Le discours de John Kerry, Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères des Etats-Unis a été extrêmement diplomatique et modéré et a surpris pas mal d'observateurs politiques qui s'attendaient à ce qu'il annonce une attaque imminente contre la Syrie. Certains pays, comme Israël, ont même distribué des masques à gaz pour leur population. Des chaînes de télévision ont préparé leurs équipes sur le terrain et aux alentours des frontières avec la Syrie. Pour la première fois, les Etats-Unis, gendarmes du monde, ont pris tant de temps pour préparer l'opinion publique américaine à une action évidente et annoncée depuis plus d'une année, lorsque le président Obama, lui-même, avait tracé à Bachar la ligne rouge à ne pas dépasser. Kerry a précisé que «le président a pris plusieurs jours», car il est important qu'il se pose des questions et anticipe les éventuelles réponses avant d'entreprendre une quelconque action, dont les conséquences peuvent être regrettables. Il précise cependant que l'attaque à l'arme chimique perpétrée aux alentours de Damas le 21 août dernier a été dévastatrice pour la population syrienne. Il parle des milliers de sources qui confirment à l'opinion publique l'évidence même qu'il s'agit bien d'un armement chimique. Les services de renseignement américains ont recueilli, quant à eux, de nombreuses informations dont certaines ne peuvent pas être rendues publiques pour protéger les sources et les méthodes, mais seront mises à la disposition du Congrès américain, seul représentant du peuple. D'autres, par contre, seront révélées à l'opinion publique internationale en général et celle américaine en particulier, pour qu'elle puisse juger elle-même de la gravité de la situation dans cette région du monde. 1- Que connaissaient concrètement les renseignements américains et français ? Avant l'intervention du président Obama, le jeudi 20 août, puis celle de son Secrétaire général aux Affaires étrangères, le magazine Foreign Policya a indiqué que les services de renseignement américains auraient intercepté une conversation entre un responsable syrien et le chef de l'unité des armes chimiques. Ce dernier, selon cette source, paniquait et ne savait certainement pas d'où venait l'ordre de cette attaque non prévue dans son programme, alors qu'elle devait être de son ressort. Deux jours après et suite à la réunion du comité de sécurité américain autour d'Obama, voici le classement des faits que les renseignements américains disent avoir vérifié, selon la déclaration de Kerry et qu'un document de 9 pages mis en ligne par les Français confirme : le régime d'Assad est le seul au Moyen-Orient qui dispose d'un vaste programme d'armement chimique ; - le régime a utilisé à plusieurs reprises cet armement au cours de cette année, peut-être en quantités réduites dans le même endroit que l'attaque du 20 août et contre sa population ; - le pouvoir en place à Damas connaît la progression de l'opposition, mais depuis plusieurs jours durant ce mois d'août il a montré une très grande frustration de ne pouvoir les atteindre avec des armes classiques pour en finir. Trois jours avant cette attaque, le personnel en charge des armements chimiques était sur le terrain pour des préparations en vue d'une éventuelle attaque par la distribution des masques à gaz et les précautions diverses ; - les renseignements américains ont réussi à obtenir toutes ces instructions avec précision ; - ils savaient aussi d'où étaient parties les rockets, à quelle heure et où elles ont atterri. En bref, les zones des opérations sont entièrement contrôlées par le régime Assad ; - il est plus que certain que ces missiles visaient l'opposition, puisqu'ils ont atterri dans les zones que cette dernière contrôle. Ensuite, Kerry a dû rappeler ce que le monde entier a vu sur les chaînes de télévision comme horreurs qu'il a tenté de décrire, dans le seul but de stresser sur la gravité de l'acte que peut-être certains Occidentaux n'ont pas encore vues. Il a souligné que le gouvernement américain était formel sur le bilan qui se chiffre à 1429 morts, dont 426 enfants, en précisant que même les équipes médicales qui devaient sauver la population ont été elles-mêmes intoxiquées par le gaz chimique. Le même jour de l'attaque, Kerry avait eu une discussion téléphonique avec son homologue syrien pour lui demander s'ils n'ont rien à se reprocher et qu'ils permettent aux inspecteurs de l'ONU de se rendre sur les lieux pour vérifier tout cela. Mais le régime a tergiversé pendant près de cinq jours afin d'effacer toutes