Genève peut-être, disait-on en début de semaine. Depuis peu, le doute ne fait que se renforcer car, finit-on par se demander au regard des positions affichées par les parties en conflit, c'est quoi une négociation ? La conférence dite de Genève 2, annoncée apparemment précipitamment, paraît alors condamnée dès lors qu'aucun accord ne semble en vue ou, plus grave, toute approche en ce sens paraît vouée à l'échec. Que l'on en juge. Des pays et l'opposition syrienne ont déjà condamné le régime de Bachar Al Assad, lequel réplique en décrétant «les conditions pas encore réunies» pour des négociations de paix. Ou encore comme pour s'en prendre, cette fois, à l'opposition et lui dénier le droit de parler au nom de tous les Syriens, Al Assad réitère sa volonté de se représenter en 2014. M. Al Assad a maintes fois répété qu'il n'entendait pas quitter son poste, comme le réclament l'opposition et plusieurs pays occidentaux. C'est justement ce qui vient d'être réaffirmé à Londres où s'est réuni, mardi, le groupe des Amis de la Syrie. Il n'y était nullement question du maintien au pouvoir de Bachar Al Assad, son départ constituant la condition pour que se tienne la conférence en question pour l'opposition. Par contre, le communiqué final rappelle que cette conférence doit être l'occasion «de former un gouvernement de transition doté de pleins pouvoirs exécutifs, y compris la sécurité, la défense et les structures de renseignement». C'est, relève-t-on, le principe même de la transition acceptée de part et d'autre au printemps dernier. Quant à dire maintenant qui la conduira et avec qui, les réponses ne sont pas aussi évidentes même si, dit-on à ce sujet, «quand le gouvernement de transition sera établi, Al Assad et ses proches (...) ayant du sang sur les mains n'auront aucun rôle à jouer en Syrie», et là visiblement cela s'adresse à l'opposition en vue de la convaincre afin de participer à Genève 2. Le président de la Coalition de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, a prévenu qu'il «n'y aura pas de négociations du tout si on n'a pas la garantie que Genève 2 servira à assurer l'instauration d'une période de transition et le départ d'Al Assad». Visiblement, la réunion de Londres n'a pas entériné, explicitement bien entendu, les revendications de l'opposition déjà divisée quant à sa participation, sa principale composante, le Conseil national syrien, s'y opposant fermement. Une espèce de cercle fermé d'où il est bien difficile de sortir, même s'il est certain qu'autant d'intransigeance ne peut qu'aggraver la situation des Syriens. Le secrétaire d'Etat américain en est convaincu et l'a fait savoir juste après la diffusion des propos de Bachar Al Assad : «S'il pense régler les problèmes en étant candidat à sa réélection, je peux lui dire ceci : je crois qu'il est certain que cette guerre ne finira pas tant qu'il est là où il est.» John Kerry a par ailleurs souligné que «sans solution négociée, le massacre va continuer voire s'intensifier» en Syrie. Est-ce alors la guerre à tout prix, Al Assad affirmant, outre sa candidature, qu'«aucune date n'a été fixée et les conditions ne sont pas encore réunies si nous voulons qu'elle réussisse» ? Ou encore : «Quelles sont les forces qui y prendront part ? Quel lien ont-elles avec le peuple syrien ? Ces forces représentent-elles le peuple syrien, ou représentent-elles les Etats qui les ont inventées?», s'est-il interrogé. Retour donc à la case départ, surtout si le pouvoir croit pouvoir profiter des faiblesses de l'opposition aussi évidentes que graves et qu'elle règle par le recours aux armes. Tout cela éloigne la perspective d'une solution négociée en laquelle, constate-t-on, les parties au conflit ne croient pas.