Le pionnier de la bande dessinée, Mohamed Bouslah, vient de publier aux éditions Sédia sa nouvelle bande dessinée intitulée Nouvelle terre interdite, tirée de l'œuvre originale Au café de Mohammed Dib. Les éditions Sédia signent ici leur baptême du feu dans la publication d'ouvrages consacrés au 9e art. Après avoir adapté en BD Le Dingue au bistouri de Yasmina Khadra en 2008, Mohamed Bouslah récidive en adaptant une nouvelle d'une autre figure de proue de la littérature algérienne, Mohammed Dib. Lors d'une vente-dédicace, organisée mardi dans le cadre de la tenue de la 18e édition du SILA, Mohamed Bouslah explique que c'est la bande dessinée qui lui a permis de tenir le coup pendant plus de 40 ans de fonctionnariat. «Je voulais commencer par travailler sur l'œuvre magistrale de la Grande maison, mais je me suis rappelé que Mohammed Dib était l'auteur de plusieurs nouvelles. Terre interdite est une nouvelle intéressante qui parle de la période des années 1950 dans un petit village algérien.» Mohamed Bouslah livre une bande dessinée de qualité bien ficelée sur le plan du message iconique, du message textuel et de la mise en page. Ce beau livre, aux couleurs chatoyantes, se décline sous la forme d'un format italien. En effet, donnant un bel effet, le livre se lit en largeur. 54 planches sont à découvrir avec un réel intérêt. Dans cette nouvelle, Mohammed Dib fait «le constat de la considération de ces paysans pauvres algériens qui souffrent de la misère, de la faim et de la représsion. Il donne raison à ces damnés de la terre qui ont entamé la lutte en faisant l'apprentissage des élections». Mohamed Bouslah révèle fièrement qu'il a respecté le concept de la nouvelle. C'est un travail artisanal qui a nécessité huit mois de travail. Aucune place aux dernières technologies ou autres. Mohamed Bouslah est resté authentique, travaillant avec ses outils de prédilection : sa plume, ses crayons, ses couleurs et sa gomme. La bande dessinée reste pour lui une œuvre d'art. Mohamed Bouslah est convaincu qu'un enfant se doit d'apprendre à lire à travers la bande dessinée. «Il faut que la BD entre dans les arcanes de l'école. Le ministère de la Culture doit booster ce genre d'initiative», argue-t-il. Il est à noter que Mohamed Bouslah est à la fois artiste-peintre, dessinateur de presse, créateur de bande dessinée et fonctionnaire retraité. Dès 1963, il collabore dans plusieurs journaux publics et privés à Alger en qualité de dessinateur de presse sous différents pseudonymes entre autres Le Soir d'Algérie, Algérie Actualité, El Moudjahid, Révolution africaine et El Menchar. En 1969, il participe à la création de la première revue de bande dessinée algérienne M'Quidèche. En 1978, il participe à la création de la revue Tark, contes pour enfants. En 1982, la SNED publie ses albums : Quand résonnent les tamtams, La Ballade du proscrit, Pour que vive l'Algérie. En 2008, les éditions Lazhari Labter publient Le Dingue au bistouri, adaptation en bande dessinée du roman de Yasmina Khadra. Il a décroché, lors de la première édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger, la Bulle de bronze. Nouvelle terre interdite sera prochainement disponible en langue arabe.