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voilà comment est né le COA...
Larfaoui Mustapha. Cofondateur du coa en 1963, 5 fois président de la fina
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2013

«La nation, ce n'est plus un peuple mais une équipe. Ce n'est plus un territoire mais le stade. Ce n'est plus une langue mais les beuglements des supporters.»
Marc Perelman
Le parcours de Mustapha se confond avec son travail : solide, charpenté, plus soucieux d'efficacité que du m'as-tu vu ? Il est de ceux qui pensent que le vrai se réduit à l'utile, la connaissance à l'action. Bref, plus épris de sa liberté que de sa réputation, c'est un homme qui a une vie placée très tôt sous le signe de l'audace. Un vieil ami commun, issu de Bologhine, son quartier d'enfance, le flashe en quelques mots : «Mustapha s'est toujours attaché à tempérer ses mérites, à minimiser ses performances.»
Mustapha Larfaoui est né le 27 novembre 1932 à Alger. «Orphelin à l'âge de 2 ans, je n'ai pas eu la chance de connaître mon père, ma mère s'est pliée en quatre pour nous élever ma sœur aînée, mon frère cadet et moi. Notre chance aussi, ce sont nos grands-parents maternels qui ont pu subvenir à nos besoins, ma mère s'est évertuée à nous faire faire des études envers et contre tout.»
Le décor est planté. Alger du début des années trente est touché aussi dans ses entrailles de plein fouet par les effets de la crise économique mondiale de 1929. La période est difficile et les temps sont durs, Mustapha est inscrit à l'école primaire de Saint-Eugène avant de joindre le cours complémentaire au sein de la légendaire école Sarouy de La Casbah. C'est là qu'il décroche son brevet qu'il étrennera aux côtés d'un certificat d'études fièrement acquis : «J'avais des oncles, interprètes judiciaires, l'un deux a insisté pour que j'intègre la medersa d'Alger. C'est ainsi que j'ai passé un concours d'entrée à Ethaâlibia à Sidi Abderrahmane, c'était une école exceptionnelle avec un enseignement en double culture, arabe-français, et des professeurs de haut niveau. On nous enseignait la littérature, la morale et les rituels, la grammaire, le droit musulman, en parallèle du programme français. L'accès était très disputé et les places restreintes. Le cursus durait 6 ans, mais malgré cela on était soumis à un examen de passage en fin de parcours. C'est une école qui a formé beaucoup de cadres. Parmi mes condisciples, Lakhdar Brahimi, le diplomate M. Sahnoun, l'ancien ministre Benhamida, Lachgar Laïd et bien d'autres. Il y avait à la medersa des hommes formidables. Je citerai Abdelkader Nouredine, véritable dictionnaire vivant, El Mechri Aouissi, un puits de savoir, Ould Rouis Boualem, Laâzib Mohamed Tahar, cheikh Bendali Amor, qui excellait dans la traduction. Comment ne pas s'épanouir dans un tel environnement ? Mon succès, c'est une manière pour moi de restituer à notre mère ce qu'elle nous a donné. Malheureusement, elle est partie trop tôt à 73 ans en 1983.»
L'année 1956 restera gravée dans le mémoire de notre interlocuteur. La grève des étudiants déclenchée contre l'occupant oppresseur et la mort pendant la même période du grand maître Ibnou Zekri.
«A l'indépendance, j'étais affecté en tant qu'économe au niveau des colonies de vacances, j'ai fini par être désigné comme directeur à l'hôpital Parnet, en 1962, nommé par l'exécutif provisoire. J'y suis resté presque 10 ans. Après, je suis affecté comme directeur général du CHU de Constantine pendant 2 ans. En 1973, je suis sous-directeur des hôpitaux de la wilaya d'Alger ; en 1984, directeur de la santé de la wilaya d'Alger jusqu'en 1988… année de mon élection à la Fédération internationale de natation.» Puis, mustapha de lever le voile sur sa vie sportive. Comment s'est-il amouraché du sport ?
«Quand j'étais jeune, j'avais des parents sportifs, dont mon oncle Bach Amar Slimane, dirigeant de l'OMSE, qui m'a fait pratiquer la gymnastique et le basket. Dans cette discipline au MCA, il y avait un très grand joueur, Bachtarzi M'hamed, et un dirigeant exceptionnel en la personne de Abdoun Mahmoud. j'ai aussi pratiqué le water-polo dans des conditions particulières après la suspension du MCA par la ligue au début des années cinquante. On ne voulait pas que le Mouloudia vienne inquiéter la suprématie des Européens.»
