Intervenant dernièrement dans le cadre de la réunion avec les directeurs des 48 wilayas, la secrétaire d'Etat a fait savoir que son département avait œuvré vainement depuis l'année 2000 à « délocaliser les incinérateurs des hôpitaux et à en installer d'autres beaucoup plus performants au niveau des centres d'enfouissement technique (CET) ». La raison de cet échec ? « Le secteur de la santé n'a pas approuvé notre démarche, soulevant des contraintes inhérentes à la prise en charge du coût du transport et de la collecte des déchets », note-t-elle. N'empêche, la secrétariat d'Etat chargée de l'Environnement ne lâche pas prise et insiste pour que ces incinérateurs soient installés en dehors des hôpitaux. « La réflexion est toujours d'actualité », a fait remarquer Mme Boudjemaâ en assurant qu'au niveau du prochain incinérateur du CET, une opération de tri sera assurée en amont. En attendant, le ministère a mis en place une opération pilote en installant au niveau de l'hôpital de Kouba un incinérateur high-tech. Mis en place dans le cadre d'une coopération avec une entreprise, l'équipement est doté d'une technologie qui lui permet d'éliminer les gaz et de purifier les fumées. D'ailleurs, l'incinérateur a été surdimensionné pour qu'il prenne en charge les déchets des cliniques privées, polycycliques et des établissements de soins. L'association écologique de Boumerdès plaide, elle aussi, pour la délocalisation des incinérateurs des hôpitaux et de les remplacer par un « banaliseur », une sorte « d'étuve munie de broyeurs mécaniques pour réduire et la surface et le volume des déchets et qui porte les fours à haute température grâce à la vapeur d'eau », explique le Dr Kamel Selami, spécialiste de la médecine du travail et membre de ladite association. Il a souligné qu'il s'agit d'une opération de stérilisation. « Le banaliseur » permet, d'après lui, de transformer les déchets hospitaliers en déchets assimilés aux ordures ménagères (DAOM). Partageant l'avis de la secrétaire générale d'Etat chargée de l'Environnement, Dr. Selami explique que les incinérateurs qui se trouvent dans les hôpitaux sont plutôt des brûleurs ». « Les températures ne sont pas suffisantes pour se débarrasser complètement des rejets constitués de gaz et de fumée qui sont très toxiques », précise-t-il. Pire, les fumées dégagées génèrent la dioxine, une substance chimique organique fortement cancérogène. Véhiculées par l'air, les dioxines s'accumulent dans l'organisme et peuvent dérégler les systèmes hormonaux, provoquer des maladies de la peau, réduire les défenses immunitaires et, à terme, provoquer des cancers. Dr. Selami a fait observer que « les fumées des incinérateurs des hôpitaux affectent même les agglomérations avoisinantes ». C'est le cas du CHU Mustapha-Pacha d'Alger. D'ailleurs, les voisins du site se plaignaient souvent des fumées qui polluaient l'atmosphère. « Aujourd'hui, le problème est réglé. L'hôpital est doté d'un nouvel incinérateur équipé d'un laveur type tubulaire. Il n'y a plus de fumée qui s'en dégage mais une vapeur blanche qui n'est pas néfaste pour la santé », a expliqué la chargée de communication du CHU. Gérée par l'entreprise privée de chaudronnerie et de ferblanterie, Ecferal, cette station de traitement est régulièrement contrôlée.