Une seule certitude : la planète bouge et peut provoquer de temps à autre des séismes dévastateurs. Encore aujourd'hui, la communauté scientifique n'est à même de prévoir la survenue d'un séisme. Des prévisions, non mais des prédictions, oui ; c'est-à-dire que la communauté scientifique peut estimer la probabilité de survenue d'un séisme dévastateur, mais sans savoir où et quand le tremblement de terre surviendra. L'approche repose davantage sur un rapport de probabilité mathématique, le calcul scientifique apportant mesure et certitude n'existe toujours pas. Ainsi, aujourd'hui, les sismologues peuvent répondre à la question du comment et du pourquoi, mais toujours pas du quand et où. Pourquoi des séismes ? « La Terre est recouverte d'une carapace constituée de plusieurs plaques mobiles. Les systèmes de failles qui permettent à ces plaques de bouger les unes par rapport aux autres sont des zones de fragilité : c'est précisément là qu'ont lieu les séismes. La plupart des séismes dévastateurs naissent dans les 20 premiers kilomètres de la croûte terrestre », explique un sismologue Pascal Bernard dans le mensuel Pour la Science de mars dernier. Le globe est ainsi divisé en plaques, lesquelles se chevauchent et se frottent par un mouvement continu. Cependant, lorsque la pression est trop grande, la décharge d'énergie se manifeste sous forme de séisme. Il y a des microséismes, à peine ressenties, entre la plaque asiatique, eurasienne au nord et la plaque africaine, par exemple. Et le seul élément de mesure connu et exploité par les sismologues est le sismographe. Ces instruments permettent de mesurer les ondes qui se propagent lorsqu'une plaque en « érafle » une autre. Les données sont enregistrées par les centres de sismologie répartis dans le monde. Ainsi, « lorsqu'un séisme se produit quelque part dans le monde, tous les sismologues du monde entier ont accès en une demi-heure environ à l'ensemble des données disponibles qui ont été vérifiées et validées », rappelle Pascal Bernard. Mais attendre d'un sismographe qu'il prédise l'avenir paraît aussi aléatoire que d'observer une boule de cristal. La seul « certitude » sur laquelle se rejoint l'ensemble de la communauté scientifique est que certains points du globe sont plus susceptibles que d'autres de connaître des séismes de forte ampleur. Sont désignés Los Angeles, Tokyo et Istanbul. Sur quelle base ? Pascal Bernard, dont la conférence a été retransmise sur la radio française France culture, rapporte que « l'approche diffère selon la région et le pays concerné. Ainsi, si l'on veut prédire à long terme, on répertorie tous les séismes historiques ou paléohistoriques. Les prévisions à moyen terme s'intéressent plutôt à une faille particulière : on en connaît le cycle moyen (la périodicité des séismes), et l'on sait qu'elle a accumulé des contraintes depuis plusieurs centaines d'années ». Et d'ajouter : « Le dernier grand séisme de la faille de San Andreas a eu lieu en 1857 dans la région de Los Angeles. Or la faille de San Andreas glisse à cet endroit de 3,5 cm par an, et elle a glissé de cinq mètres lors du séisme de 1857 : la faille est mûre pour casser. A Tokyo aussi on attend un grand séisme selon des calculs équivalents. A Istanbul également : la grande faille nord-anatolienne est l'équivalent méditerranéen de la faille de San Andreas. Elle glisse un peu moins vite, deux centimètres par an. Le dernier séisme a eu lieu il y a près de 250 ans dans la mer de Marmara. On pense qu'Istanbul est menacée d'ici une trentaine d'années. Cette estimation résulte d'un calcul indiquant que la probabilité qu'un grand séisme (magnitude 7, voire plus) ait lieu avant 2035 atteint 65%. » Pascal Bernard relève également que les cycles sismiques ne sont jamais réguliers mais « plus l'événement tarde, plus il a de risques d'être important puisque davantage de contraintes se seront accumulées ».