Le prélèvement d'organes sur donneurs décédés ou en mort cérébrale demeure non pratiqué en Algérie. Et si cette idée d'organes «morts» semble largement rejetée par la société, là n'est pas l'unique écueil à la généralisation de sa pratique. Car, selon le professeur Nabil Debzi, chef du service hépatologie du CHU Mustapha Pacha, l'Algérie est encore loin de posséder les installations et la qualité de soins afin de pratiquer ces actes. «La greffe d'organe à partir de donneurs en mort encéphalique nécessite un développement de la médecine en Algérie, en matière de moyens, d'effectifs et de qualité de soins», affirme-t-il. «Il est inconcevable de demander à la famille d'un défunt l'éventualité de prélever ses organes dans des conditions de soins qui ne sont pas encore tout à fait au point», poursuit le professeur. Ce dernier s'exprimait en marge d'une journée porte ouverte sur le don d'organes, organisée à l'Institut national de santé publique (INSP). D'autant plus que depuis quelques années, le corps médical et les associations tentent de mettre ce sujet sur le devant de la scène, afin de susciter le débat au sein de la population. Un prototype de «carte de donneur» avait même été distribué afin de sensibiliser les citoyens quant à cette pratique. Car sur un plan juridique et religieux, le don d'organes, même prélevés sur des personnes décédées, est autorisé en Algérie, en vertu de la loi 85-05 relative à la protection et à la promotion de la santé. La culture du prélèvement d'organes sur cadavre «n'est pas encore ancrée dans le conscient collectif en raison des incompréhensions qui entourent ce concept», a ainsi déploré le docteur Abderezak Zebboudj, vice-président de l'association don d'organes Biloba. «L'objectif de cette rencontre est justement de mettre en contact les médecins, les malades et la société civile pour un échange et un débat autour de la notion de don d'organes», a-t-il ajouté. Le vice-président de l'association Biloba a ainsi invité les citoyens à ouvrir le dialogue au sein de leurs familles sur le don d'organes, ajoutant que dans la plupart des cas, ce sont les familles des défunts qui s'opposent aux prélèvements d'organes. «Le rôle de l'association et des médecins est d'apporter aux citoyens les renseignements et les informations utiles sur ce sujet et de les encourager à faire don de leurs organes, en cas de décès, pour sauver des vies», a insisté le docteur Zebboudj. Car si la majorité des transplantations d'organes en Algérie se fait à partir de donneurs vivants apparentés et compatibles, cela ne suffit pas pour combler les besoins en la matière. Seules 34 greffes de foie ont été réalisées depuis 2003 en Algérie, et ce, à partir de donneurs vivants, rappelle le professeur Debzi. De même, plus de 16 000 personnes atteintes d'insuffisance rénale, en Algérie, sont dialysées régulièrement et nécessitent une greffe de rein, a indiqué le Dr Zebboudj. «Le nombre d'insuffisants rénaux recourant régulièrement à la dialyse est de l'ordre de 16 000 en Algérie. Ils nécessitent, pour la plupart, une transplantation rénale pour pouvoir mener une vie respectable», sans qu'ils puissent trouver un donneur.