La population de la commune de Medjedel n'en finit pas de vivre le calvaire de la menace d'être emportée par les eaux, tant que rien n'est entrepris pour précisément protéger la ville des inondations. La ville de Medjedel, flanquée sur la partie est de djebel Kichem, ne cesse d'être déchirée par des talwegs creusés par la force des eaux depuis des temps immémoriaux, qui, acheminant les eaux des collines les plus lointaines et les déversant sur la ville, constituent les éléments tangibles de la menace permanente. Les eaux en furie n'épargnent rien, ni les maisons, qui à force d'être inondées, baignent dans les eaux, même après les intempéries, ni les ruelles, qui deviennent de véritables oueds labourant tout sur leur passage. Lors de notre visite dans cette ville, le dimanche 7 mai, il nous a été donné de constater que les aménagements qui s'opéraient n'avaient rien à voir avec la protection de la ville des inondations. En tout cas, à ce jour, rien n'a été prévu par les autorités pour l'atténuation, voire la dissipation de la menace qui n'en finit pas de planer dangereusement sur cette ville. Le P/APC, terrifié par cette menace, dira qu'une proposition d'aménagement pour la protection de la ville des inondations, d'un montant de 70 millions de dinars, a été faite aux autorités de la wilaya, sans savoir si elle a été prise en considération ou non, a-t-il soutenu. On croit savoir que rien n'a été prévu en matière de protection des inondations de cette ville par le programme des Hauts Plateaux. Tout porte à croire que la protection de cette ville contre les inondations ne semble pas être dans les cordes des autorités de la wilaya, alors qu'il suffit de s'y rendre pour appréhender l'ampleur de la menace contre cette problématique menace par les eaux. La situation socioéconomique de la commune n'est pas reluisante par le fait que le chômage a atteint des proportions alarmantes, touchant les jeunes et des pères de famille. La seule perspective en matière d'emploi, nous dira un quinquagénaire, réside dans le renforcement du cantonnement des gardes communaux par de nouveaux recrutements au niveau de Maqdar Lakhdar après son transfert de Hassi Raham. Car là 20 postes de travail qu'avait offert Sonatrach pour les jeunes de Medjedel, a-t-il soutenu, pour effectuer des travaux d'entretien de l'oléoduc ont été pourvus en catimini sans que l'on sache les modalités de recrutement. Et d'ajouter que certains accusent le P/APC d'être le recruteur pour Sonatrach. La situation des victimes du terrorisme n'est pas en reste et se caractérise, lit-on dans la missive du responsable des victimes du terrorisme de Medjedel, M. Bougaâ Amar Cherif, envoyée au président de la République, par la précarité aiguë de cette catégorie de citoyens. Et M. Bougaâ d'ajouter : « Cette catégorie est exclue du logement et de l'emploi. Le cas de Medjedel Mohamed Belkacem est édifiant. Père de 4 enfants, il n'a aucun revenu, même le filet social, il n'en a pas bénéficié », a-t-il soutenu dans sa correspondance, où il est précisé que le nombre des victimes du terrorisme au niveau de cette localité s'élève à 115 personnes. Par ailleurs, les démarches velléitaires de l'APC pour le sortir de cette situation de précarité sont restées sans résultats, a soutenu le P/APC. Et d'ajouter : « Les démarches se sont matérialisées dans la proposition faite à la DSA et ayant trait à la création d'une concession d'une superficie de 300 ha au niveau de Khneg Rakeb, où l'eau est disponible en abondance, création qui permettra la mise à disposition d'au moins 60 emplois directs. » Proposition, dira-t-il, qui est demeurée jusqu'à aujourd'hui lettre morte. Cette situation de précarité s'en trouve être vérifiée par le fait que la zone Zaguez, d'une superficie de 12 000 ha, qui occupait le tiers de la population dans des activités d'élevage et d'agriculture avant l'avènement du terrorisme, est présentement désertée, et rien ne présage un retour des populations. Les infrastructures sont abandonnées, les écoles fermées et la population ne s'est pas remise des années du terrorisme. Les habitants des différentes dechras ayant fui le terrorisme ont peur de revenir, nous dira Latrague Ali, un fellah qui travaille son champ et garde ses moutons la journée et retourne au village la nuit tombée. Et d'ajouter en s'interrogeant : « Qui est-ce qui dit que le terrorisme est terminé ? » « A Hassi Raham, on demande que le détachement des gardes communaux qui s'est déplacé à Maqdar Lakhdar retourne chez nous », a-t-il soutenu. Le casse-tête du cordon dunaire Le cordon dunaire traversant la commune de Medjedel et occupant une superficie de 3218 ha est en phase de devenir un véritable casse-tête pour la conservation des forêts de M'sila, qui s'est vu refuser par quelques citoyens la mise en œuvre du projet de fixation des dunes. Ces gens utilisent l'emplacement de la dune qui s'est déplacée, nous a-t-on expliqué au niveau de l'APC, place qui, après le déplacement de la dune, s'en trouve gorgée d'eau. Ils n'ont, après coup, aucune difficulté pour s'adonner à leur culture spéculative en semant particulièrement la pastèque. La conservation des forêts semble être désarçonnée face à cette situation et a été empêchée par ces personnes de lancer les travaux de fixation d'une partie de la dune. Le même conservateur nous a confirmé cela et nous a déclaré : « Les gens n'ont aucun titre de propriété sur ces endroits et comptent mener à terme le projet de fixation des dunes. » On construit sans permis L'autre caractéristique de la commune de Medjedel réside, dira le P/APC, dans le fait que l'agence foncière de Bou Saâda, et ce, depuis sa création au début des années 1990, n'a jamais pu réaliser de lotissements au niveau de cette commune quand bien même la demande était importante. Et d'ajouter : « Aucun citoyen de cette commune ne dispose de titre de propriété et tout le monde construit sans permis de construire, et on a laissé faire. » Cette faculté de l'APC à « laisser faire » en matière de construction a ouvert la voie à l'arbitraire en matière de destruction, dès lors qu'il s'agit, diront des citoyens, de pauvres citoyens qui entament la construction de leurs habitations. Ce n'est pas le cas, précisent-ils, quand il s'agit de personnes influentes, qui ne sont nullement inquiétées et bâtiront leurs habitations en toute sérénité. C'est une discrimination, disent-ils, qu'ils ne sont pas près d'accepter.