L'interdiction des cours particuliers semble être érigée en priorité pour le ministre de l'Education nationale dont le secteur souffre d'autres lacunes et problèmes. En effet, en l'espace de quelques jours, le ministre a adressé deux instructions aux directeurs de l'Education au niveau des wilayas, a tenu une rencontre avec les syndicats et a initié une visioconférence avec «les partenaires» de l'Education nationale de vingt-cinq wilayas. Ces concertations ont débouché sur la position adoptée hier par la tutelle, annoncée par M. Brahim Abbassi, directeur de l'Enseignement fondamental au niveau du ministère de l'Education nationale, lors de son passage dans une émission à la chaîne 3. En effet, la tutelle semble vouloir accorder un répit aux enseignants donnant des cours de soutien avant de passer à la trappe. Par ailleurs, la tutelle cherche à associer le maximum de «partenaires» dans cette chasse «aux cours au noir». Ainsi, elle cherche l'adhésion des parents d'élèves, en comptant initier une vaste campagne de sensibilisation visant à diaboliser, du moins dévaloriser, ces cours dispensés en dehors de l'enceinte des établissements scolaires. Dans ce cadre, le responsable de l'Education cite une étude réalisée en 2009 par la direction Evaluation et Prospective du ministère de tutelle, consacrée aux incidences des cours de soutien sur les résultats des élèves. Selon ses propos, l'étude a montré clairement que ces cours ne génèrent aucun effet bénéfique sur ceux qui les reçoivent. Après la sensibilisation, le ministère de l'Education passera «au bâton». Pour ce, la tutelle compte sur l'intervention de deux institutions au moins : «le fisc» et ce qu'il suppose comme mobilisation de la force publique et de la justice puisque ces cours sont désormais définis comme «activité lucrative non déclarée». Ensuite, le recours à l'administration publique puisque ces cours sont considérés comme une transgression «d'une disposition de la Fonction publique interdisant le cumul des fonctions». Soulignons que lors de la vidéoconférence tenue avant-hier, les participants, dont des enseignants, des inspecteurs, des chefs d'établissements et des parents d'élèves ont avancé d'autres propositions. Parmi elles citons celle des enseignants réclamant la revalorisation des heures supplémentaires dispensées par les enseignants dans un cadre légal. Par ailleurs, les parents d'élèves ont demandé l'interdiction des pressions exercées par certains enseignants sur des élèves les obligeant à suivre des cours de soutien. Une autre proposition avancée lors de ce débat, où les participants se sont plaints du temps trop court qui leur a été imparti, consiste à résoudre la question des surcharges des classes où souvent s'entassent 50 élèves, de telle manière que l'enseignant puisse donner son cours dans des conditions normales. Enfin, les participants réclament une sorte d'états généraux sur la question avec la participation la plus large possible de tous les intervenants dans «l'opération éducative». De son côté, Meziane Meriane, porte-parole du Snapest, a déclaré tout récemment à la presse que «les mesures coercitives» ne suffisent pas pour venir à bout de cette pratique. Pour ce syndicaliste, il faut s'interroger «pourquoi l'école publique ne répond plus aux aspirations et attente de la société». La solution, selon ses déclarations, réside «dans une école publique performante». Sur un autre point, l'invité de la chaîne 3 a souligné concernant l'examen du bac que les modalités de rachat sont indispensables pour une certaine frange de candidats ayant obtenu une moyenne comprise entre 9 et 10 ou 9,5 et 10. Des réflexions sont engagées en ce sens. Et trois options sont à l'étude pour permettre de racheter des candidats. La première consisterait à prendre en considération la moyenne obtenue lors du contrôle continu durant l'année scolaire qui représenterait un taux de 25% de la moyenne prise en considération, les 75% restants représentant la moyenne obtenue lors des épreuves du bac. La deuxième option serait d'organiser des examens anticipés en deuxième année secondaire, l'examen du bac avec l'ensemble des épreuves étant considéré comme lourd. Enfin, la dernière option réside dans une session de rattrapage. L'invité de la chaîne 3, tout en évoquant ce qui est en cours dans d'autres pays, notamment un oral de rattrapage, a souligné que rien n'est arrêté pour le moment. Une chose est sûre, le bac 2014 n'est pas concerné par les éventuels changements qui seraient apportés aux modalités de rattrapage. Ce n'est qu'à partir de la session 2015 que ces changements, s'ils sont retenus, seront effectifs. Le représentant du ministère a insisté que rien ne serait entrepris sans associer les spécialistes et les acteurs concernés du secteur. Signalons que la FNAPE (Fédération nationale des associations des parents d'élèves) qui vient de rencontrer le ministre de l'Education nationale, le 26 du mois dernier, a émis la proposition d'organiser une seconde session pour cet examen. Selon certains membres de cette fédération, «le ministre ne serait pas réfractaire à l'idée d'une seconde session du bac» qui mérite «examen approfondi». Pour le moment, les modalités de rattrapage du temps perdu à cause de la grève du Snapest constitue une de ses «hantises», nous dit-on.