Une enfance difficile
«Un jour d'août 1962, alors que l'effervescence de l'indépendance battait son plein, Si Abdoun avec lequel j'ai fait mon apprentissage de dirigeant m'a appelé pour me dire : ‘‘Tu vas créer la ligue d'Alger de natation''. aussitôt dit aussitôt fait. Cette structure a été créée et ses fondateurs sont Laoubi Farid, Fakhardji Mustapha, Omar Djadoun, Zidane Ferhat et moi-même. Par la suite, en concertation avec le département d'Oran et de Constantine, on a créé la Fédération, dont j'étais le premier président en 1963. Un beau jour, Sadek Batel, secrétaire d'Etat au sport, accompagné de son directeur des sports, Abdelhamid Bouchouk, est venu me voir avec pour objectif de créer le comité national olympique algérien (CNOA).
L'assemblée générale s'est tenue le 18 octobre 1963 au crédit mutuel algérien, chez M. Agoulmine qui était directeur de cet organisme bancaire, en même temps président de la Fédération algérienne d'athlétisme. j'ai été chargé de préparer un projet de statut. L'AG devait dégager 12 membres dont 7 élus, issus des fédérations. Il y avait 2 places pour 3 candidats qui avaient totalisé le même nombre de voix. Ce qui est admirable, c'est l'esprit chevaleresque qui prévalait. Benmerabet Zerouk (tennis) s'est désisté au profit du Dr Bourkaïb Kadour et Mustapha Agoulmine. Cette remarquable sportivité symbolisait déjà l'état d'esprit ambiant. Les autres membres du comité exécutif sont Cherifi Ali (basket-ball), Benbelkacem Amar (handball), Belguedj (boxe), Bourkaïb (volley-ball), Agoulmine (athlétisme), Larfaoui (natation) et le Dr Maouche, qui en deviendra le premier président.
Les 5 désignés étaient : Alem Mohamed (MJS), le capitaine Abdelmadjid Allahoum, Makouf (JFLN), Kaïd (USTA) et Kara Terki (APN). Lors de la répartition des tâches, le poste de secrétaire général échut à Larfaoui Mustapha qui avec Maouche s'envolèrent quelques jours plus tard pour les jeux d'hiver d'Insbruck en Autriche afin de faire reconnaître le COA en février 1964.» «Nous avions reçu l'invitation du CIO pour participer aux JO de Tokyo de 1964, mais nous n'avions pas d'athlètes prêts. Nous avions appris qu'il y en avait un, champion de France en gymnastique, du nom de Lazhari Mohamed. On a pris contact avec lui, il n'a pas hésité une seconde et c'est ainsi que l'Algérie a pris part à ces jeux avec un seul athlète.» Il faut relever qu'en 1963 les dirigeants, dont Larfaoui, avaient estimé que la création de la fédération n'était pas une fin en soi et dans l'ambiance festive et enthousiaste de l'époque, ils avaient considéré qu'il fallait un prolongement en incluant le Maroc et la Tunisie dans une vaste sphère géographique sportive. vous constaterez que l'idée a germé bien avant les politiques.
Le sport dans le sang
C'est ainsi que fut créée la première Union maghrébine de natation en 1963, présidée par Larfaoui. La première participation de l'Algérie à l'échelle internationale aura lieu à Dakar, lors des Jeux de l'amitié en 1963. S'ensuivra une participation aux Games of the new energies forces olympiques à Djakarta, une sorte de rassemblement des pays émergents non-alignés. «Le CIO n'avait pas apprécié, car cette manifestation avait un caractère politique. C'est pour cela qu'on n' y a pas pris part en tant que nation mais au titre de la JFLN», se souvient Mustapha qui précise qu'il a été à l'origine, à Dakar, de la création de la Confédération africaine de natation dont il sera président durant 38 ans, jusqu'à l'année dernière. Mustapha est aussi largement impliqué dans la création de l'Union des confédérations sportives africaines (UCSA) en 1983 à Abidjan.
