-Vous venez d'accomplir un événement 3 en 1 ; quels ont été les moments forts de cette 4e édition ? En fait, c'est un événement 4 en 1, puisqu'il comporte le volet scientifique et culturel organisé sous le patronage de Mme la ministre de la Culture, en partenariat avec l'université de Batna, autour de «Medghacen et les sites archéologique dans les Aurès». La rencontre a été marquée par des communications scientifiques de haut niveau, et surtout il y avait trois projets pratiques. Le premier est initié par l'Union européenne pour l'appui à la préservation et la promotion du patrimoine culturel en Algérie. Mme Amina Laâredj, chargée de la coopération internationalede l'UE en Algérie, a présenté ce projet destiné surtout à la société civile qui bénéficie de financements, formation, soutien et encadrement de tous les projets liés au patrimoine sur les trois sites retenus, à savoir La Casbah d'Alger, le Palais du bey à Constantine et le tombeau du Medghacen. Le deuxième, et c'est la bonne nouvelle, concerne la création de la société mixte entre l'Ogebec et la société Gesa qui va prendre en charge le patrimoine bâti en Algérie, le Medghacen étant une priorité pour cette entreprise. Le troisième projet est celui de la création du centre de recherche de l'histoire et de l'anthropologie de l'université de Batna, une initiative dans laquelle nous nous sommes impliqués en tant que société civile, en invitant des chercheurs et des architectes pour participer à la réflexion pour la conception de ce centre. Le troisième volet de l'événement a été consacré au projet de formation des formateurs avec le Musée de l'antiquité d'Alger, pour animer des ateliers de poterie et de mosaïque. Et enfin, le quatrième Marathon international de Medghacen qui reste l'occasion pour nous de parler du patrimoine au grand public. Cette édition s'est distinguée par la participation de 834 athlètes de 12 nations. -En parlant de société civile, on voit que votre association est la locomotive de cette dynamique. Sur quoi est basée votre stratégie ? Notre idée est d'intéresser les Aurésiens à leur patrimoine. Nous avons programmé plusieurs actions destinées aux jeunes, au grand public, et bien sûr un travail destiné aux institutions. Chaque action a un but précis, comme par exemple cette formation des formateurs qui permettra à chaque participant de faire bénéficier son environnement proche de ses acquis. C'est un savoir que l'on peut apprendre rapidement. Les jeunes peuvent maîtriser et reproduire certaines poteries ou mosaïques, ce qui peut être une nouvelle opportunité pour l'artisanat local. La poterie et les mosaïques romaines ont été réalisées des mains de nos ancêtres. Ce savoir-faire a disparu aujourd'hui, hélas ! Il faut des actions mobilisatrices autour du patrimoine, comme on le fait à travers les événements sportifs : le marathon ou les trails. Et on peut aussi, comme on l'a fait durant la journée d'étude, agir par la réflexion pour passer de la vulgarisation à l'action pratique. -Pour réaliser tout cela, vous avez besoin de fédérer les efforts des autorités centrales et locales... Vous savez, on ne peut pas travailler seuls. Cette année, en plus de la DJS, on a élargi le partenariat à l'ensemble des pouvoirs publics, notamment les responsables des communes où passera le marathon, et nous avons été surpris et honorés, puisque le wali de Batna a présidé la réunion de coordination et s'est impliqué personnellement en donnant des instructions pour que tout le monde nous aide dans ces projets. -Cela dit, l'événement a aussi été marqué par des couacs... Vous savez, un événement ne peut pas être parfait à 100%. Pour cette année, nous avons initié un Village expo-marathon, constitué d'une dizaine de chapiteaux. Cet espace a été conçu pour abriter des ateliers pour l'initiation à l'art de la mosaïque et de la poterie des enfants. Des chapiteaux pour l'infirmerie et la kinésithérapie, un pour la restauration et les autres étaient destinés aux artisans locaux (tissage, poterie, tapis…). Malheureusement, l'ensemble des activités a été annulé à cause de l'absence d'électricité, car des responsables de la daïra d'El Madher n'ont pas tenu leurs engagements, ce qui est un manquement très grave. Un autre point qui nous a piégés, c'est que les responsables de la même daïra s'étaient engagés à nous fournir 40 cadeaux. Une heure avant la remise des prix, on nous informe qu'ils n'en ont que dix. Cela nous a complètement perturbés et obligés de faire des achats symboliques dans l'urgence afin de pouvoir honorer nos engagements vis-à-vis des athlètes. Je profite de l'occasion d'ailleurs pour présenter aux délégations et aux athlètes mes excuses et ceux de l'association. Nous nous engageons envers tous ceux qui n'ont pas eu leurs cadeaux de les leur envoyer à domicile. Il y a eu aussi, je l'avoue, des erreurs qui nous incombent aussi ainsi qu'à la Ligue d'athlétisme, à cause d'une mauvaise coordination, notamment concernant le ravitaillement en eau. -Quels sont vos projets pour 2014 ? En dehors du rendez-vous sportif, il y aura l'exposition de Kaïs Djilali intitulée «Aurès : patrimoine, mémoire et résistance», en partenariat avec l'AARC et qui va faire le tour de 9 capitales du monde. Le deuxième événement est l'exposition réalisée par les enfants «Ton regard sur ton patrimoine» qui a une très forte demande de l'étranger et j'espère qu'elle voyagera avec une dizaine d'enfants. Bien sûr, nous allons continuer à travailler sur le patrimoine et, cette année, nous allons nous pencher sur un aspect patrimonial très cher, en l'occurrence les cédraies de Bellezma, et nous comptons initier une grande action avec divers institutions pour sauver cette cédraie.