Des familles souvent nombreuses occupent des appartements d'à peine 66 m2. Au quartier les Dunes, dans la commune de Mohammadia, deux immeubles datant de l'époque coloniale abritent près d'un millier de familles. Faisant face à la mer, ces deux barres d'immeubles, d'allure cubique, grouillent de monde. Telle une fourmilière en effervescence, l'activité au sein de ce microcosme est particulièrement intense. L'architecture «avant-gardiste» de ces bâtiments, construits durant les années 1950, n'a pas imprégné ses résidants d'un quelconque assortiment social inhérent à ce style d'habitations. De cette multitude de logements juxtaposés harmonieusement et équidistants, émane une dynamique typique des douirette. «Nous vivons comme à l'ancienne. La voisine du dessus emprunte du sel chez celle du dessous et vice versa. Dans nos appartements, nous n'avons presque pas de murs», se plaît à dire une mère de famille. Ces logements, de type F3 et F4, ont été occupés juste après l'indépendance par des familles qui s'y sont confortablement installées. La superficie, 66 m2, suffisait alors à contenir tous les membres de ces familles. «Maintenant que les enfants ont grandi, nous sommes obligés de dormir à tour de rôle», s'emporte Zoubir, un père de famille, dont l'un de ses fils occupe actuellement une chambre dans l'appartement, avec femme et enfants. «Nous étions obligés de marier l'aîné de mes enfants, parce qu'il a atteint l'âge limite. Ses autres frères doivent la plupart du temps dormir dans la voiture ou se relayer sur les trois matelas installés dans le salon», poursuit-il. La situation de ces habitants a complètement changé. La vétusté des logements et leur exiguïté les ont plongés dans une misère affligeante. Même les vide-ordures, dont les résidants s'en vantaient, ne fonctionnent que par intermittence, car la plupart du temps ils sont bouchés : «Les agents de l'OPGI arrivaient par le passé à les déboucher, mais maintenant que certains de ces travailleurs sont vieux et proches de la retraite, ils ne peuvent plus assumer une telle tâche», ironisent les résidants. L'insalubrité qui règne dans les cages d'escalier est déconcertante : «En dépit du nettoyage effectué périodiquement par les concierges, l'insalubrité dans les cages d'escalier est quasi permanente», dira un habitant. D'après le président d'APC de Mohammadia, dont dépend administrativement le quartier, «les agents de l'APC interviennent souvent pour déboucher les vide-ordures, car il y va de la sécurité des habitants. Les ordures peuvent prendre feu», déclare-t-il. Et d'ajouter : «Nos équipes chargées de la collecte des déchets ménagers passent deux fois par jour, et ce, afin de venir à bout des ordures qui s'amoncellent dans les moindres recoins de cette cité populeuse.» Le président de l'APC assure par ailleurs : «Nos services ont enregistré près de 5000 demandes pour le logement social. Les habitants de la cité les Dunes auront certainement la priorité, car ils vivent dans des conditions lamentables.»