Finies les rumeurs. Ahmed Ouyahia a bien démissionné de son poste de chef du gouvernement. L'annonce a été faite hier par le biais d'un communiqué de la présidence de la République, répercuté par l'agence officielle APS. Sa démission a été acceptée dans la journée au bout d'une audience avec le président Bouteflika qui a tenu à lui rendre « hommage pour les efforts qu'il a fournis dans l'accomplissement de la mission qui lui a été confiée ». Le chef de l'Etat a désigné son représentant personnel et par ailleurs secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, un islamo-conservateur, comme successeur. Après avoir été « remercié », Ahmed Ouyahia a réitéré son « soutien total au président Bouteflika pour la politique qu'il a imprimée au sujet de la réconciliation nationale, du renforcement de la sécurité et de l'édification économique ». Le désormais ancien chef de gouvernement a indiqué, en outre, que le chef de l'Etat « bénéficiera » toujours de son « appui permanent ». Tout content et fier de prendre les commandes de l'Exécutif, qu'il a longtemps revendiquées, Abdelaziz Belkhadem a déclaré qu'il est « honoré » de la confiance placée en lui par le chef de l'Etat. Il dira encore que la nouvelle équipe gouvernementale sera connue « sous peu » et ce au terme des consultations qu'il devait entamer, hier après-midi, juste après sa nomination. La désignation de M.Belkhadem à la tête de l'Exécutif semble surprendre plus d'un, d'autant que tout le monde s'attendait à la nomination de Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, sinon celle de Chakib Khelil, dont les noms ont fait le tour des rédactions de la presse nationale. Selon des indiscrétions, M. Ouyahia a déposé sa démission depuis une semaine. D'ailleurs, il n'était pas dans la délégation accueillant, le 16 mai dernier, le président vénézuélien, Hugo Rafael Chavez, en visite d'une journée en Algérie. Comme aussi, il n'a pas reçu, ainsi que prévu, le Premier ministre turc Erdogan, venu en Algérie le 22 mai. La démission de Ouyahia a un lien direct avec les attaques frontales et répétitives de Abdelaziz Belkhadem et de Bouguerra Soltani, président du MSP, lesquels ont revendiqué clairement son départ de la tête de l'Exécutif et de le remplacer par un « technocrate ». Soit un chef du gouvernement sans aucune appartenance partisane. MM. Belkhadem et Soltani ont reproché à Ahmed Ouyahia son appartenance au RND, dont il est le secrétaire général. Appartenance qui risquerait, selon eux, d'influer sur les résultats des prochaines élections législatives, qui constituent un enjeu majeur pour le FLN et le MSP. Avec ce changement, Bouteflika leur a donc répondu favorablement. Mais aussi et surtout, il aura exaucé un vœu qui lui était cher, à savoir nommer son allié principal - qu'est Belkhadem - à la tête de l'Exécutif. Grâce à cette nomination, la révision de la Constitution, tant voulue par Bouteflika, ne serait qu'une simple question de temps. Le texte ayant déjà été préparé par le FLN.