Parce que l'édition africaine rencontre des problèmes communs, certains éditeurs africains ambitionnent de mettre en place une édition panafricaine, et ce, dans moins de deux ans. Le stand Panaf, qui a été reconduit pour la quatrième année consécutive, a proposé, vendredi en fin d'après-midi, deux conférences avec des thématiques intéressantes portant sur «L'Afrique par le livre, éditer ensemble» et «Pour une édition panafricaine, pour une union des écrivains africains». Une palette d'éditeurs africains s'est succédé pour parler de ses expériences respectives dans l'univers de l'édition. Etrennant la rencontre, l'éditrice togolaise, de la maison d'édition Yasmin Issaka Caubageat, est revenue sur la mise en place, avec l'appui de l'Alliance internationale des éditeurs indépendants, de l'association Afrilivres. Il s'agit d'une association d'éditeurs africains francophones — créée en 2002 — qui tente de rendre visibles et disponibles leurs publications sur les marchés du Nord, instituant ainsi une relation plus égalitaire. 34 éditeurs, originaires de 17 pays, sont affiliés à cette association, située au Niger. «Nous nous sommes rendu compte, explique-t-elle, qu'il fallait rassembler les expériences. Nous avons enregistré plusieurs failles dans nos maisons d'édition respectives. Nous nous sommes dit que c'était en unifiant nos efforts que nous pourrions y remédier. Dans un premier temps, nous nous sommes occupés de la refonte de notre site. Plus tard, nous pourrons passer à la vente via le Net.» La conférencière avoue que le problème majeur réside dans la diffusion du livre. Des tractations sont actuellement en cours pour tenter de trouver des diffuseurs dans certains pays francophones, notamment en Belgique et en France. Un réseau postal africain doit être mis en place au plus vite. C'est du moins ce qu'a préconisé l'éditrice. La co-édition est également le volet coûteux. Faire circuler les livres entre éditeurs reviendrait nettement moins cher. Quant à sa maison d'édition, Graines de Pensées, qui existe depuis huit ans, Yasmin Issaka a indiqué que le but essentiel est d'inscrire les différentes langues nationales dans le processus éducatif, et ce, à travers la publication de livres de jeunesse. La poésie occupe également une place de choix dans cette maison d'édition togolaise. Prenant la parole, le Camerounais François Nkémé a présenté Ifrikiya. Cette dernière est le fruit d'une fusion, en 2007, entre trois maisons d'édition camerounaises, en l'occurrence Interlignes, éditions de la Ronde et éditions Proximité. Les fondateurs ont tenu à sceller ce partenariat en raison des preuves palpables déjà enregistrées dans le domaine des co-éditions. Leur catalogue comporte environ une vingtaine de titres par an. Ce professionnel du livre avoue qu'un déficit a été constaté en matière de livres de jeunesse et de bande dessinée. Cependant, l'une des plus grandes fiertés est celle liée à l'attribution d'un prix récent à l'un des auteurs de Ifrikya. Cet auteur bénéficiera de la traduction de son roman au Liban et en Tunisie. De son côté, le cofondateur malien des éditions Tombouctou, le Malien Ibrahima Aya, a donné un aperçu sur son expérience personnelle. Après avoir publié des nouvelles dans un quotidien national, cet universitaire a publié plusieurs recueils. Le prolongement de ce travail a abouti à la création de la maison d'édition Tombouctou. Le conférencier a indiqué qu'il a choisi d'imprimer certains de ses titres en Algérie, notamment chez Apic éditions. «J'ai choisi d'imprimer des livres destinés à la vente au Mali et en Algérie. Il s'agit d'une première collaboration entre éditeurs algériens et maliens dans la co-édition et la diffusion d'ouvrages de littérature et d'essais. Cela revient moins cher. Cette démarche entreprise par Apic est avantageuse. Elle nous permet d'avancer et de proposer de la lecture de qualité en Afrique», a-t-il affirmé. D'autres intervenants ont insisté sur la mise en place d'un système de collaboration entre le sud et le nord de l'Afrique. A l'issue du débat, l'ensemble des éditeurs africains a préconisé, dans le prolongement de l'esprit Panaf, l'instauration d'un prix littéraire panafricain. Un prix qui suscitera, à coup sûr, la mobilisation des acteurs du livre. De même que dans le souci de promouvoir la circulation du livre, un salon africain du livre a été également proposé. Des propositions intéressantes qui pourront aboutir, à condition que les énergies se rassemblent autour d'un même projet.