La commune, qui souffre toujours de l'enclavement, a été ruinée par les années du terrorisme. Loin du confort et des privilèges, dont bénéficient certains P/APC des grandes agglomérations, à Selma Ben Ziada, le combat est plutôt pénible pour le maire de cette commune enclavée. Dans sa quête de gérer ce bourg rural où se concentrent les 1200 habitants, après l'exode massif de la population durant les années 1990, Mourad Benchaabane, un quadragénaire est souvent confronté à une situation complexe. Dans une discussion à bâton rompu dans la salle d'attente de la direction de travaux publics ou nous l'avons croisé lorsqu'il s'est présenté pour solliciter une audience avec le tout nouveau DTP, il nous a livré quelques facettes de son combat. «A Selma Ben Ziada, la situation est pénible à tout point de vue lorsque nous nous retrouvons avec un parc qui ne dispose que d'un seul véhicule qui sert pour tous les déplacements du staff communal; à tour de rôle, on se dispute son utilisation», déplore-t-il. Ce véhicule est utilisé par le maire et par les agents pour toutes les missions à travers et hors de la commune. «Il nous est arrivé de rater des réunions à la daïra d'El Aouana, faute d'un moyen de transport», avoue-t-il. Pour rejoindre le siège de cette daïra à laquelle est rattachée administrativement Selma Ben Ziada, le périple est long. «Il faut faire tout un détour; nous sommes d'ailleurs la seule commune qui se trouve éloignée du chef-lieu de sa daïra de 60 km, pourquoi donc on ne nous délivre pas de cet éloignement et nous faire rattacher à la daïra de Texenna, distante seulement de 22 km ?», s'interroge-t-il. Là bas, à Selma, les gens vivent une situation précaire. Sans moyens, ils ne se déplacent que pour des nécessités urgentes. «Il n'y a même pas une boulangerie», lâche, avec dépit, notre interlocuteur. Ruinée par tant d'années d'isolement, après l'épisode sanguinaire du terrorisme, la population est aux abois. «Ceux qui s'éloignent le plus de chez eux atteignent Texenna ; et c'est là qu'ils passent leur journée pour fuir le dur quotidien de leur vie», confesse le P/APC. Le comble est que les habitants sont contraints de faire un long déplacement pour avoir des documents administratifs, mais aussi pour les soins, ou même l'emploi. «Imaginez que celui qui recherche un poste d'emploi doit se déplacer jusqu'à Ziama Mansouriah, où se trouve l'ANEM dépend notre commune, soit à presque 200 km en aller-retour, juste pour s'inscrire sur le registre des chômeurs», s'offusque le maire. Plus compliquée encore est l'évacuation d'un malade vers un centre de soin en l'absence d'une ambulance. «Pour faire face à cette situation qui nous pose problème à chaque fois que nous avons une personne à évacuer vers un hôpital, nous avons sollicité l'achat d'une ambulance, mais peine perdue pour nous, puisque la somme des 2 500 000 DA qui nous a été octroyée n'a pas suffi», se désole-t-il encore. En fait, l'ambulance la moins chère coûte 2 700 000 DA.