Le taux de chômage en Algérie a baissé de plus de moitié entre les années 90 et 2010. Actuellement le taux de chômage est de 10%, selon les chiffres officiels. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a même annoncé que le FMI prévoyait un recul du taux de chômage à 9,3% au cours de l'année 2013. Néanmoins, la baisse impressionnante du taux de chômage en Algérie ne reflète nullement l'augmentation de l'emploi, si ce n'est une hausse démesurée de l'emploi informel. Dans un rapport conjoint consacré aux tendances de l'emploi et de la croissance économique dans le monde arabe, le Pnud et l'OIT ont indiqué que l'Algérie est le pays arabe ayant enregistré la plus forte baisse du chômage en deux décennies mais avec une augmentation, toutefois, de l'emploi informel. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, évoquant le travail et l'emploi en Algérie, affirme que les postes de travail créés de 2010 à fin juin 2012 représentent près de 83% des 3 millions de postes promis par le gouvernement. Ce pourcentage représente, selon M. Sellal, 2 343 510 postes de travail, dont 1 249 008 postes dans le secteur économique et 1 094 530 postes dans le cadre du dispositif d'emploi et de réinsertion professionnelle. Le Premier ministre soutient que les mécanismes relatifs au filet social ont permis la création de 1 083 935 postes de travail, soulignant dans ce sens l'importance de la promotion de l'investissement en tant que générateur de postes d'emploi. M. Sellal a également précisé que le seuil de 3 millions de postes de travail sera atteint et même dépassé d'ici juin 2013. Malgré le fait que le gouvernement rassure, chiffres à l'appui, quant à la création de millions d'emplois durant ces dernières années, il est difficile de croire que le jeune Algérien ne souffre pas du chômage. Il suffit de comptabiliser les émeutes des jeunes chômeurs pour se rendre compte que le problème est répandu. Pour les experts économiques, les montants colossaux versés par l'Etat n'ont pas abouti à la baisse du taux d'importation ni à créer de nouveaux postes d'emploi. Ils parlent d'échec des politiques d'emploi et d'intégration adoptées jusqu'à maintenant. Pour les experts, il y a absence d'une politique économique claire et à long terme qui permet de créer des postes d'emploi permanents. Pour créer des emplois il faut avoir une politique d'investissement. Il faut développer certains secteurs porteurs comme le bâtiment, les TIC, l'agriculture ou encore le tourisme. C'est en développant l'investissement qu'un réel marché de l'emploi peut être créé. Comme il s'agira d'une offre spécialisée, il faudra développer la formation afin de la satisfaire. Autrement dit, il faut penser à former selon les besoins et parallèlement à la croissance des secteurs économiques porteurs. Actuellement, et à titre d'exemple, le secteur du bâtiment est en plein essor pourtant ses offres d'emploi ne sont pas satisfaites par la main-d'œuvre algérienne. Le gouvernement importe de la main-d'œuvre de pays tels la Chine, l'Inde, l'Egypte et la Turquie. La raison est l'absence d'homogénéité entre l'école et l'économie nationale. Aujourd'hui, le gouvernement propose une politique de création d'emplois précaires et temporaires, déclinée dans un plan d'action pour la promotion de l'emploi et la lutte contre le chômage. Du contrat de pré-emploi au dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (Daip), en passant par les dispositifs d'aide aux jeunes promoteurs et le contrat d'emploi aidé, le constat est sans équivoque : cela n'a pas permis d'endiguer de manière durable le chômage des jeunes. L'Etat ne peut pas continuer à trouver des solutions conjoncturelles comme celles qui ont suivi les événements qu'a connus l'Algérie durant le mois de janvier 2011, avec les pressions des demandeurs d'emploi dans la majorité des wilayas du pays. Une situation, rappelons-le, qui a poussé le gouvernement a lâché du lest en proposant d'accélérer les démarches d'accès aux prêts Ansej. Le gouvernement tente de répondre aux préoccupations des jeunes à travers l'amélioration des dispositifs d'insertion qui existent déjà, omettant ainsi de penser à faire de l'emploi le nœud focal d'une politique économique claire. La mise en place des différents dispositifs de création d'emplois tels que la Cnac, l'Ansej, l'Angem etc, a montré ses limites. La réticence des établissements financiers envers les jeunes chômeurs qui désirent lancer leurs propres PME/PMI, s'est répercutée négativement sur la réussite de cette politique de l'emploi. L'Etat doit donc penser à nouveau sa politique économique en créant une liaison obligatoire entre l'université et les entreprises, en développant la formation professionnelle et en mettant en place une politique d'investissement claire. Il faudrait arriver à un équilibre entre l'offre et la demande en matière de création de postes d'emploi. Et pour ce faire, il faut mettre en place un plan reposant essentiellement sur une démarche économique de promotion des secteurs comme le Btph, l'industrie, l'agriculture et le tourisme. Ces secteurs pourront offrir d'énormes potentialités pour résorber un nombre important de chômeurs et faire face à la demande croissante d'emplois. H. Y.