La santé publique a été jeudi dernier le principal point porté à l'ordre du jour de la réunion du conseil de wilaya de Tizi Ouzou, tenue à la grande salle du siège de cette administration. Le wali a indiqué ainsi avoir donné le temps au nouveau directeur de wilaya de la santé (DSP) pour cerner les problèmes existant et s'imprégner de ce secteur pour lequel il fera le constat de «l'importance de l'effort accordé par le gouvernement au profit de Tizi Ouzou», avec notamment le lancement, dès janvier 2014, de la réalisation de 5 CHU aux normes internationales, et qui bénéficieront aux régions respectivement du centre du pays (Tizi Ouzou et Alger), de l'ouest (Tlemcen), de l'est (Constantine) et du sud (Ouargla). Le DSP et le directeur du CHU Nedir Mohamed ont ensuite énuméré les «efforts fournis» par le secteur en matière de soins apportés à la population et les statistiques de réalisation et d'équipement matériel (scanners, dialyses, ambulances, doppler, etc.) au profit de structures de santé du chef-lieu et de celles de la périphérie. Le directeur du CHU relèvera, lui, un «manque de coordination» dans la gestion des structures de santé (polycliniques, EHS, EPSP, etc.), qu'il accuse, notamment la clinique Sbihi, d'être souvent à l'origine de la submersion des pavillons des urgences de son hôpital où il est transféré des «malades catastrophiques». Un élu, médecin, tonnera en revanche contre les accusations portées à l'endroit de la clinique Sbihi. «Un gynécologue qui réalise 9 césariennes par jour, c'est énorme ! Cette clinique spécialisée, qui reçoit des parturientes, non seulement de toutes les régions de la wilaya, mais aussi de Bejaia, de Boumerdes, et même d'Alger, est dépassée en permanence par l'affluente demande. Et puis quand un médecin de permanence décide d'évacuer, c'est dans l'espoir de sauver la vie au malade, jugeant, en son âme et conscience, que c'est l'unique chance qui reste au patient. Il ne voudra alors jamais la lui faire rater cette chance, en plus du temps qui compte et joue contre le malade et contre le médecin…». L'orateur rétorquera en outre que même si l'on s'enorgueillit de posséder une radio, un scanner, un doppler, «nous n'avons pas de techniciens, de radiologues… à même de les faire fonctionner. Nous manquons de gynécologues, de spécialistes, car nous ne formons plus…», déplore-t-il. Le directeur de l'EHS Sbihi Tassadit abondera dans le même sens en constatant que c'est la clinique dont il est responsable depuis août dernier qui est ciblée. Il rappellera que le dernier décès d'une parturiente enregistré, a eu lieu au CHU Nedir, après avoir été évacuée dans l'espoir de la sauver. Le taux d'occupation de places à l'EHS Sbihi est de 123%, soit un lit (individuel) pour deux parturientes, selon ce responsable qui explique que la clinique a atteint le pic 18 césariennes/jour. Il clamera par ailleurs son «vif souhait de voir s'instaurer cette coordination, évoquée au cours d'interventions précédentes, entre tous les services du secteur de la santé et revoir la méthode de distribution et de hiérarchisation des soins, en amont et en aval, surtout en gynéco-obstétrique». Une élue demandera dans le même sillage au conseil de wilaya pour savoir qui a décidé de la fermeture de l'école paramédicale de Tizi Ouzou, au moment où, paradoxalement, d'autres du même type s'ouvrent en d'autres wilayas ? Elle rappellera qu'il n'y a pas si longtemps, cette institution était pourvoyeuse en personnel formé au profit de diverses régions du pays. Un autre élu, médecin, demandera, lui, pourquoi le manque de médicaments en périphérie, notamment de vaccins en pédiatrie et antirabiques. Il dénoncera la mort, de la rage, à la mi-septembre dernier, d'une fillette de Djemaâ Saharidj (Mekla), après avoir été mordue par un chien, à cause de l'absence de vaccins antirabiques à la polyclinique locale où ses parents l'avaient pourtant évacuée. Le même problème est rencontré par ces mêmes parents lorsqu'ils arrivent, dans la journée avec leur enfant à l'EPH Azazga. Le chef de daïra d'Azazga émettra le souhait de voir sa région bénéficier d'un autre bloc de santé en vue d'éviter l'afflux de malades de cette contrée vers le CHU, d'autant que le terrain y est. Il explique que la «polyclinique» attribuée à Fréha dans les statistiques énumérées n'est en réalité qu'un centre de santé, alors que celle de Yakouren nécessite un équipement matériel et humain. Le wali instruit les responsables concernés à organiser des rencontres hebdomadaires pour cerner tous les problèmes et trouver des solutions appropriées. Il invité à cesser les transferts en amont vers Sbihi.