Etonnement et surprise. Le leader du FLN voulait la tête de Ahmed Ouyahia pour préparer l'avènement d'un gouvernement neutre, qui serait chargé de préparer les prochaines élections législatives, prévues pour mai 2007, l'on se retrouve, depuis hier, avec un autre schéma politique, qui conduit naturellement à d'autres lectures. A l'évidence, la présence de Ahmed Ouyahia à la tête de l'Exécutif n'était plus souhaitée par le président de la République, lui-même. La personnalité politique, idéologique de l'ancien chef de gouvernement ne cadrait plus avec la démarche du président de la République. L'homme est soupçonné, à tort ou à raison, de se préparer en secret pour succéder à un président, dont on dit qu'il est malade, mais qui continue, même en dosant ses efforts, à peser d'un poids certain sur la vie politique. Abdelaziz Belkhadem a d'autres ambitions. Même s'il n'est pas crédité d'une réelle popularité ou d'un quelconque charisme, il est issu de la fraction conservatrice du FLN, celle qui a prôné, à la suite de la grave crise économique et sociale de 1986 et des émeutes d'Octobre 1988, une alliance entre le courant nationaliste et le mouvement islamiste, pour relancer le pays. Il est, en outre, soupçonné de faire le lit de l'islamisme politique en cherchant à capter l'intérêt des sympathisants de cette mouvance. Il ne s'en cache d'ailleurs pas. Il est bien placé, à présent, pour relancer le processus de réconciliation nationale. Il est la garantie politique qu'on offre à tous les anciens du FIS pour rallier la démarche présidentielle. Le nouveau chef du gouvernement est issu du sérail du FLN, et a donc baigné dans la culture populiste et démagogique de ce parti. Au moment où les Algériens attendent, avec d'ailleurs une certaine impatience, à ce que les milliards de dollars qui se déversent sur notre pays, trouvent une traduction concrète dans leur quotidien, la nomination de Abdelaziz Belkhadem, très peu versé dans les questions économiques, risque d'être vécue avec un certain désenchantement. A moins que le président de la République ne le prédestine à certaines tâches politiques, dont la révision constitutionnelle, qui va d'ailleurs connaître une accélération évidente, avec une probable convocation du corps électoral, pour les tout prochains mois. Il pourrait, dans ce cas de figure, concentrer les charges de l'action économique du gouvernement entre les mains de quelques ministres en place depuis quelques années. Le changement d'hier prendrait alors tout son sens.