les preuves possibles. Pour les Etats-Unis donc, il n'y avait aucun doute sur la culpabilité du régime Assad dans ce massacre, et il ne s'agissait plus de savoir qui avait fait quoi, mais plutôt que devait-on faire en commun dans le monde pour y remédier à l'avenir ? Il a rappelé, et c'est là où il a renoué avec la diplomatie que 180 pays ont ratifié la Convention contre l'utilisation des armes chimiques y compris l'lran, l'Irak et le Liban. Cela, devait-il préciser, était important pour notre sécurité, celle de nos alliés comme Israël, nos très proches amis jordaniens, la Turquie et le Liban. Il y va de la crédibilité de tous les signataires de cette Convention s'ils ne font rien aujourd'hui pour donner une leçon à ce «voyou» d'Assad. Il a essayé vainement de citer quelques alliés qui reconnaissent la responsabilité du régime syrien dans cette attaque. La Ligue arabe, certaines organisations islamiques, la Turquie, le plus vieil allié la France, l'Australie, mais n'a pas soufflé mot sur la Grande-Bretagne. Il semblait extrêmement clair en avertissant que son pays n'attendrait pas un mandat du Conseil de sécurité, mais il continuait de discuter avec le Congrès, les alliés et surtout le peuple américain pour que le président Obama prenne une décision en fonction de leur propre opportunité, propre évaluation de la situation, et surtout de leurs propres intérêts. Ce qui est énormément surprenant, c'est que pour la première fois un haut responsable de ce niveau reconnaissait ouvertement que le peuple américain était fatigué de la guerre, et lui aussi. 2- Que pouvaient faire concrètement les Etats-Unis ? Le fait qu'ils soient exténués de leurs interventions en permanence dans le monde ne devrait pas les soustraire de leur responsabilité d'être solidaires d'une action concertée pour punir Assad d'avoir utilisé des armes de destruction massive. Mais les Etats-Unis garderont à l'esprit leurs amères expériences en Irak, Afghanistan et Libye qu'ils ne doivent plus refaire quels que soient les circonstances et le contexte. Il devait s'agir, et lorsque le président aurait pris la décision, de tirs précis, ciblés, limités dans le temps et qui ne visaient en aucun cas la chute du régime, mais une paralysie de ses principaux centres des opérations des armements chimiques. On aurait compris que les Etats-Unis ont tout préparé dans le moindre détail. La France, la Turquie et l'Australie suivront avec de la logistique comme d'habitude. Mais jusqu'à la décision du Congrès américain, les diplomates de cette coalition encore faible ont tenté de faire adhérer d'autres membres. Quel que soit le cas de figure, il n'y aura pas de troupes au sol, et la frappe devait s'arrêter au plus tard au bout de 72 heures. Même si elles seraient courtes, la coalition ferait en sorte qu'elles accéléreraient le processus politique par l'obtention des compromis des uns et des autres. 3- Pourquoi le parlement anglais n'a pas approuvé la frappe ? L'analyse du Parlement anglais ne s'est pas trop éloigné pas trop de la logique des relations politiques internationales en dépit de leur alliance historique et extrêmement intime avec les Etats-Unis. Les Anglais se disent pourquoi sortir du cadre de l'ONU ? Pourquoi ne pas attendre le rapport des inspecteurs de l'ONU et le présenter aux membres du conseil de sécurité ? Que la preuve soit diffusée à l'opinion publique mondiale sous l'égide des Nations unies. Le Parlement anglais cherchait un artifice juridique pour justifier voire légitimer cette frappe aux yeux du monde entier en général et des Syriens eux-mêmes en particulier. Maintenant, si les Russes et les Chinois persistent dans l'utilisation de leur droit de veto comme membres permanents du conseil de sécurité, et qu'après examen minutieux du rapport d'analyse de la situation sur place par les inspecteurs de l'ONU, il sera prouvé que le régime syrien présente un danger imminent des pays de la région, le secrétaire général de l'ONU pourra passer outre le conseil de sécurité par convoquer carrément l'assemblée générale pour traiter la question. Dans le prolongement de l'analyse, il ne faut pas oublier que ce soit Assad ou son père Hafez, ils ont toujours fait en sorte que la Syrie constitue une digue contre l'expansionnisme nord-américain au Moyen-Orient, surtout après l'occupation de l'Irak. Mais le véritable protagoniste de ce projet se trouve être en réalité un vieux rêve du président israélien Pères, qui pousse pour cet objectif depuis les années 1980. La Syrie a refusé tous les diktats des Etats-unis et