'est le département de la culture qui prend en charge ce type d'édifice qui revêt un caractère architectural historique. Mais M. Tebboune a décidé de prendre le taureau par les cornes, surtout que l'Agence du pays du Bosphore fait montre de générosité, sans contrepartie financière, et ce, depuis les études du projet jusqu'à la remise des clés. Plus, des spécialistes algériens bénéficieront, à titre gracieux, d'une formation supervisée par l'Agence turque en matière de restauration avant qu'une cellule algérienne spécialisée dans la restauration soit créée par les experts formés en vue de prendre en charge la restauration de ce genre de sites. Soit. Ce que le commun des mortels n'arrive pas à saisir se résume dans les motifs qui ont poussé les responsables à faire appel, dès le premier jour, c'est-à-dire en 2008, à des BET et entreprises qui n'ont pas l'étoffe de restaurer pareil monument, avant de se rendre compte qu'ils faisaient dans la bêtise et se rendre à l'évidence, presque 5 ans plus tard, que ce type de restauration doit être confié à des compétences avérées. On aurait pu économiser du temps et ne pas ouvrir la voie aux supputations par-ci, par-là, même si la transaction est conclue sur la base de concessions réciproques des deux parties, pour ne pas dire gratis, comme annoncé dans un communiqué. Il est un lieu commun de dire que les entreprises de restauration algériennes manquent terriblement de qualification, excepté deux ou trois qui se sont forgées sur le tas. D'ailleurs, le problème récurrent de la réhabilitation des sites historiques se pose avec acuité chez nous. Combien de fois les Italiens spécialistes es restauration ont été invités à Dar Essoltane pour organiser des ateliers, des séjours de formation. De même que des architectes algériens ont été envoyés dans le pays de la Botte pour s'initier dans l'analyse et la maîtrise des problématiques de la conservation, de la réhabilitation et la connaissance des méthodes et des techniques de restauration du bâti ancien et sa valorisation. Apparemment, la marge de manœuvre chez nos chefs de projet en la matière demeure limitée, à cause, dit-on, de leur non-performance. Alors que la basilique Notre- Dame d'Afrique a fait peau neuve dans un temps record de 36 mois — on y joue même du Saint-Saëns —, la durée des travaux de réhabilitation de la mosquée Ali Betchine a nécessité plus de sept ans et l'édifice cultuel n'est pas encore livré dans sa totalité… Et quid de la citadelle qui, en l'espace de plus de trente ans, est toujours close en dépit des BET algériens et du BET polonais PKZ en place depuis quelques années ? Motus et bouche cousue, l'OGBEC ne pipe mot sur l'état d'avancement des travaux de Dar Essoltane qui fait partie du plan permanent de sauvegarde. N'est-ce pas que les Turcs peuvent s'y plancher ? Les Marocains aussi. Alors, gageons sur leur expérience et laissez la nouvelle génération accéder à ce patrimoine.