Après les attaques contre les forces de police et de l'armée, le terrorisme s'en prend maintenant au tourisme, l'un des piliers de l'économie tunisienne. La situation en Tunisie ne fait que s'assombrir alors que la classe politique continue à peiner pour sortir de l'impasse. Sousse (Tunisie) De notre envoyé spécial Un attentat-suicide a été perpétré hier matin à 9h15 sur le littoral de Sousse, dans le carré réservé à l'hôtel Riadh Palms. Seul le terroriste a été déchiqueté par l'explosion car la plage était vide. Quelques parasols ont été déracinés par la force de l'explosion. Le terroriste avait tenté, le matin même, à plusieurs reprises, d'accéder à l'hôtel par la porte arrière, mais les gardiens l'en ont empêché. Des sources concordantes ont indiqué que le terroriste s'appelle Mohamed Jelili Ayadi Ben Romdhane. Il est né en 1992 et originaire de Zahrouni, un quartier populaire des faubourgs de Tunis. Presque au même moment à Monastir, les gardiens du mausolée de Habib Bourguiba ont été attirés par le comportement étrange d'un jeune qui rôdait. Selon le porte-parole du Syndicat de la sécurité présidentielle, Hichem Gharbi, les forces de l'ordre ont trouvé une substance fortement explosive (TNT) et des fils électriques dans le sac à dos du terroriste de Monastir. Ce dernier, Ayman Saâdi Ben Rachid, est né en 1995 et originaire de Zaghouan. Il est recherché par la police dans quatre affaires différentes en rapport avec le terrorisme. Message politique Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Laroui, a indiqué que «les deux terroristes sont de nationalité tunisienne et appartiennent à la mouvance djihadiste takfiriste. L'un d'eux vient de rentrer d'un pays voisin». Le ministère de l'Intérieur a, par ailleurs, publié deux communiqués invitant les médias à ne pas perturber les opérations des forces de l'ordre et à se limiter aux communiqués officiels. Selon le porte-parole de Nidaa Tounes, Lazhar Akermi, «ces deux attentats portent un message politique de la mouvance djihadiste à l'Etat tunisien, indiquant : nous sommes prêts à mourir pour notre cause». «Heureusement que le premier terroriste s'est pris dans le sable et s'est auto-explosé sur la plage sans faire de dégâts, alors que l'autre a été appréhendé avant même de faire son coup», dit-il, soulagé. «Il faut toutefois reconnaître que les attentats-suicide constituent une arme redoutable visant à semer la peur parmi la population et à déstabiliser l'Etat en s'attaquant au tourisme, l'un des piliers de l'économie nationale», explique cet ex-ministre du gouvernement de transition. Pour faire face à ce phénomène dangereux, Lazhar Akermi pense qu'il faut «poursuivre le cours normal de la vie, tout en redoublant de vigilance, comme font d'autres sociétés confrontées à ce phénomène». La plus grande des vigilances Les deux attentats ont soulevé l'indignation générale parmi la classe politique et les citoyens. «La Tunisie restera debout derrière ses forces de l'ordre jusqu'à l'extirpation de ce cancer», assure-t-on de toutes parts, notamment parmi la société civile. Du côté de l'ANC, la condamnation du phénomène est générale. Ainsi, le député d'Ennahdha, Jamel Bouajaja, a mis l'accent sur la nécessité d'«assurer davantage de protection aux forces de l'ordre, aussi bien pendant l'exercice de leur métier qu'à travers des législations leur assurant des dédommagements conséquents en cas de décès ou d'invalidité». De son côté, la députée d'Al Massar, Nadia Chaâbane, a appelé les partis politiques à «accélérer l'application de la feuille de route du quartette pour lancer un message tranquillisant au peuple tunisien et démoralisant pour les terroristes qui veulent déstabiliser l'Etat». Ces attentats n'ont pas empêché les forces de l'ordre de poursuivre leurs opérations de ratissage contre les terroristes à djebel Chaâmbi (gouvernorat de Kasserine) et du côté de Sidi Ali Ben Aoun (gouvernorat de Sidi Bouzid). Les opérations militaires ont continué à Sidi Ali Ben Aoun où quatre terroristes ont été arrêtés, a affirmé une source proche. Par ailleurs, selon la même source, l'armée a réussi une frappe qui aurait fait plusieurs victimes dans les rangs des terroristes, ce qui leur a permis de maîtriser pratiquement la situation dans cette zone. En outre, les experts de la question terroriste s'attendent à ce que les terroristes exécutent de nouveaux attentats à l'intérieur du pays, comme ceux opérés à Sousse et à Monastir, perpétrés, selon eux, dans le but de minimiser la pression sur les terroristes de djebel Chaâmbi et Sidi Ali Ben Aoun. Les terroristes de Sousse et Monastir font partie des cellules terroristes dormantes, selon les mêmes experts. En ce moment de crise, les politiques ont intérêt à accélérer leur marche dans le dialogue national car la situation en Tunisie va de mal en pis.