d'Israël au Moyen-orient, a soutenu la résistance irakienne, celle libanaise et le droit national du peuple palestinien. Donc, le Parlement anglais sait très bien l'influence des lobbies juifs aux Etats-Unis et que la décision n'appartient pas à Obama seul qui ambitionne grâce à son prix Nobel de la paix de rentrer dans l'histoire américaine parmi les présidents les plus populaires. Le président américain est dans les secrets des dieux, il connaît ce que de nombreux pays ignorent. Si le président américain subit des pressions de la part de ce lobbysme, autant qu'il s'embarque seul dans cette galère propre aux Etats-Unis. D'ailleurs, les derniers sondages ont montré que ni les Français (65%) ni les Anglais (72%) et encore plus les Américains (54%) n'approuvent cette frappe. 4- Pourquoi Obama voulait-il entraîner les républicains ? C'est rare et depuis fort longtemps qu'un président de la plus puissante nation du monde demande un débat au congrès pour obtenir le feu vert pour des manœuvres militaires qui rentrent dans le cadre de ses prérogatives pour la mise en œuvre de sa stratégie de politique extérieure. N'est-il pas vrai et on n'arrête pas de le répéter que le développement de la crise syrienne perturbe les intérêts américains et ceux de ses alliés dans la région ? L'association irano-syrienne menacerait Israël en premier lieu et la Jordanie et les autres alliés accessoirement. Obama tente donc de transférer les pressions exercées sur lui par les lobbys juifs vers les républicains. Mais un tel revirement peut aussi mesurer l'ampleur et la gravité de la décision qui au départ semblait un bricolage militaire, aurait pris une autre tournure voire un troisième scénario dont seule l'équipe Obama a les éléments qu'elle va certainement exposer au Parlement américain. C'est peu probable mais possible que ni le Mossad ni les services de renseignement américains n'ont pu évaluer avec précision la capacité de réaction du régime Assad. En effet, dans sa panique, il pouvait envoyer des missiles remplis de gaz de sarin vers son voisin israélien, lequel voisin auarait riposté en touchant par ricochet un autre. Ceci aurait déclenché la symbolique des années 60 pour que de nombreux pays arabes se solidarisent avec la Syrie. Cette solidarité pouvait lui donner des idées pour punir la Turquie, voisine de l'Europe. Cela va certainement réveiller l'armée de l'OTAN qui fera sortir la Russie de sa neutralité interventionniste et ainsi de suite pour en définitive internationaliser le conflit pour ne pas employer l'expression d'un expert la «Troisième guerre mondiale». 5- Que connaissait Obama que Kerry n'a pas révélé à la presse ? Ce que le monde entier croit, c'est ce que les services de renseignement américains donnent ou veulent bien donner à la presse, en plus de quelques intelligences de certains pays de l'Europe de l'Ouest, comme la France, l'Angleterre et l'Allemagne. Cette question a d'ailleurs entraîné la France dans un débat politicien interminable. Ce pays a dit disposer de preuves formelles que c'est Bachar Al Assad qui est à l'origine de cette attaque chimique mais évite de les présenter au conseil de sécurité pour faire détourner l'opinion française des vrais problèmes. Toujours est-il qu'au moment de l'attaque chimique, on a donné le régime d'Assad comme très soutenu par la population syrienne, qu'il est en train de reconquérir le pays progressivement. Ces dix dernières années au Moyen-Orient, l'Irak a été occupé, la Libye a dû capituler, la Syrie au contraire non. Par sa plus grande cohésion interne, ses forces armées plus puissantes, des alliances internationales plus solides ou parce qu'il n'y a pas encore eu d'intervention militaire directe des puissances étrangères ? La Syrie n'aurait pas pu résister en comptant seulement sur l'armée. Elle a résisté parce qu'elle a pu compter sur une base populaire. En outre, elle a pu compter sur l'alliance avec l'Iran, la Chine, la Russie. Et si la Syrie reste debout, tôt ou tard cette opposition fabriquée de toutes pièces tombera parce qu'il deviendra clair qu'il n'existe que la voie des urnes qui a déjà donné un avantage au régime en place. Si tel est le cas, pourquoi le régime utiliserait-il un armement chimique contre sa population et aux alentours immédiats de Damas ? Il y a deux possibilités : ou il s'agit d'une erreur dans le circuit de commandement syrien, ceci expliquerait la panique des responsables de l'armement chimique dans leur conversation interceptée par les services de renseignement américains. Dans ce cas, le régime