Le dossier relatif aux déchets médicaux, les conditions de stockage et d'enfournement des déchets contaminés, le danger permanent, tapi dans l'ombre, les sols sur lesquels ces déchets hospitaliers sont déposés, mais aussi pour ceux qui les manipulent sans protection, que le téléspectateur a pu suivre sur Echourouk TV, lundi soir, donne des frissons dans le dos. Aussi, si les agents de voirie de l'Epic Netcom n'ont de cesse de s'escrimer avec les ballots d'ordures ménagères jetés n'importe où et n'importe comment, le risque est davantage grand lorsque ces éboueurs de l'hygiène et de la salubrité publique sont, chaque jour que Dieu fait, confrontés à des déchets hors du commun. «On trouve de façon hasardeuse des aiguilles, des seringues, mais aussi des déchets biomédicaux liquides, comme le sang», témoignent les agents de Netcom au journaliste. Les agents de Netcom sont toujours en contact avec les matériels infectieux perforants, allant des compresses de sang en passant par le sang humain ou ses composants et autres bandages et écouvillons. Des praticiens tentent d'expliquer. Des médecins montrent les dangers, et des spécialistes nous font saisir sur les risques de contamination tant pour la population que pour l'environnement. Dans une wilaya avoisinante, Blida en l'occurrence, le zoom se fixe sur une installation moderne ayant la charge de neutraliser, à travers des stérilisateurs, des banaliseurs et autres traitements par la vapeur et le déchiquetage, les déchets médicaux. Mais la structure sanitaire est une goutte d'eau dans l'océan, lorsqu'on constate que certains établissements sanitaires, de surcroît des CHU – à défaut de déverser leurs déchets dans des décharges publiques, acte qui reste pour le moins condamnable – ne disposent même pas d'incinérateur au sein de leurs structures, sinon une cheminée pour «vomir» les émissions dans l'air de dioxine, de furanes et autres polluants toxiques, qui peuvent être à l'origine de maladies graves chez les personnes qui inhalent cet air. C'est le cas du CHU Lamine Debaghine de Bab El Oued, dont l'incinérateur a fini par être «auto-incinéré». Ce dernier a rendu l'âme avant d'être remplacé (comble de la bêtise ou inconscience ?) par un tuyau cylindrique laissant échapper, presque à longueur de journée, des écrans de fumée noire empestant la zone alentour. La direction du CHU n'a cure de ces effets nuisibles sur la santé du citoyen. Elle a l'air de revenir de Pontoise. Ce n'est pas moins faux aussi pour le personnel hospitalier qui semble n'y voir aucun véritable problème. Le hic – comble de l'ironie aussi – c'est qu'on s'attelle, à 15 m de cette maudite cheminée crasseuse et fumante, installée dans l'enceinte de notre «sbitar», à ériger un service d'oncologie sur l'emplacement – tenez-vous bien ! – d'une dépendance ottomane de l'ère du dey, car des biens pensants ont jugé qu'elle ne revêt aucun intérêt architectural historique... Un pied de nez soit dit au patrimoine... On élève donc un département pour les malades cancéreux, au moment où l'on se montre incapable de munir le CHU, comme celui de Kouba, d'un équipement fiable qui se résume en l'installation d'un incinérateur répondant aux normes internationales hautement technologiques et qui respecte aussi bien l'homme que la nature.