«Il y va de l'intérêt de l'Algérie d'œuvrer pour la transparence», ont estimé hier les membres d'une délégation du Parlement européen au cours d'une conférence de presse. L'Union européenne se «prépare», elle aussi, pour la présidentielle de 2014. Même s'il n'a pas encore été décidé de l'envoi ou non d'une mission d'observation pour ce scrutin, cette opération ne se faisant que sur «invitation» du gouvernement, il n'en demeure pas moins qu'«il y va de l'intérêt de l'Algérie d'œuvrer pour la transparence», estiment des membres du Parlement européen, au cours d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Cette délégation pour les relations avec les pays du Maghreb a pris part à la 13e rencontre interparlementaire, Parlement européen-Algérie. L'un des objectifs de cette visite de travail est ainsi le suivi et la vérification de la mise en place des recommandations formulées par l'Union européenne, à l'issue de sa mission d'observation des élections législatives du 10 mai 2012. «Une trentaine de recommandations avaient été exprimées par la délégation dans le rapport final qu'elle a remis aux autorités. Nous nous enquérons de leur application avant la prochaine échéance électorale de 2014», a ainsi souligné Pier Antonio Panzeri, président de cette délégation de l'UE. L'un des points focaux de ces recommandations reste l'accès au fichier électoral. «Ce volet est l'un de ceux sur lesquels nous insistons tout particulièrement. Une plus grande transparence en la matière est un point décisif de tout processus démocratique», estime M. Panzeri. Le fichier électoral doit être public et consultable par tous, or ce n'est pas le cas actuellement, ce qu'avaient dénoncé de nombreux observateurs et partis politiques lors du scrutin de mai 2012. «Nous avons soulevé ce point avec les autorités, qui ont opposé une objection à cette publicité, celle de la confidentialité et de la protection de la vie privée des citoyens», affirme le président de la délégation. «Ecueil facilement surmontable, dès lors que l'inscription sur une liste électorale et le vote sont des activités publiques», rétorque-t-il. Les membres de cette délégation ont eu, durant leur visite, à rencontrer, entre autres, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ou encore le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Seghir Babès. «Mais nos rencontres ne se sont pas bornées aux institutions officielles, puisque nous avons accordé une importance toute particulière à la société civile, dont des étudiants qui travaillent avec le British Council», affirment-ils. Trois thèmes récurrents ont principalement été abordés par leurs interlocuteurs. Réconciliation nationale et intégration maghrébine au menu «Il s'agit notamment de la loi sur la réconciliation nationale, sujet sur lequel nous ne pouvons et voulons pas intervenir dans l'optique de faire la lumière sur les responsabilités, mais afin d'insister pour que, par exemple, les corps des personnes disparues soient restitués à leurs familles», affirme M. Panzeri, qui ajoute qu'«une réconciliation nationale ne veut pas dire mettre fin à toutes les poursuites judiciaires. Il est impératif d'œuvrer au rétablissement des vérités historiques». De même, il a été question lors de ces rencontres de la situation des libertés syndicales, tout particulièrement à l'égard des syndicats autonomes, qui «se battent pour une meilleur visibilité», ou encore de la parité hommes-femmes. Les membres de la délégation parlementaire sont préoccupés par le sort des associations et leur financement et jugent qu'une révision de la loi les régissant est nécessaire, car il s'agit «de rendre possible, avec un contrôle évidemment, l'émergence d'un tissu associatif et non pas le limiter». L'autre «axe» de cette visite concerne les relations bilatérales, ainsi que la position de l'Algérie dans la région. «Nous avons sous-évalué le rôle de l'Algérie, alors qu'il peut être très important dans la région du Maghreb et du Sahel. L'Algérie est un partenaire extrêmement important dans la lutte antiterroriste, avec lequel il est impératif d'approfondir nos relations», réitère M. Panzeri, qui plaide pour «une intégration maghrébine, et ce, en dépassant les obstacles entre l'Algérie et le Maroc». Et pour ce faire, «les deux pays doivent réussir à mettre entre parenthèses le dossier du Sahara occidental, ne plus en faire un obstacle absolu à cette intégration maghrébine. Il faut qu'ils puissent se parler et aboutir à une normalisation de leurs relations, ce qui pourrait aider à trouver de nouvelles manières d'aborder cette question», conclut-il.