Le ministère de l'Education nationale va-t-il aller jusqu'à interdire carrément les cours particuliers ? Au fil des discussions et de l'examen de ce dossier, l'option d'interdiction se précise et le département de Abdelatif Baba Ahmed semble décidé à apporter un réponse radicale à ce phénomène qui a pris de l'ampleur ces dernières années pour se transformer en un véritable business très rentable. En discussions depuis plusieurs semaines suite à des doléances des associations de parents d'élèves, les cours particuliers dispensés hors de l'enceinte des établissements scolaires seront tout simplement interdits. C'est du moins ce qu'a affirmé Brahim Abassi, directeur de l'enseignement fondamental au ministère de l'Education nationale, selon lequel le phénomène a pris des proportions alarmantes en ce sens que cette activité, censée appuyer les cours dispensés dans les établissements scolaires, devient tellement dense et automatique qu'elle est qualifiée par les parents d'élèves d'«école parallèle». «Nous comptons mettre de l'ordre dans le secteur et lutter contre ce phénomène. Il y a une circulaire qui date du 30 octobre, adressée aux directeurs de l'éducation, dans laquelle il leur est demandé de mener une large campagne de sensibilisation auprès des enseignants et des parents d'élèves», a-t-il déclaré sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, précisant dans ce contexte que, dans un premier temps, l'action du ministère est orientée vers «la moralisation de l'acte d'enseigner». Cumul de fonctions interdit La question de l'interdiction pure et simple de ces cours bien particuliers pourra en effet, a ajouté M. Abassi, intervenir dans un «second temps». Car pour lui, les cours particuliers sont tout d'abord «une activité lucrative illégale», laquelle «n'aide pas à l'amélioration du rendement scolaire des élèves». Cette activité, a-t-il noté, est interdite dans les statuts de la Fonction publique qui ne permettent pas le cumul des fonctions. L'invité de la Chaîne III fait état d'une série «de retombées et d'incidences négatives» de ces cours particuliers sur à la fois les enseignants, les élèves et les bourses des ménages. Pour étayer ses propos, ce responsable au ministère de l'Education évoque une étude qui a été faite par la direction de l'évaluation et de la prospective en 2009, selon laquelle il n'y a pas de corrélation étroite entre la dispense des cours particuliers et l'amélioration des performances scolaires qui se traduisent par le succès des élèves aux examens de passage. Mais, d'après lui, pour légiférer sur la question, le ministère doit travailler avec d'autres secteurs en ce sens que les cours de soutien sont une activité lucrative qui rapporte d'ailleurs beaucoup aux entités qui l'exercent. Dimanche dernier, M. Baba Ahmed s'est concerté par visioconférence avec les responsables de l'éducation de 24 wilayas. Celles qui restent ont été réunies, dans les mêmes conditions, hier. Les avis convergent, selon toute vraisemblance, vers le recours à l'interdiction de la dispense de ces cours en dehors des enceintes scolaires. Et même au sein des établissements scolaires, ces cours seront codifiés et encadrés par des textes de loi pour éviter tout abus ou excès en la matière et revaloriser par là même l'enseignement scolaire normal. En octobre dernier, le ministre de l'Education nationale avait affirmé que le dossier des cours particuliers était à l'étude et ferait l'objet de larges concertations avant l'élaboration des textes organiques pour lutter contre ce phénomène.