Un millier de personnes réunies et en une seule date sur le site du Medghacen, une prouesse qui fait fantasmer officiels et professionnels du tourisme en Algérie, toujours incapables de transformer le rêve en réalité. Les Amis de Medghacen, une jeune association aux grandes ambitions, a réédité l'exploit, pour la quatrième année consécutive. Les 10, 11 et 12 octobre, le tombeau numide (30 km au nord de Batna) a été sous la lumière des objectifs des caméras et le sujet de conférences, avant que le marathon éponyme ne draine des centaines d'athlètes avec un finish au pied de l'enceinte millénaire. L'événement a été scientifique, culturel et sportif ; un vrai remède contre l'ennui quotidien à Batna. Le premier jour, historiens, archéologues et cadres chargés du patrimoine auprès du ministère de la Culture se sont retrouvés deux ans après la première journée d'étude qui avait permis de faire un constat sur les tentatives avortées de restauration du mausolée du Medghacen. Les participants ont assisté à la présentation du projet pour la valorisation du patrimoine en Algérie. Le financement du projet de valorisation par l'Union européenne à hauteur de 21,5 millions d'euros est destiné à la restauration de La Casbah d'Alger, le Palais du bey à Constantine et le tombeau numide de Medghacen. Ce programme est «un précédent» dans l'histoire des programmes bilatéraux de l'UE au sud de la Méditerranée, a indiqué Mme Amina Mounira Laâredj, chargée des relations internationales au sein de la mission de l'UE en Algérie. Le projet concerne surtout la société civile, une aubaine inespérée, estime Azeddine Guerfi, président de l'association des Amis de Medghacen et pour qui le projet concerne surtout la société civile, puisqu'il prévoit le financement, la formation, le soutien et l'encadrement de tous les projets liés à la protection et à la préservation du patrimoine. C'est surtout une chance pour réparer les graves endommagements, comme des blessures, occasionnés au tombeau suite à une scandaleuse opération de restauration par bulldozer ! Nouveauté aussi, la présentation des actions prévues par le consortium algéro-catalan de restauration du bâti, associant l'Office algérien de gestion des biens culturel, l'Ogebec et l'espagnol Gerca. Last but not least, cette journée d'étude a été l'occasion de constituer un atelier qui, avec toutes les compétences et des réflexions antérieures, s'est penché sur la réalisation du Centre national de recherche sur l'histoire à l'université Hadj Lakhdar de Batna. En marge de la réunion, des experts du Musée de l'antiquité d'Alger ont animé des ateliers de formation pour des formateurs de restauration et de création de poterie et de mosaïque, des métiers qui ont fait recette dans cette ancienne province romaine voilà près de deux siècles. Avec ces actions, les Amis de Medghasen ont joué le rôle de locomotive qui tire vers l'avant des forces parfois statiques et réfractaires à l'action. Elle intervient aussi comme une courroie de transmission entre les pouvoirs publics qui ont leur propre vision du patrimoine et la société et ses différents segments, y compris l'université qui doit s'impliquer davantage dans les questions du patrimoine dont regorgent les Aurès et qui demeure sous-estimé, comme l'a expliqué l'universitaire Bachir Aguerrabi. En dépit de quelques peaux de banane «oubliées» sur les pistes de l'événement par des clans immatures, le rendez-vous a tenu l'essentiel de ses promesses et promet davantage de surprises pour l'année prochaine.