Marginalisée durant de longues années, la cité El Guemmas, forte de plus de 25 000 habitants, vit, depuis quelques semaines, au rythme d'un énorme chantier à ciel ouvert. De la dimension d'une commune, El Guemmas, dont la naissance dans les années 1970 avait commencé avec des chalets pour connaître une énorme extension anarchique, n'a même pas un réseau d'assainissement et d'évacuation des eaux pluviales. La priorité attribuée au site a vu le lancement, le 10 mai, du projet d'installation de 2,7 km de conduites principales pour un montant de 33 millions de dinars. C'est dans le but d'accélérer les choses que les travaux ont été confiés à 7 entreprises. Le nouveau réseau, dont la réception est prévue en juin prochain, permettra ainsi la création d'un système de drainage des eaux pluviales se déversant sur les voies de circulation pour protéger les habitations de la cité. L'expérience de la cité de Békira, dans la commune de Hamma Bouziane, a été présentée lors de la récente visite du wali de Constantine au site où il profitera pour lancer une véritable mise en garde en direction des responsables du suivi en leur rappelant l'installation d'avaloirs avant d'entamer le goudronnage de la chaussée. La population, représentée par ses comités de quartiers, a saisi l'opportunité de la présence du wali pour rappeler ses conditions de vie qu'elle endure depuis plusieurs décennies. Le problème d'alimentation en eau potable demeure en tête de liste des points noirs. « On ne voit pas d'eau couler des robinets des semaines durant, et personne ne daigne entendre nos doléances », affirment des citoyens qui pointent du doigt les services de l'Algérienne des eaux. Le responsable de l'ADE, tout en reconnaissant l'existence d'une pénurie d'eau à El Guemmas, s'en défend. Il précise que ses services essaient de remédier aux énormes problèmes techniques rencontrés sur le site engendrés par une installation anarchique. « Le problème de l'eau sera réglé grâce à une étude technique pour équilibrer le réseau. Les travaux seront entamés après l'achèvement de la rénovation du réseau d'assainissement », réplique le responsable de l'ADE. Ainsi, les citoyens devront patienter encore quelques mois avant de constater une réelle amélioration. Le projet de restructuration du réseau d'AEP, dont l'étude est prise en charge par les Français de Sogreah et la réalisation, confiée à l'entreprise chinoise CGC, n'a été entamé que le 10 mai pour une durée de trois mois. Avec uniquement un taux d'avancement de 10%, beaucoup reste à faire pour restructurer le réseau d'El Guemmas, divisé en deux zones, haute et basse, et long de 4,5 km, où le diagnostic a fait révéler un réseau tertiaire en nette dégradation. A la cité El Guemmas, les choses semblent s'accélérer pour combler un énorme retard de développement. Après l'éclairage et l'assainissement, la cité devra bénéficier d'un projet de réaménagement de la voierie et l'amélioration du cadre de vie pour un montant de 40 millions de dollars. Les travaux seront pris en charge en partie par l'APC qui a choisi d'avancer par priorité en attendant un financement plus conséquent. Les soucis des habitants d'El Guemmas sont encore nombreux. Quartiers inaccessibles, routes d'un autre âge, insalubrité, décharges sauvages, marché anarchique et chalets délabrés sont autant de facteurs qui menacent la santé de leurs résidants. Pour ce cas, le wali promet d'engager une réflexion avec la contribution des habitants pour mettre un terme à un calvaire des plus insoutenables.