L'interdiction des cours particuliers telle que décidée par le ministre de l'Education nationale, annoncée dimanche dernier, ne peut pas «connaître de succès», selon les syndicalistes. Au contraire, au lieu de se concentrer vainement sur l'interdiction de ces cours devenus un phénomène national, les syndicalistes proposent de régulariser l'activité. Selon Larbi Nouar du Cnapest, «le ministre doit plutôt régulariser et organiser toute cette activité». Il n'est en effet «pas interdit par la loi de cumuler les fonctions, mais les choses doivent se faire dans de bonnes conditions. Car, il nous arrive de voir 150 élèves par groupe dans des salles obscures ou des garages sans climatisation, sans fenêtre ni sanitaire !», explique-t-il. Qu'en pensent les parents d'élèves ? Meziane Meriane du Snapest les interpelle pour qu'ils se montrent plus responsables : «Les parents ne doivent pas céder aux pressions des enseignants. Par exemple en classe terminale, il n'y a pas de rachat, donc la note de l'enseignant pendant l'année ne sert plus à rien.» La même critique est lancée aux parents par le Cnapest : «Les parents sont démissionnaires. Il faut qu'ils s'imposent dans l'organisation de cette activité.» Que proposent les syndicalistes ? Un cadre juridique pour l'activité : par exemple, les enseignants ne devraient pas prendre leurs élèves en cours particuliers, une pratique «antipédagogique», selon Larbi Nouar. La circulaire ministérielle en question qui interdira les cours particuliers vise aussi à sensibiliser les enseignants sur les conséquences néfastes engendrées par le fait d'obliger leurs élèves à prendre des cours de soutien chez eux contre une somme d'argent. «Je ne vois pas comment cela peut être néfaste, témoigne un enseignant à Alger-Centre. J'exerce en dehors de mes horaires de travail. » Selon le ministre, la dispense de cours de soutien sur la base de la demande des élèves et de est «une chose positive», mais quand ils «sont imposés, ils engendrent un impact négatif sur l'élève». «Le ministre a raison, considère de son côté Faïrouz, une mère. J'espère qu'il réussira à stopper ce phénomène. Je paye 1200 DA pour une séance de maths qui dure au maximum deux heures avec seulement deux élèves et 4000 DA par mois pour l'anglais qui est enseigné en groupe de 22 élèves ! Sans cela, je constate que mon fils a de mauvais résultats et cela est fait exprès. Si un élève ose refuser la proposition de son prof, il est aussitôt sacqué dans les résultats, une manière à lui faire comprendre qu'il doit suivre des cours.» Abdellatif Baba Ahmed a indiqué que des efforts seront déployés pour encourager les enseignants bénévoles à animer des cours de soutien gratuits au-delà de 17h dans les établissements scolaires publics. «Tous le font pour de l'argent. La réussite de cette nouvelle démarche dépendra de l'intention du ministère d'améliorer les conditions sociales des enseignants», explique Idir Achour du CLA.