La mosquée Ketchaoua, édifice classé à caractère cultuel et historique, accuse un retard en matière de restauration et ce, faute de réception du lot d'échafaudages dans les délais impartis, apprend-on. Après la mosquée Ali Betchine dont la restauration — assurée par la Direction de l'aménagement et de la réhabilitation des quartiers (DARQ) — vient de s'achever, c'est au tour de la mosquée Ketchaoua de faire l'objet de travaux d'extrême urgence. Fermée depuis plus de deux années, le lieu cultuel donne l'impression de faire du surplace. L'opération qui rentre dans le cadre du Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé (PPSMVSS) consiste dans le lancement de travaux de consolidation pour stopper la dégradation, notamment au niveau des deux minarets et ce, suite au dernier séisme qui a ébranlé les éléments de l'édifice. Les pierres de la partie supérieure des balustres surmontées par des blocs constitutifs se sont écartées, donnant ainsi une légère inclinaison, révélera un responsable au niveau de l'OGBEC. «Il est question de procéder à une opération délicate comme le cerclage à trois niveaux de la hauteur outre les travaux d'étanchéité que nous prévoyons, car il y a de grands problèmes d'infiltration des eaux pluviales», explique-t-il. Les fidèles s'interrogent sur le retard accusé de l'opération restauration qui devait s'étaler sur 8 mois, mais il y a eu des impondérables qui, selon le bureau d'études et l'entreprise en charge des travaux, seraient dus au retard dans la livraison des échafaudages métalliques appropriés ramenés d'Italie. Rappelons que la première mosquée Ketchaoua d'Alger a été bâtie par la tribu Rebai au milieu du XVe siècle, auprès de l'emplacement d'une source, au lieudit Le plateau des chèvres, d'où son nom en langue turque. L'entrée principale était du côté sud-est, dans l'ex-rue de l'état-major. Vers le début du XVIIe siècle, sous le gouvernement de la Régence ottomane, un édifice cultuel plus important a été construit. Il a été agrandi en 1794 sous le règne de Hassan Pacha qui jouxte le palais éponyme. Son architecture est inspirée des mosquées construites en Turquie dans le style byzantin. Lors de la colonisation, la bâtisse fut transformée en lieu de culte catholique et baptisée cathédrale Saint-Philippe. Elle a été classée monument historique par l'administration française en 1908. A l'Indépendance, elle a été récupérée par le culte musulman. Quant à la mosquée Ali Betchine, fermée aux fidèles depuis plus de 12 années pour restauration, elle sera fonctionnelle dans les jours à venir, apprend-on. Des transformations ont été opérées, notamment dans la salle des ablutions. D'une superficie de 500 m2, «la mosquée conserve les caractéristiques d'une ordonnance classique aisément reconnaissable. Elle est du type importé d'Asie mineure», selon le rapport d'expertise élaboré par Atelier 3 Dimensions, premier maître de l'œuvre chargé de l'étude de restauration. Finalisée en août 2001, l'étude a permis le lancement, dès mai 2002, des travaux de décapage avant la phase de restauration. La construction de l'édifice qui remonte, selon des archives, à 1622 (vers 1032 de l'hégire), a été financée par l'œuvre caritative du renégat vénitien italien, Piccanino, converti à l'Islam et qui avait pris le soin de la doter de boutiques dont le revenu devait être affecté aux dépenses de la mosquée. Lors de l'ère coloniale, la mosquée fut transformée en pharmacie de l'armée avant d'être affectée en 1843 au culte catholique, l'église Notre-Dame des Victoires et ce, jusqu'à l'Indépendance, où elle fut, elle aussi, reversée au fonds des biens patrimoniaux musulmans.