doit-il assumer cette erreur pour peut-être assouplir sa position et revenir à une solution politique ? C'est une forme de pression que les Etats-Unis pourraient utiliser sur Assad pour l'obliger à prendre part à une négociation et un dialogue en vue d'une solution politique qui exige des compromis. N'est-ce pas une occasion propice pour lui rappeler le gâchis de ses troupes ? Mais-encore faut-il contourner les pressions lobbyistes sur Obama qui voulaient à tout prix cette frappe. La deuxième possibilité serait que le régime est aux abois, encerclé autour de Damas, et c'est pour se soulager qu'il a utilisé sciemment les gaz neurotoxiques pour dissuader ses assaillants. Dans ce cas, la moindre petite frappe de l'alliance fera chuter le régime en moins de temps que prévu. Les conséquences seront une «libyielisation» des pays de la région, ce qu'aucun pays riverain ne souhaite à part la Turquie qui en profiterait pour prendre le leadership, surtout avec l'affaiblissement politique et économique de l'Egypte. Pour comprendre tout cela, il faudrait peut-être revenir à la genèse de ce qu'on pourrait appeler la guerre civile en Syrie. 6- Comment sont formés les groupes islamistes en Syrie ? La Syrie dans sa révolution ne diffère pas de la l'Algérie, la Tunisie, le Yémen ou l'Egypte. Les jalons de la révolution ont commencé comme dans les pays cités plus haut par les mesures libérales adoptées en 2005. Cette politique a eu trois effets négatifs : une augmentation des inégalités sociales ; l'exclusion sociale de plus en plus diffuse dans les banlieues de Damas ; la dégradation des conditions de vie de la population. Cela a favorisé l'émergence de forces dormantes, comme les Frères musulmans, qui se sont appuyées sur le sous-prolétariat, surtout rural. Le régime n'a pas pu anticiper les aspirations, il leur a été inaudible jusqu'à l'explosion qu'il n'a pas pu contrôler comme partout dans les pays du printemps arabe. En Syrie, ils veulent refaire ce qui s'est passé en Egypte et en Tunisie. Mais là, il s'agissait de deux pays à économie extravertie et fortement dépendante de l'extérieur. Dans le cas de la Syrie, c'était différent. Ils ont commencé par des manifestations populaires dans les régions rurales de Darâa et d'Idleb, mais dans les villes il y eut immédiatement de grandes manifestations populaires de soutien à Assad. Par ailleurs, au début, la police ne tirait pas, ce sont certains éléments parmi les manifestants qui ont commencé les actions violentes. Dans les sept premiers mois, il y eut plus de morts du côté de la police et de l'armée que dans l'autre camp. Quand la méthode des manifestations ne marchait plus, ils sont passés au terrorisme avec des assassinats ciblés de personnes en vue (dirigeants, hauts fonctionnaires, journalistes), attentats et sabotages d'infrastructures civiles. Le gouvernement a réagi en adoptant certaines réformes comme celle sur le multipartisme et sur la liberté de la presse, réformes fortement soutenues par les différents acteurs politiques. Mais les forces islamistes ont rejeté ces réformes. La tactique de la coalition autour du pouvoir se basait sur le principe que les discours et les actes doivent être confrontés aux discours et aux actes. Mais le terrorisme doit être confronté par la souveraineté de la loi en rétablissant l'ordre. Ensuite, on est passé à la troisième phase. La véritable révolte armée. Attentats et assassinats ciblés étaient le signal pour commencer l'attaque contre Damas. Puis, les attaques se sont concentrées contre Alep, qui par sa position géographique rend plus faciles le trafic et le ravitaillement depuis l'étranger. Le gouvernement a réagi en imposant l'hégémonie de la loi. Il convient de dire que l'intervention de l'armée et les bombardements aériens se sont produits dans une zone où l'essentiel des civils avaient déjà fui. A la contre-offensive de l'armée syrienne, les rebelles ont réagi de façon barbare, y compris dans les zones où il n'y avait pas de logistiques militaires et fortement denses en habitations citadines. Pour montrer la vulnérabilité et la promiscuité des pays de la région, de nombreux observateurs politiques pensent qu'il y a un rapport dialectique entre ce qui s'est passé en Egypte et ce qui se passe en Syrie. La base commune, c'est le mécontentement populaire, mais la résistance syrienne a accéléré la chute du régime des Frères musulmans en Egypte et cela aidera beaucoup la Syrie s'il est réellement prouvé que le rejet des Frères musulmans est populaire ; dans ce cas même, si le régime Assad