«En 1987, poussé par la majorité des pays, et contre ma volonté, j'ai battu Lamine Diak à la présidence de l'UCSA. La confiance m'a été renouvelée de 1987 à 2011 à Maputo.» Quant à sa longévité à la tête de la FINA où il a officié durant 5 mandats, il l'explique selon lui par un cheminement normal. Ecoutons-le : «Je suis entré comme membre du bureau exécutif de la Fina à Munich en 1972. Mon objectif était d'exclure la fédération raciste d'Afrique du sud. J'ai fait rallier bon nombre de mes collègues à mon combat. Cela m'a donné une majorité de suffrages, que ce soit en Afrique ou en Amérique latine. On a fini par suspendre l'Afrique du sud en 1976 à Montréal. J'étais vice-président de la FINA. Cela suffisait à mon bonheur. C'était le sommet pour moi. L'idée d'être président ne m'a jamais effleuré l'esprit, mais les membres avaient senti que j'avais un pouvoir et que j'étais pressenti pour une autre destinée. C'est pourquoi la confiance à mon poste m'a été renouvelée en 1980 et 1984.»
En 1986, aux championnats du monde de natation à Madrid, le président de la Fina, l'américain Bob Helmick, vice-président du CIO finissait son mandat et il n'y en avait qu'un seul. «Il est venu me voir pour lui suggérer un nom pour la présidence, je lui ai avancé le nom… de Bob Herlmick avec la possibilité de changer les statuts. Il n'était pas favorable, de même qu'il ne voyait pas d'un bon œil le puissant candidat hollandais appuyé par l'Europe. Alors, il m'a conseillé de me jeter dans la bataille. Le hollandais, au cours de sa campagne est venu me voir pour me dire de le laisser passer et de me retirer avec la promesse de me remettre le flambeau lors du prochain mandat. ‘‘Tu sais, tu es africain du tiers-monde, sans appuis'', m'a-t-il annoncé. Je lui ai répondu : ‘‘mais dans 4 ans, je serai encore africain du tiers-monde et sans
appuis !'' Il avait compris». L'élection a eu lieu à Séoul en 1988, je l'ai battu par 130 voix contre …30.»
Une stature internationale
Depuis, Larfaoui a exercé 5 mandats, score unique dans les annales du sport mondial, couronnés de succès reconnus par le CIO et les hautes instances sportives internationales. Entre-temps, les statuts avaient été modifiés à la demande de l'assemblée générale. En 2009 Larfaoui se retire définitivement de la Fina étant président d'honneur à vie et membre du comité exécutif. Il avait été président du COA de 1998 à 2001.
A une période, la question irriguant l'esprit des observateurs, de ses proches et du public averti était la suivante : comment un homme de cette trempe n'a-t-il pas, du haut de son poste, accompagné de manière plus accentuée le sport national ? Certains lui reprochant même son effacement. La réponse fuse : «Il ne m'appartient pas à moi de dire ce que j'ai fait pour mon pays. Il appartient à ceux qui savent mon apport décisif de la dire. J'ai intégré des compatriotes dans les commissions internationales et au sein de la Fifa et la Caf au bénéfice du football algérien.» 50 ans après, le regard dans le rétroviseur n'est pas complaisant, loin s'en faut. «Avant, il n'y avait pas de moyens, mais les résultats étaient là.Actuellement, l'argent coule à flots mais les résultats se font désirer. Je pense sincèrement qu'il faut dégager une véritable stratégie du sport et décider enfin de ce qu'on veut en faire. Quant au professionnalisme tel qu'il est pratiqué, laissez-moi en douter. Il faut un véritable sport professionnel. Je sais que cela devient un grand business, que le milieu a été investi par des intrus et des affairistes. Je sais que l'argent, c'est le nerf de la guerre. Mais a contrario, l'argent est aussi vecteur de gangrène !»
Le sport, quoi qu'on en dise, est mis dans l'obligation de repenser sa gestion, de revoir son train de vie. L'affairisme, les dérives et la politisation ainsi que les envolées salariales en ont donné une bien piètre et triste image. Résultat, on s'accroche à une pathétique qualification au Mondial avec une majorité de joueurs importés. Pourquoi alors un championnat national de football «professionnel» complètement financé par le pauvre contribuable ? Pourquoi tant de pays nettement moins nantis animent-ils les compétitions internationales U17, U19, U21, alors que l'Algérie est dramatiquement absente ! Point de relève, alors qu'on continue hélas à user de démagogie pour cacher la réalité. Ce 50e anniversaire sera-t-il l'occasion pour faire sereinement et objectivement le point ? A voir… Déjà, des ombres au tableau : Sakina Boutamine, pionnière de sa discipline et militante assidue du sport depuis des décennies est exclue de cette grand-messe et d'autres athlètes non moins talentueux qui ont fait la gloire du sport algérien, oubliés eux aussi comme Aziz Derouaz ne méritaient-ils pas d'être associés à cette
commémoration ?


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