Samedi 5 octobre, la librairie Omega, située à l'hôtel El Aurassi, à Alger, a donné rendez-vous au romancier algérien, Rachid Boudjedra, pour signer ses deux derniers romans, Les figuiers de Barbarie et Hôtel Saint-Georges, ainsi que la récente réédition de Journal d'une femme insomniaque, (chez Barzakh). «J'ai écrit Journal d'une femme insomniaque au début des années 1990, en arabe. Le livre n'a pas été publié par l'Enal. J'ai fait une dépression à cause de cela. On ne m'a pas dit non, car j'aurais pu le faire publier à Beyrouth. Mon éditeur allemand a publié le texte en arabe. J'ai ramené des exemplaires en Algérie par valise. Le roman a été publié en France sous le titre La pluie», s'est souvenu Rachid Boudjedra. L'écrivain s'apprête à publier un nouveau roman qui aura pour thématique les bouleversements politiques liés aux révoltes dans les pays arabes. «Je fais ma lecture du ‘‘printemps arabe'' et de tout ce qui s'est passé ces deux dernières années à travers le regard d'une jeune sportive. Nous avons connu tout cela en Algérie en octobre 1988», a-t-il relevé. Pour rappel, la librairie Omega n'a été ouverte que depuis trois mois. «Abdelhak Bouanane (propriétaire, nldr) a toujours rêvé d'avoir une librairie qui récupère les ouvrages qu'ils importent. Il m'a informé de son intention d'ouvrir une librairie à l'hôtel El Aurassi, j'étais incrédule au départ. Nous avons discuté sur le public à cibler. On s'est rendu compte qu'il existe des publics, pas un seul. Il y a par exemple le public des ambassades. L'existence d'un parking facilite les choses. El Aurassi abrite chaque jour un séminaire, un colloque ou une conférence. Les participants viennent chez nous acheter des livres, et bien sûr il y a les amoureux du livre qui nous rendent visite», a expliqué Sid Ali Sakhri, en charge de l'animation de la librairie. «Nous avons une offre exceptionnelle. Je suis libraire depuis trente ans, je peux dire que je n'ai jamais travaillé avec autant de titres à proposer à la clientèle. Nous avons des livres scientifiques, des romans, des essais d'histoire, de politique et d'économie, un rayon pour la littérature sud-américaine, un autre pour les littératures africaine et maghrébine. Le polar scandinave est très demandé. On ne se contente pas de la vente d'ouvrages. Chaque samedi, nous organisons une vente-dédicace à 14h. Le public et la presse sont invités. Il y a donc ce contact avec les auteurs que nous encourageons. Nous avons déjà organisé une dizaine de rencontres», a-t-il ajouté. La direction de l'hôtel El Aurassi a accepté de mettre à la disposition du libraire une salle de 200 places pour organiser des rencontres. «Nous voulons, par exemple, y organiser des débats sur la critique littéraire en Algérie, sur le rôle de la presse dans la promotion des livres, etc. Nous pensons également lancer un prix des lecteurs pour combler un certain vide. En Algérie, il n'y a pas de prix littéraire», a souligné Sid Ali Sakhri. Il a évoqué l'organisation de dîners littéraires, à l'image de ce qui se fait à Montréal, au Canada. «Nous nous sommes entendu avec une agence de voyages pour ces dîners en invitant les meilleurs clients de la librairie. Le débat tournera autour d'un écrivain, d'une ville. Nous avons déjà organisé des repas autour des villes de Constantine, Tipasa et Biskra», a-t-il relevé. Abdelhak Bouanane envisage d'ouvrir d'autres librairies à Constantine, Annaba, Sétif et Oran.