tombe, il n'y a aucune chance pour que les islamistes prennent le pouvoir. En Syrie plus particulièrement et par comparaison des peuples de la région, la notion d'Islam politique est très peu utilisée. On reconnaît par contre une certaine diversité de l'Islam. Il y a des réactionnaires pro-américains voire même sionistes comme les Frères musulmans, Hezbollah. Ils ont tout de même une certaine sympathie avec l'Islam iranien qu'ils considèrent comme leur condisciple dans la lutte contre le sionisme et l'impérialisme dans la région. Pour eux, ces rebelles sont au service des milliardaires de la région et leur avidité du pouvoir de l'argent les pousse vers un comportement fasciste comme cela s'est historiquement passé en Espagne avec les franquistes ou au Nicaragua, etc. Il faudrait peut-être signaler que l'influence et le rôle du Qatar diminuent et avec elle celle des Frères musulmans, par contre ceux de l'Arabie Saoudite augmentent. L'affaire des affrontements avec les Kurdes est un autre front qui complique la crise. Il y a eu des affrontements entre Kurdes de l'Union démocratique kurde et les militants djihadistes d'Al Nusra, mais il y a eu également des affrontements entre divers groupes kurdes. L'Arabie Saoudite fait le contraire de ce qu'elle entreprend en Egypte sans aucune stratégie, faisant ainsi croire à un vrai suicide politique tout en affectant l'ensemble du Moyen-Orient. La monarchie jordanienne, quant à elle, a toujours collaboré avec les Américains, et il y a une intense activité des Frères musulmans. La Jordanie a accepté la présence de militaires américains sur son territoire, et la quatrième attaque contre Damas est partie justement du territoire jordanien. Israël a plus de contacts faciles avec les rebelles qu'elle soutient logistiquement, mais quand ils n'arrivent pas à toucher leurs objectifs, ce sont les avions de combat israéliens qui prennent le relais. Cela s'est passé à Damas, mais aussi il y a quelques jours à Latakia. 7- quelle solution pour la Syrie ? Le sujet a alimenté de nombreuses tables rondes et de discussions dans le monde. Les politologues, en panne de théorie et de modèle pour expliquer ou décrire la crise syrienne qui a duré en comparaison aux autres pays de ce qui est appelé communément le Printemps arabe, tentent vainement d'ailleurs de justifier l'intervention militaire de la coalition mondiale contre la Syrie comme une action humanitaire pour venir en aide à un génocide perpétré par un «dictator's wanton use» contre son propre peuple. Or, les relations internationales se tissent sur la base des intérêts mutuels des nations. Il n'y a pas de place aux sentiments tels que l'amour, la haine, la philanthropie ou l'humanisme, sinon comment expliquer qu'il a fallu attendre plus de 110 000 morts pour qu'enfin la communauté internationale réagisse. Il ne faut pas être dupe, une aussi violente réaction montre la crainte de l'utilisation des armes de destruction massive qui menacent ses intérêts dans la région. Ensuite, la longévité et l'hérédité du pouvoir n'est pas spécifique à la Syrie, mais c'est le cas de tous les pays arabes, la majorité des pays africains, certains pays de l'ancienne URSS, la Chine et bien d'autres pays. Ce n'est pas avec les recettes occidentales que les choses changeront, mais il appartient aux peuples de ces régions du monde de mener la transformation. Les révolutions arabes, l'indignation des peuples qui ont goûté à la démocratie vont certainement contribuer à faire avancer les choses pour peu qu'on leur donne le temps pour unematuration politique. Donc, le principal moyen de sortir du massacre syrien passe d'abord par un arrêt des aides à l'opposition armée de la part des pays qui attisent le feu pour leurs propres intérêts. Une fois que les aides extérieures seront arrêtées, il serait facile de mettre un terme à toutes les opérations militaires, y compris de la part du gouvernement syrien. C'est uniquement de cette manière que pourra être relancé un processus démocratique avec des élections législatives et des réformes politiques, ce qui n'est évidemment pas possible dans cette phase de la lutte armée. L'avenir politique de la Syrie se décidera par les urnes, notamment celles présidentielles de 2014. Il se trouve que la Russie en premier lieu, la France et les Etats-Unis, puis viennent les pays arabes ont le pouvoir d'y contribuer, alors pourquoi une intervention militaire qui fera encore plus de dégâts ? Les tenants et aboutissants des combattants rebelles restent encore peu connus dans le cas de la Syrie.