Une indécrottable idée reçue voudrait que les éditeurs en langue arabe ne proposent que des livres religieux au Salon du livre. Commençons par reconnaître que cet a priori n'est pas totalement infondé. En effet, l'offre en la matière est très importante. Beaucoup de visiteurs ressortent, comme chaque année, des sacs remplis d'ouvrages d'exégèse islamique cédés à des prix très attractifs. Mais à y regarder de plus près, on se rend compte d'une plus grande diversité des ouvrages proposés en langue arabe. D'abord, le livre religieux ne se limite pas aux classiques. On trouve par exemple la vie des prophètes adaptée pour la littérature jeunesse ou encore revisitée par la célébrité du petit écran, Amrou Khaled. Les manuels de développement personnel et autres coaching sont aussi présents en force et répondent à une demande certaine. L'Egyptien Ibrahim Al Faqi, décédé en février 2012, reste le number one en la matière. Certains stands sont presque exclusivement réservés à ses ouvrages aux titres évocateurs : Les dix clés de la réussite, Maîtrise ta vie ou encore La voie du succès. Dans le même genre, mais avec une coloration plus «islamique», Ne sois pas triste, du saoudien Aidh Al-Qarni est proposé à 500 DA et rencontre un engouement jamais démenti depuis sa parution en 2002. Les rayons sciences humaines et philosophie sont également bien achalandés, particulièrement chez les éditeurs du Liban et d'Egypte. Dar el Maareefa (Egypte) propose par exemple des réflexions sur L'existence et la foi dans la philosophie de Pascal ou sur L'image de l'autre dans la poésie arabe. Les essais de, ou sur, les grands philosophes sont également légion. Chez les Libanais de Dar el Farabi, on trouve une série d'essais sur Socrate, Kant ou Nietzsche. L'auteur d'Ecce homo est d'ailleurs la star incontestée des rayons philosophie en arabe. Un succès qui mérite réflexion… Nul sujet honteux en sciences humaines. Tel pourrait être le slogan des éditions Majd (Liban) qui proposent des traductions de Que sais-je ? sur la sexualité féminine, l'humour juif ou encore le marxisme. Il faut signaler, en outre, la forte présence des biographies de personnalités politiques de tous bords : Che Guevara et Nasser côtoient Hitler et Dick Cheney… La littérature n'est pas en reste et la bousculade à la vente-dédicace d'Ahlem Mosteghenemi, qui fête les 20 ans de son premier roman, Mémoire de la chair, en témoigne. Nozhat al khatir, dernier roman d'Amine Zaoui, a suscité également l'intérêt des lecteurs, entre enthousiasme et controverses. Parfait bilingue, Zaoui contribue à briser les barrières entre arabophones et francophones. Il a d'ailleurs annoncé la parution, en 2014, d'un roman en français. Il en va de même pour notre confrère d'El Khabar, Hamid Abdelkader, qui signe simultanément trois ouvrages : un recueil de critiques et un roman, en arabe, et une biographie de Houari Boumediene en français. Plus généralement, la littérature arabophone témoigne d'une certaine vivacité apportée par une jeune génération d'écrivains de qualité, à l'image du Koweitien Saoud al-Sanoussi, 32 ans, qui a présenté son roman Tronc de bambou (Booker prize arabe 2013).